« Pascal, ne crains pas de prendre chez toi Marie » (4e dimanche de l’Avent année A. 18 décembre 2022)

« Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie » (Mt 1,20). Remplacez « Joseph » par votre prénom, et vous aurez la grâce que Dieu veut pour nous en ce dernier dimanche de l’Avent pour préparer la venue de son Fils. Mais comment le comprendre ?

 

  1. Hernán Cortés a débarqué le 22 avril 1519, sur les plages de Cempoala au Mexique. Avec la réussite miraculeuse que l’on connaît : il a vaincu l’empire aztèque et ses 30 000 guerriers, alors qu’il n’avait qu’une troupe de 500 hommes… et la Croix du Christ qu’il est venu annoncer dans un don sans retour (il a fait couler les navires qui l’ont conduit en Amérique).

Le fruit autant que l’explication du succès de Hernan Cortès et de ses missionnaires réside dans l’Évangile qui a rarement mérité autant son sens étymologique de bonne nouvelle. En effet, à l’époque où il débarqua, l’empire aztèque sacrifiait jusqu’à 80 000 hommes par an – de surcroît de manière atroce, en leur arrachant le cœur encore palpitant de vie. C’est ainsi qu’une des représentations les plus fameuses du dieu aztèque montre une figure grimaçante tirant une langue démesurée signifiant sa soif sanguinaire.

Or, Cortès arriva le 21 avril, mais ne débarqua que le lendemain, jour du Vendredi Saint, qui est le sommet de la vie du Christ, Amour crucifié. De plus, les Conquistadors avaient sur leur casque une Croix. Ce message est confirmé par l’apparition : Marie portait autour de son cou une petite épingle montrant Jésus mort sur la Croix. Ainsi, en montrant son Fils, Marie a montré que la mort de Jésus sur la Croix suffisait. Donc, enfin, cessa la barbarie abominable des sacrifices humains.

Toutefois, l’étranger Cortés n’a pu convertir les Mexicains en profondeur ni rejoindre tout le peuple paysan.

Le Ciel est alors passé par la médiation d’un Amérindien, Juan Diego Cuauhtlatoatzin (1470-1548), qui reçut le baptême en 1524 des missionnaires espagnols conduits par Cortes. Saint Jean-Paul II l’a canonisé en 2002 comme « un modèle d’évangélisation parfaitement inculturée » et le protecteur-défenseur des peuples autochtones. De fait, seulement 12 ans plus tard, du 9 au 12 décembre 1531, Marie est apparue à ce petit homme simple, à Tepeyac, près de Maxico, en lui disant en nahuatl, la langue aztèque : « Je suis de ta race », et en lui demandant de construire une église à cet endroit même. Or, pendant les 9 premières années qui suivirent, 9 millions d’Indiens se convertirent, soit environ 3 000 conversions par jour, l’équivalent d’une Pentecôte quotidienne (cf. Ac 2,41). Depuis, les miracles se sont multipliés, parfois très spectaculaires. Encore aujourd’hui, entre 20 et 30 millions de pèlerins visitent chaque année le sanctuaire de Guadalupe.

 

  1. Pourquoi est-ce que je vous raconte ces faits ? D’abord, trop ignorés, ils nous rappellent la sollicitude de Notre-Dame. Ensuite, ils nous montrent combien, loin d’être intouchables, les cultures ancestrales que le wokisme actuel tend à sacraliser, ont aussi à être purifiées. Enfin, lors de l’apparition, la Vierge Marie a demandé à saint Juan Diego : « Ne suis-je pas ta Mère ?» Interronégative valant affirmative, elle lui a donc dit : « Je suis ta Mère ». Voilà comment accueillir Marie : comme notre mère.

Qu’est-ce à dire ? N’avons-nous pas déjà une mère ? Le dernier Concile précise avec concision : « Marie est mère dans l’ordre de la grâce » (Lumen gentium, n. 61). Notre mère nous a donné la vie naturelle, Marie est médiatrice de la vie surnaturelle. Saint Anselme de Cantorbéry déploie en un audacieux parallèle : « Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle ».

