Romans sur les personnalités narcissiques

Cette brève étude est la deuxième annexe (non publiée) de l’ouvrage paru le 25 octobre 2016 : Manipulateurs. Les personnalités narcissiques : décrire, comprendre, agir, Paris, L’Emmanuel, 2016. Nous y renvoyons pour le détail du profil psychologique de la personnalité narcissique (désormais abrégé PN), de ses mécanismes et des conduites à tenir vis-à-vis d’elle.

Après une présentation générale (1), je détaillerai deux exemples pris au monde de la fiction par excellence, le roman fantastique (mon genre littéraire préféré !) : le premier, extrait de Harry Potter, décrira une PN (2), le second, tiré des Chroniques de Narnia, montrera une juste attitude à son égard (3).

1) Présentation générale

Le roman n’a jamais été pas en reste dans la mobilisation de PN. Songeons par exemple à Heathcliff, le protagoniste tourmenté, mais d’abord tourmenteur, du roman d’Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent. Il présente bien des traits d’une PN, voire sadique, comme l’histoire troublée (il s’agit d’un enfant sans-abri de Liverpool recueillie par les Earnshaw et qui doit en plus endurer la maltraitance de son frère adoptif Hindley) ou l’ambivalence (parfois, il semble capable d’aimer). Quoi qu’il en soit des hypothèses sur l’origine de ce héros tragique et sur le caractère sauvage de la jeune romancière, celle-ci, qui a passé sa brève vie (1818-1848) presque intégralement dans le milieu protégé d’un presbytère du Yorkshire, ne paraît avoir été capable de l’inventer qu’en ayant observé son profil dans son entourage [1].

Mais la première description romanesque véritablement précise, presque clinique, d’une personnalité narcissique jusqu’à la perversion, se trouve dans un roman sombre, bref et justement fameux, de l’auteur britannique Graham Greene, Le troisième homme [2].

Les romans actuels sont gorgés de ces personnalités, jusqu’à la nausée : je pense par exemple au romancier à grand succès, Jean-Christophe Grangé, dont chacun des onze romans, noirs, voire très noirs, met en scène au moins un sociopathe extrêmement destructeur –, ou bien à un autre phénomène éditorial, la saga Millénium – première vente française de roman en 2007, dépassant même les romans d’origine hexagonale [3]

2) Exemple de description de PN : Harry Potter

La saga de Joan K. Rowling, Harry Potter, met en scène une personnalité non seulement narcissique, mais aussi perverse, exceptionnellement dangereuse dans le personnage de Voldemort. Le choix de cette série au succès mondial agacera, voire inquiètera certains, soit qu’ils estiment le sujet qu’est la PN trop sérieux pour faire appel à une œuvre de détente (mais c’est oublier combien l’univers de Harry Potter est dramatique, voire de plus en plus sombre), soit qu’ils pensent que le genre littéraire du fantastique est suspect (et je ne peux mieux faire que de les renvoyer à la thèse d’Irène Fernandez [4]).

La description « clinique » et l’évolution de Tom Jedusor, qui changera son nom en Voldemort, sont contées dans le sixième volume de la franchise, en cinq épisodes successifs [5] où Harry, le jeune sorcier de Poudlard, avec l’aide du maître expérimenté qu’est Albus Dumbledore, voyage, grâce à la pensine, dans le passé du « plus dangereux mage noir de tous les temps » (xiii, p. 306).

