VON SPEYR A., Trois femmes et le Seigneur, trad. I. Crahay, coll. Œuvres complètes, Freiburg-im-Breisgau, Johannes Verlag Einsiedeln, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 4, p. 686.
Ce petit livre constitue l’un des 26 ouvrages que la mystique suisse a consacrés à l’Ecriture Sainte. Il regroupe trois saintes femmes, Madeleine, la pécheresse et Marie de Béthanie. La méthode employée est la même, à savoir le commentaire verset par verset des épisodes évangéliques qui les mettent en scène : pour Madeleine, la conversion (Lc 8,2-3), la présence sous la croix (Mc 15,40-41 et Jn 19,25), lors de l’ensevelissement (Mc 15,47-16,1) et à la résurrection (Jn 20,2.11-18) ; pour la pécheresse pardonnée, la rencontre chez le pharisien (Lc 7,36-50) ; pour Marie de Béthanie, la rencontre de Béthanie (Lc 10,58-42) et le repas dans le même lieu Un12,1-8).
Selon une perspective chère à Adrienne, les trois figures sont associées chacune à une vertu théologale : la première à la foi, la deuxième à l’espérance et la troisième à l’amour. Cela donne un commentaire original, dense, qui est d’autant plus profitable que le lecteur est familiarisé avec la théologie de la Suissesse.
Ce que nous perdons en précision exégétique, en connaissance linguistique, contextuelle, etc., nous le gagnons en hauteur de vue parfois vertigineuse : comme chez Balthasar, sa dirigée contemple tout le mystère de la vie du Christ à partir de sa filiation éternelle, des relations unissant les Personnes divines, de la vie théologale et de la forme même de l’amour qui est obéissance kénotique. Il est impossible de résumer le détail de ces exégèses, souvent pertinentes, parfois fulgurantes, qui sont à méditer autant et plus qu’à analyser.
Pascal Ide