Sortir du TM en général

Complément au chapitre 8 de l’ouvrage Le Triangle maléfique. Sortir de nos relations toxiques, Paris, Emmanuel, 2018.

Les quatre étapes de la croissance vertueuse

Changer, c’est museler le vice et muscler la vertu. Or, tout changement intérieur passe par quatre étapes [1] articulées avec précision [2] :

  1. Nous ne savons pas que nous ne savons pas. Au point de départ, nous ignorons combien nous râlons et nous plaignons : les mauvais plis sont trop profonds, habituels et anciens ; les bénéfices secondaires sont trop importants. Et si nous en avons vaguement conscience, nous n’en savons pas la haute fréquence.
  2. Nous savons que nous ne savons pas. Désormais conscients (« nous savons » au sens de « nous connaissons »), soudain nous craignons de ne pas arriver à tenir 21 jours consécutifs ou toute autre longue durée (« nous ne savons pas » au sens de « nous ne pouvons pas »). C’est ici que les vertus et les moyens pratiques viennent à notre secours.
  3. Nous savons (ce) que nous savons. Pratiquant maintenant depuis plusieurs jours l’exercice symbolisé par le bracelet, non seulement nous découvrons que nous pouvons cesser de jouer au Victimaire, au Sauveteur et au Bourreau, mais que nous-mêmes nous en portons mieux, et notre entourage aussi.
  4. Nous ne savons pas que nous savons. Après 21 jours d’affilée, c’est-à-dire après des mois d’entraînement, nous avons pris de réelles bonnes habitudes. Or, « l’habitude, c’est un retour de la liberté à la nature », dit le philosophe Ravaisson [3], c’est-à-dire une inclination inconsciente, ce que nous avons appelé un « bon pli ». Désormais, nous résistons spontanément, sans effort et même joyeusement, à nous laisser entraîner dans le TM, à récriminer ou à dire « oui » à toute demande d’aide. Et si parfois nous rechutons, nous nous resaisissons plus vite.

Pascal Ide

[1] Cette quadruple règle n’est pas une invention de nos auteurs, mais est développée par Gordon Training International, Four stages for learning any new skill. Cf. site, consulté le 2 août 2018 : http://www.gordontraining.com/free-workplace-articles/learning-a-new-skill-is-easier-said-than-done/

[2] Les deux premières sont diagnostiques, autrement dit (con)cernent le problème : la première, quant à la conscience ou l’intelligence, la deuxième, quant au pouvoir ou à la volonté. Les deux dernières sont thérapeutiques, autrement dit (con)cernent la solution : la troisième, quant à l’acte, la quatrième, quant à l’habitude (la vertu).

[3] Félix Ravaisson, De l’habitude, Paris, H. Fournier, 1838, rééd., coll. « Quadrige » n° 283, Paris, p.u.f., 1999, p. 158. Paul Ricœur cite (et, pour une part, suit) le philosophe français dans sa Phénoménologie de la volonté. 1. Le volontaire et l’involontaire, coll. « Philosophie de l’esprit », Paris, Aubier, 1950, p. 269 ; Id., Soi-même comme un autre, coll. « L’ordre philosophique », Paris, Seuil, 1990, p. 146.

20.11.2018
 

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