Égrenons différents signes révélateurs du narcissisme de Jedusor, alias Voldemort : une image excessivement valorisée de sa « grandeur » (xx, p. 489) ; d’où l’acceptation immédiate qu’il est un sorcier et « quelqu’un d’exceptionnel » (xiii, p. 301, 306) ; d’où le besoin d’aller « plus loin que quiconque » (xxiii, p. 552), donc la conviction intime qu’il est supérieur à tous les autres ; d’où la décision de changer de nom (xx, p. 488) ; d’où la décision de s’inventer un ennemi à sa mesure (xxiii, p. 560-561) ; de fait, il est surdoué, aussi beau et séduisant qu’intelligent et apte au commandement ; une volonté très précoce de « domination » et de « cruauté » (xiii, p. 307), s’exerçant d’abord sur les animaux (xiii, p. 297) ; à côté de cette ambition démesurée, une avidité elle aussi sans limite (xx, p. 485) ; une totale insensibilité (xxiii, p. 558-559), là encore apparue très tôt (xiii, p. 296) ; une tendance paranoïaque à la méfiance (xiii, p. 299 et s) ; l’absence de gratitude (xiii, p. 304) ; une transgression constante, depuis le mensonge (par exemple, xx, p. 490 s), jusqu’au vol et enfin à l’assassinat ; l’indépendance absolue, même vis-à-vis d’une substance comme un elixir d’immortalité (xxiii, p. 553) ; d’où l’absence de toute amitié, n’acceptant que des relations de soumission et d’admiration à son égard (xiii, p. 308) ; d’où la rupture avec l’origine dans l’acte symbolique et terrifiant du parricide (xvii, p. 407-408) ; d’où la multiplication des masques et des rôles, dictateur ou flatteur (xvii, p. 410 ; xx, p. 477) ; d’où la volonté d’avoir accès à toutes les informations et, une fois possédées, de ne les partager qu’avec parcimonie et parasitage (xvii, p. 410) ; d’où la manipulation constante, experte et l’induction d’une intense culpabilité chez celui qu’il manipule (cf. l’exemple très inquiétant avec le professeur Sulghorn : xvii, p. 411-412) ; d’où l’irréversibilité de ce tableau (xx, p. 492) ; etc. Ajoutons que, selon l’idée brillamment illustrée par Oscar Wilde dans Le portrait de Dorian Gray, le jeune homme a progressivement changé de visage, effaçant le « séduisant Tom Jedusor » pour laisser place aux « traits […] brûlés, brouillés », tourmentés, ravagés de Voldemort, et bientôt ceux du serpent (xx, p. 487) [6].

Le roman apporte aussi quelques éléments sur les mécanismes l’apparition mystérieuse de la PN. Assurément, le passé de Voldemort est traumatique : abandonné par son père et orphelin de mère, il a passé son enfance dans un orphelinat (xiii, p. 296). De plus, son histoire est préparée non pas en une génération, mais en plusieurs, au minimum trois (d’où l’importance de remonter jusqu’au grand-père de Jedusor : chap. xiii). Mais on est en droit de se demander si ce personnage n’est pas aussi et même d’abord une personne, c’est-à-dire un être libre et responsable de ses choix, en l’occurrence, radicalement mauvais. En effet, les voyages successifs dans la pensine permettent d’accéder aux épisodes importants de la vie de Voldemort. Or, ils montrent que Jedusor opère des décisions successives qui l’enferment de plus en plus et intentionnellement, dans ce choix de mort : face à la bifurcation décisive entre vie et mort, entre amour et violence, il opte systématiquement, mais librement pour le deuxième membre de l’alternative. Voire, ces options ont quelque chose de satanique. « Son orgueil, sa foi en sa propre supériorité » (xxiii, p. 555) s’accompagnent d’une fascination pour la mort et le scellement de chacun des choix d’Horcruxes par un sacrifice. Qu’il est significatif que la caractéristique la plus profonde et la plus constante – du premier au dernier volume [7] – de Voldemort soit son incapacité à comprendre l’amour, au nom de ce que l’amour est faible (xx, p. 490 s ; xxiii, p. 560-562).

En contrepoint, Harry Potter et plus encore Albus Dumbledore attestent que l’on peut être aussi doué que Voldemort, sans pour autant s’adorer soi-même et obliger le monde entier à le prosterner aussi. Deux signes parmi d’autres : Albus et Harry ne sont pas tentés par le pouvoir [8] ; ils reconnaissent leurs limites, le directeur de Poudlard avouant qu’il peut se « tromper comme n’importe qui d’autre » (x, p. 220) et son disciple de même – d’ailleurs, au grand soulagement de son maître bien-aimé, qui n’ignore pas combien est grande la tentation de détourner un talent pour se servir et asservir (xx, p. 473-474).

Ainsi, ce roman éprouvant, mais éclairant, permet à un très large public d’accéder à la compréhension du profil et de la genèse d’une PN particulièrement toxique : Celui-dont-on-doit-taire-le-nom.

