Les personnes se tournent davantage vers Dieu en deux circonstances : quand elles vivent un changement important dans leur vie (un mariage, une naissance, un nouveau travail, l’arrivée dans un lieu, entrée dans la retraite, etc.) ; quand elles sont soumises à une souffrance ou une grave inquiétude (divorce, chômage, addiction, maladie grave, premier enfant, enfant à problème, tension conjugale d’importance, etc.). Qui n’a fait l’expérience qu’elle était plus poreuse au spirituel, plus attentive aux signes, plus assidue à la prière et à l’église, lorsqu’elle se trouvait dans ces deux types de situation déstabilisante ? Ou que telle personne l’appelait, elle qui est le ou la « catho de service », pour un conseil spirituel ?
Jésus qui « sait tout » (cf. Jn 21,17) et qui connaît en particulier ce qu’il y a dans le cœur de l’homme (cf. Jn 2,24), n’est ni étonné ni offusqué. Il en a si souvent fait l’expérience dans sa vie terrestre : les personnes se tournaient vers lui parce qu’elles étaient dans le besoin. Et lui-même éprouvait de la compassion pour ces « brebis sans berger » (Mc 6,34). Le Père non plus ne s’en formalise pas, lui qui a accueilli avec quelle joie et sans condition (cf. Lc 15,22-24) la demie-conversion de ce fils plus attiré par le pain quotidien que par son donateur (cf. Mt 6,11). Quand à l’Esprit-Saint, qui sonde le cœur de Dieu et celui, infiniment moins profond, des hommes, nous ne sommes pas prêts de l’étonner… sauf si nous nous tournons vers lui gratuitement pour lui exprimer notre gratitude. Là, il sera même émerveillé !
Car tel est le véritable but de ces moments particuliers où, en pleine crise, nous nous tournons vers Dieu et où, avec amour, celui-ci répond à notre soudain intérêt pour lui : nous aider à prendre de bonnes habitudes. Nous préparer à une relation plus gratuite et plus constante : passer d’une attitude utilitariste à une attitude vraiment désintéressée. Changer notre cœur intermittent de mercenaire dans le cœur persévérant du fils.
Le grand enjeu de notre vie est la fidélité. Passer des coups de cœur au cœur sans à coup. Commencer est facile, surtout si nous sommes en transition ou en tension ; tenir est plus ardu ; persévérer sans l’aiguillon de l’utilité est vraiment grand. Commencer par besoin procure du plaisir, être fidèle et devenir désintéressé de la joie, persévérer jusqu’au bout, du bonheur.
Pascal Ide