« Non pas de grandes choses extraordinaires, mais une grande perfection dans les choses habituelles » (Toussaint 2022)

À la sortie d’une messe de la Toussaint, un paroissien m’interpelle : « Mon Père, pour moi, la sainteté, c’est la mention Bien ! Mais, dans ma vie, je n’ai jamais eu que des mentions passables. Comment être saint ? »

Que les préjugés sur la sainteté ont la vie dure ! Permettez-moi de renvoyer à trois textes publiés sur le site. Le premier (« Une phénoménologie de la sainteté (Louis Lavelle) ») commente un bref essai sur la sainteté d’un philosophe catholique français Louis Lavelle (1883-1951), où il tord le cou aux nombreuses idées reçues sur le sujet. Roboratif ! Le deuxième (« Augustin ou le Maître est là. L’amour-passion, promesse de l’amour-don ») est aussi un commentaire, mais d’un grand roman, Augustin ou le Maître est là,  où son auteur, Joseph Malègue, défend la notion, à l’époque révolutionnaire, de « classes moyennes de la sainteté ». Le troisième (« La sainteté ne prémunit pas contre la cécité ») raconte un exemple de la faillibilité d’un saint, de surcroît pape.

À titre de confirmatur, voici quelques paroles d’Angelo Giuseppe Roncalli, le futur pape Jean XIII, pour qui la sainteté consiste à vivre extraordinairement l’ordinaire : « Non pas de grandes choses extraordinaires, mais une grande perfection dans les choses habituelles », note-t-il le 8 août 1898, dans son Journal [1]. Et encore, le 29 janvier 1903 : « Rien d’extraordinaire en moi, dans ma conduite, si ce n’est une manière de faire des choses ordinaires [2] ». De même, fin avril 1903 : « La sainteté des saints ne se fonde pas sur des faits éclatants, mais sur des petits riens qui, aux yeux du monde, semblent des inepties [3] ».

Et voici le mot d’un autre grand homme de lettres français, qui disait ne savoir que son catéchisme et n’a cessé de mettre en scène la sainteté dans ses romans, je veux parler de Georges Bernanos : « La sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure [4] ».

Pascal Ide

[1] Il giornale dell’Anima, soliloqui, note et ediari spiritual, Ed. critica e annotazione a cura di Alberto, coll. « Ed. nazionale dei diari di Angelo Giuseppe Roncalli – Giovanni XIII », Bologne, Istituto per le Scienze Religioze di Bologna, 2003, p. 66.

[2] Ibid., p. 164-165.

[3] Ibid., p. 192.

[4] Georges Bernanos, Essais et écrits de combats, 1943-1944, Paris, Plon, 1969, p. 40.

1.11.2022
 

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