3) Exemple de juste attitude à l’égard d’une PN : Les Chroniques de Narnia

Les Chroniques de Narnia de Clive Staples Lewis [9] sont aussi riches en PN perverses et même proprement démoniaques : depuis la très inquiétante Reine du premier roman, Le neveu du Magicien, qui deviendra la Reine blanche de L’armoire magique et, après sa mort prétendue [10], la Sorcière Blanche du Prince Caspian [11], jusqu’au singe parlant Shift dans l’ultime opus de la saga, La dernière bataille. De Lucifer, elle a la grandeur (la taille physique symbolisant l’importance ontologique), la beauté, les multiples pouvoirs de connaissance, de fascination [12] et de transformation, et surtout, la haine spontanée d’Aslan, l’orgueil dominateur (constamment, elle ne veut pas moins qu’être Reine du monde, titre éminemment scripturaire), l’égoïsme, l’impitoyable cruauté, l’hypocrite stratégie de prétendre vouloir le bien de tous [13], la fixation dans la plus perverse des malices [14] ; enfin, de l’ange des ténèbres, elle a aussi les limites qui lui sont traditionnellement reconnues [15]. À côté de ces reines-sorcières, l’une des figures les plus maléfiques sorties de la plume de Lewis est le « multiple traître » qu’est Shift dans La dernière bataille (p. 136) : 1. à l’égard des autres, il est dominateur, méprisant, manipulateur (alternant stratégies de culpabilisation et processus victimaire [16]) et même esclavagiste à l’égard non seulement des autres mais de ses proches (confinant son prétendu ami Puzzle dans sa bêtise pour d’autant mieux l’employer à ses propres fins) ; 2. à l’égard de Dieu, sacrilège – obligeant Puzzle à revêtir la peau du lion, il en fait une caricature de « Qui-tu-sais », c’est-à-dire Aslan (p. 13), blasphémateur (il ose dire et faire croire qu’Aslan s’identifie à Tash, le dieu sanguinaire des Calormènes [17]), voire proprement diabolique : la prière de Rishda Tarkann le Calormène obtient la venue du démoniaque Tash, dont la seule présence est source d’une intense terreur (p. 97).

Mais le dernier mot n’est pas à la manipulation. À plus d’une occasion, Lewis détaille la manière de se conduire face à une PN [18]. La troisième des Chroniques, Le cheval et son écuyer, met à nouveau en scène un personnage particulièrement peu sympathique, le prince Rabadash. Ce fils aîné du Tisroc (roi) de Calormen, un des royaumes de l’Âge d’Or de Narnia. Il présente tous les traits non seulement de la PN totalement égocentrée, mais du sadique, puisqu’il prend grand plaisir à tourmenter ses subordonnés sur lesquels il a pouvoir de vie ou de mort. Peu importe ici le détail. Nous arrivons au terme du récit où Rabadash est enfin puni pour tous ses méfaits (cf. le chap. xv que dorénavant nous citons). Les crimes qu’il a commis lui méritent la mort. À ce jugement, l’un des quatre enfants Pevensie et roi de Narnia, Edmund – qui sait de quoi il parle –, rétorque : « C’est parfaitement exact. Mais même un traître peut s’amender ». Il est donc décidé d’accorder à Rabadash « une seconde chance » – selon les mots de sa sœur, la douce Lucy.

Rabadash couvert de chaînes est présenté devant le tribunal présidé par le Roi Lune qui le traite avec beaucoup de courtoisie : « Point n’est besoin de rappeler à Votre Altesse Royale […] que nous avons plus de droits à disposer de votre tête que jamais aucun homme mortel n’en a eu sur la tête d’un autre. Néanmoins, en considération de votre jeunesse et de la mauvaise éducation […] que vous avez sans doute reçue […], nous sommes disposés à vous renvoyer libre, sans armes, aux conditions suivantes…

– Maudit sois-tu, chien de Barbare ! éructa Rabadash. Crois-tu que je vais seulement écouter tes conditions ? […] C’est facile devant un homme enchaîné, hein ! D’barrasse-moi de ces viles entraves, donne-moi une épée ».

La réaction du prince est typique de l’attitude d’une personnalité narcissique tyrannique : malgré la miséricorde qui lui est proposée, il interrompt l’autre et l’insulte (mépris de l’autre), se révolte (mépris de la loi), cherche à intimider par sa colère, provoque et manipule (il travestit la vérité en transformant en conflit personnel ce qui est une transgression objective).