Et, dans son encyclique sur la Mère du Rédempteur, saint Jean-Paul II précise que nous avons besoin de « la sollicitude maternelle de Marie » (Redemptoris mater, n. 22) et qye celle-ci se manifeste singulièrement aux noces de Cana. On le sait, si le vin réjouit le cœur de l’homme, il n’est pas indispensable. Pourtant, Marie observe, avant tous les participants, qu’il va manquer à la fête (cf. Jn 2,3-4). C’est donc que l’attention aimante de Notre Dame s’élargit même au superflu. Combien plus se portera-t-elle sur ce qui nous est vital ? Permettez-moi un exemple personnel. Récemment, j’étais attristé par un événement qui me serrait le cœur. Il n’était pas bon que cette tristesse m’envahisse et me submerge. J’ai supplié Marie à qui, suite à saint Louis-Marie Grignion de Montfort, je me consacre tous les matins « comme ma mère et ma reine », d’être délivré de cette néfate tristesse. En quelques instants, la paix est revenue dans mon cœur.

Dieu ne suffit-il pas à donner la grâce, objectera-t-on ? Certes, Dieu est la cause de la grâce en nous. Mais, par surabondance, il a en outre voulu nous donner la médiation efficace de Marie. Dieu le Père semble lointain à certains, il le sait. Mais le cœur d’une mère est toujours proche. À sainte Catherine Labouré, à cinq cent mètres de chez nous, Marie permet de mettre ses mains sur ses genoux pendant trois heures. Trois heures où elle lui fait différentes confidences et notamment lui promet : « Venez au pied de cet autel, les grâces seront répandues sur tous ». De même, comme elle a passé trois mois avec sa cousine Élisabeth, Marie passera quatre mois avec une simple bergère, Estelle Faguette, la voyante de Notre-Dame du Los. Tant elle trouve plaisir à être avec nous, pour nous aider comme la plus douce des Mères.

Depuis mercredi passent sur nos écrans le film dont il n’est pas audacieux de prophétiser qu’il sera le plus grand succès des fêtes de Noël, Avatar : la voie de l’eau. Il montre notamment un bel exemple de famille nombreuse où un père responsable cherche à protéger les siens contre le danger (« Le propre du père est de protéger », répète-t-il). Mais il finit par devenir trop sévère avec ses fils. Alors son épouse lui fait remarquer : « Nous ne sommes pas une escouade, nous sommes une famille ». De notre Mère du Ciel, nous n’avons rien à craindre, mais tout à attendre.

 

  1. Mais l’attention de Marie pour ses enfants dépasse la sphère privée. Revenons au sanctuaire de Guadalupe. Le 24 avril 2007, une messe fut offerte pour les enfants avortés, alors que le conseil municipal de Mexico venait de légaliser l’avortement. Au terme de la célébration, les nombreux fidèles qui priaient devant le manteau miraculeux virent l’image de la Vierge rayonner d’une lumière intense qui en émanait. Certains prirent des photos. Or, des examens précis permettant d’apprécier la position de la lumière montrèrent qu’elle n’était ni un reflet, ni un artefact. Très blanche, pure, intense, cette lumière était différente des lueurs photographiques produites par les flashes. De plus, elle provenait réellement du ventre de la Sainte Vierge. L’ingénieur Luis Girault, qui a étudié l’image ainsi réalisée, a confirmé l’authenticité du négatif et pu préciser qu’il n’avait été ni modifié ni altéré, par exemple, par superposition d’une autre image, a découvert que ce rayonnement lumineux jaillissait de l’intérieur de l’image de la Vierge : entouré d’un halo, il paraît flotter à l’intérieur de ses entrailles. En outre, si on examine plus précisément encore cette image, on distingue à l’intérieur du halo certaines zones d’ombre qui ont la forme et la taille d’un embryon humain dans le sein maternel. Ajoutons que ce dernier phénomène, qui a connu un grand retentissement et une vaste diffusion sur Internet, n’a pas encore fait l’objet d’une déclaration de l’autorité ecclésiastique. Quoi qu’il en soit, rappelons que Jean-Paul II a déclaré la Vierge de Guadalupe « patronne des enfants à naître ». Comment ne pas la prier pour notre pays où une majorité de députés a voté pour que l’avortement soit inscrit dans notre Constitution ?

 

Ne craignons « pas de prendre chez » nous « Marie » comme notre Mère. Attendons le Messie avec elle, comme elle. Récitons chaque jour une dizaine de chapelet (nous pouvons nous aider de cette belle initiative qu’est le Rosaire vivant). De même qu’elle a modelé Jésus en son sein et l’a éduqué, de même modèlera-t-elle son Corps, l’Église, et nous élèvera-t-elle. Je vous salue Marie…

Pascal Ide

18.12.2022
 

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