Tout ce que le Roi Lune lui propose, avec calme, mais fermeté, Rabadash le récuse, accompagnant son refus de menaces. Alors paraît Aslan, dont je rappelle qu’il est la figure divine, fait son entrée, impressionnant.

« Rabadash, dit Aslan, fais attention. Ton châtiment est très proche, mais tu peux encore y échapper. Oublie ta fierté (de quoi peux-tu être fier ?) et ta colère (qui donc s’est mal conduit avec toi ?), et accepte la grâce de ces bons Rois ».

Aslan nomme et déjoue avec beaucoup de finesse le scénario manipulateur de Rabadash, l’intimidation, et sa cause, l’orgueil. Il indique ainsi la voie de sortie : la douceur et l’humilité (cf. Mt 11,29).

Le prince réagit d’abord en faisant une grimace pour impressionner, puis en vociférant : « Démon ! Je te connais. Tu es le monstre immonde de Narnia. Tu es l’ennemi des dieux […].

– Attention à toi, Rabadash, dit calmement Aslan. Le châtiment est plus proche à présent, il est à la porte ; il a levé le loquet ».

Rabadash réagit à nouveau en hurlant des imprécations.

« – L’heure a sonné, laissa tomber Aslan.

Et Rabadash, absolument horrifié, vit que tout le monde se mettait à rire ». En effet, sous les yeux de la nombreuse assemblée, il se transforme progressivement en âne. Juste avant que la métamorphose s’achève et que sa voix devienne des braiments, il s’écrie : « Oh, non, pas en âne ! Pitié ! Si encore c’était en cheval »…

« – Maintenant, écoute-moi, Rabadash, dit Aslan. La Justice n’empêche pas la pitié ». Et il lui explique qu’il ne sera un âne que s’il quitte un territoire étroit, ce qui lui empêche d’exercer quelque tyrannie que ce soit sur les autres. Une fois émis son jugement, « Aslan était parti ».

L’attitude d’Aslan face à cette PN particulièrement dangereuse est riche d’enseignements :

  1. Aslan n’entre pas dans son jeu : en l’insultant gravement, en le provoquant, Rabadash veut mettre Aslan en colère, de sorte que, sous son emprise, il commette un acte injuste dont Rabadash s’emparerait pour se transformer en Victimaire, se justifier et ainsi renverser la situation.
  2. Face au mal commis sans aucun remords par Rabadash, Aslan doit d’abord et avant tout exercer la justice : il dénonce la violence et la punit.
  3. Aslan exerce la justice dans la paix, avec mesure et précision. En effet, avant d’appliquer la peine, il l’annonce à pas moins de trois reprises et alors seulement, il l’exécute.
  4. Aslan demeure aussi extrêmement lucide, donc prudent (au sens où celle-ci est la vertu du chef) : sachant que Rabadash pourra récupérer ses paroles, il agit devant tous (alors qu’il a l’habitude de rencontrer les coupables seul à seul pour ne pas les humilier) ; sachant que Rabadash ne changera pas et donc qu’il transformera toute autorité en tyrannie, il le prive définitivement de l’exercice du pouvoir, l’empêche irréversiblement de nuire et ainsi protège de son action néfaste les milliers d’habitants de Narnia.
  5. La justice et la prudence étant sauves, la miséricorde peut alors s’exercer autant que possible, afin de permettre, sinon un improbable amendement du coupable, du moins un adoucissement de sa peine.
  6. Bref, l’attitude d’Aslan est d’un très remarquable équilibre : ni cette fausse miséricorde qu’est la pitié, ainsi que Rabadash l’en implore), ni vengeance. La première pourrait aller jusqu’à l’ingénuité imprudente et coupable : c’est la tentation du Roi Lune. La seconde pourrait aller jusqu’à la vengeance meurtrière, donc à l’injustice : c’est la tentation symétrique de Corentin, le fils du Roi Lune. C’est entre ces deux extrêmes que s’exercent justice et miséricorde à l’égard d’une PN.

[1] Plusieurs hypothèses ont été émises par les chercheurs (et critiquées par d’autres chercheurs), par exemple, Branwell Brontë, le frère de l’auteur (pour : Wemyss Reid, Charlotte Brontë. A Monograph, New York, Scribner, Armstrong & Co, 1877 ; contre : Miriam Allott, The Brontës, the critical heritage, Boston, Routledge and Kegan Paul,‎ 1974).

[2] The Third Man and the Fallen Idol, London, William Heinemann, 1950 : trad. Marcelle Sibon, Paris, Robert Laffont, coll. « Pavillons », 1950. Il fut écrit comme travail préparatoire à son scénario pour le film éponyme de Carol Reed, 1949. Avec Orson Welles et Joseph Cotten. Mais il n’a été publié qu’un an après. Cf. l’analyse psychologique du roman dans Maurice Hurni et Giovanna Stoll, La haine de l’amour, p. 329-332.

[3] Cf. Stieg Larsson, Millénium. 1. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. 2. La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette. 3. La reine dans le palais des courants d’air, trad., Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, Paris, Actes Sud, 2006-2007. On ne peut passer sous silence que, même si ce point fait l’objet d’une polémique pénible sur internet, la lecture n’est pas aidée par une traduction au kilomètre souvent approximative.

[4] Cf. Irène Fernandez, Mythe, raison ardente. Imagination et réalité selon C. S. Lewis, Genève, Ad Solem, 2005.

[5] Joan K. Rowling, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, trad. Jean-François Ménard, Paris, Gallimard, 2005, chap. 10 (« La maison des Gaunt »), 13 (« Le secret de Jedusor »), 17 (« Un souvenir brumeux »), 20 (« La requête de Lord Voldemort ») et 23 (« Les Horcruxes »). Nous citerons dans le texte, faisant se suivre le numéro du chapitre et la pagination).

[6] « Voldemort semblait devenir de moins en moins humain […] et sa transformation ne pouvait s’expliquer à mes yeux que par la mutilation qu’avait subie son âme, au-delà des limites de ce qu’on appelle habituellement le royaume du Mal » (xxiii, p. 552).

[7] Cf. Joan K. Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers, xvii, trad. Jean-François Ménard, coll. « Folio-Junior », Paris, Gallimard-Jeunesse, 1998, p. 292-293 ; Harry Potter et les Reliques de la Mort, xxxvi, trad. Jean-François Ménard, Paris, Gallimard, 2007, p. 789.

[8] Même si la conception que Rowling a de la « pureté » (xxiii, p. 562) me paraît plus ontologique, c’est-à-dire liée l’être, donc infravolontaire (en l’occurrence inaccessible à la tentation), qu’éthique, c’est-à-dire liée au choix, donc libre.

[9] Clive Staples Lewis, The Chronicles of Narnia, London, Geoffrey Bles pour les 5 premiers et The Bodely Head pour les 2 derniers, illustrations de Pauline Baynes : 1. The Lion, the Witch and the Wardrobe. A Story for Children, 1950 ; 2. Prince Caspian. The Return to Narnia, 1950 ; 3. The Voyage of the Dawn Treader, 1952 ; 4. The Silver Chair, 1953 ; 5. The Horse and his Boy, 1954 ; 6. The Magician’s Nephew, 1955 ; 7. The Last Battle, 1956. Les sept livres sont rassemblés en un volume : The Chronicles of Narnia, London, Collins, 1998 ; j’utilise l’éd. américaine, New York, Harper Collins Publishers, 2001. L’édition française, si elle est tardive (pour 3 volumes), a pris l’initiative de changer l’ordre de la publication britannique originelle, afin de classer les sept tomes selon l’ordre chronologique du contenu. En effet, le cycle n’a pas été conçu à l’avance par son auteur (cf. Clive Staples Lewis, Letters to children, Lyle W. Dorset & Marjorie Lamp Mead [éds.], London, Collins, 1985, p. 68), qui eut, à la fin de sa vie, le désir de réorganiser son texte (cf. Roger Lancelyn Green & Walter Hooper, C.S. Lewis: A Biography, London, Harper Collins, 2002, p. 432). Le titre global unique étant Les Chroniques de Narnia (coll. « Folio-Junior », Paris, Gallimard-Jeunesse ; ill. de l’édition originale), voici l’ordre : 1. Le neveu du magicien, trad. Cécile Dutheil de la Rochère, n° 1150, 2001 ; 2. L’armoire magique, trad. Anne-Marie Dalmais, n° 1151, 2001 ; 3. Le cheval et son écuyer, trad. Philippe Morgaut, n° 1152, 2001 ; 4. Le prince Caspian, trad. Anne-Marie Dalmais, n° 1153, 2001 ; 5. L’odyssée du passeur d’aurore, trad. Philippe Morgaut, n° 1210, 2002 ; 6. Le fauteuil d’argent, trad. Philippe Morgaut, n° 1211, 2002 ; 7. La dernière bataille, trad. Philippe Morgaut, n° 1212, 2002. Les sept livres ont été rassemblés en un volume : Le monde de Narnia, Paris, Gallimard, 2005. Pour les volumes 2 et 4, j’emploie une autre éd. (même trad., mais avec d’Arcady, en coll. « Castor Poche », Paris, Flammarion, 1989 et 1993). Dans la nouvelle édition, les prénoms anglais gardent leur écriture originale. Les traductions sont parfois (trop) familières. Deux exemples parmi beaucoup : « Aravis ne répondit rien, elle avait l’air coincé [looked prim] ». (Le cheval et son écuyer, ix, p. 136, p. 265. C’est moi qui souligne) « Plusieurs personnes faisaient carrément de la lèche [were positively ‘sucking up’] à Drinian et à Rhince » (L’odyssée du passeur d’aurore, xiv, p. 227, p. 525). Pour les références, sont indiquées successivement, le n° du chap. en chiffres romains, puis, en chiffres arabes, la page de l’édition française suivie, en italiques, de la page de l’édition en langue originale. S’il nous arrivera de changer telle ou telle traduction, nous le tairons par courtoisie.

[10] Elle-même dit à Cornelius : « a-t-on jamais entendu parler d’une sorcière qui mourrait réellement ? » (Le prince Caspian, p. 216)

[11] Elle a fini par disparaître. Pour être autre que la Sorcière Blanche, celle du Monde-Souterrain (cf. Le fauteuil d’argent) n’en est-elle pas le prolongement ? Avec les mêmes intentions de domination radicale de Narnia, elle fait preuve d’une finesse d’argumentation et de séduction qu’ignoraient ses consœurs, plus habituées à déployer la puissance physique et susciter la terreur.

[12] Si la Reine peut exercer un tel pouvoir sur l’oncle Andrew, cela tient sans doute à sa beauté, mais d’abord, car il est « plus vaniteux qu’un paon » (Le neveu du magicien, p. 89).

[13] Tel est ausi le cas du singe Shift qui déclare vouloir le bien des animaux parlants… qu’ils le veuillent ou non : « Nous voulons être libres », dit un vieil ours. Shift réplique : « Qu’est-ce que tu connais de la liberté ? Tu crois que la liberté, c’est de faire ce que tu veux ? […] La vraie liberté, c’est de faire ce que je vous dis de faire ». (La dernière bataille, p. 42)

[14] « Elle s’est corrompue, et plus le temps passe, plus son malheur augmente ». (Le neveu du magicien, p. 199)

[15] C’est ainsi que la Reine va un moment trop loin dans son hypocrisie et commet « une erreur fatale » (Le neveu du magicien, p. 186). Pour le détail, je me permets de renvoyer à Pascal Ide, « Le démon. Doctrine commune de l’Église », Coll., Combattre le démon. Histoire, théologie, pratique, coll. « IUPG », Paris, L’Emmanuel, 2011, p. 33-132.

[16] Ce procès lui fait sacrifier sans vergogne l’âne qui l’a aveuglément servi : la peur se transforme d’elle-même en colère et celle-ci en lynchage de la pauvre bête présentée en bouc-émissaire (cf. Ibid., p. 122).

[17] Ibid., p. 42-44. « Tash, c’est Aslan et Aslan, c’est Tash » (p. 44).

[18] Pour une approche de la dynamique vertueuse dans la saga de Lewis, cf. Pascal Ide, « Les Chroniques de Narnia. Cinq leçons d’humanité », Revue Théologique des Bernardins, 10 (janvier-avril 2014), p. 75-99 ; « Les Chroniques de Narnia. Quatre leçons de ‘divinisation’ », Revue Théologique des Bernardins, 11 (mai-août 2014), p. 69-95.

24.10.2016
 

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