Le point de bascule : un effet papillon anthropologique 3/3

6) La troisième cause : le milieu

Les deux premières causes, le message et le messager, semblent épuiser la logique active du point de bascule. Que nenni ! « Le contexte […] est tout aussi important que les deux autres éléments [1] ». Pour bien comprendre son rôle, il faut distinguer deux sortes de milieu : interpersonnel et proprement collectif. Leur étendue autant que leur mode d’action diffèrent.

a) Le milieu interpersonnel

1’) Les faits

Les chaussures Hush Puppies ont connu un tel succès parce qu’elles ont été portées à East Village, dans un contexte qui invitait à regarder de manière neuve les chaussures. Paul Revere a chevauché, seul, de nuit ; son action aurait-elle eu un tel impact sans cet état d’urgence, le romantisme de la nuit, etc. ? Dans les années 1990, la syphilis s’est répandue à une telle vitesse à Baltimore (en un an, le nombre de malades a augmenté de 500 %) [2] parce que l’épidémie s’est déroulée en été et non pas en hiver.

Ce que ces faits peuvent laisser soupçonner, des expérimentations le valident ; plus encore, elles proposent une ébauche d’explication.

a’) La théorie du carreau cassé ou la probité induite par le contexte

Les criminologues George Kelling et James Q. Wilson ont élaboré une conception épidémiologique du crime. En l’occurrence, un comportement criminel est contagieux. Et il se transmet en fonction d’un milieu qui l’atteste. Ils ont émis l’hypothèse suivante : un environnement urbain délabré, comme la présence de carreaux cassés non réparés, favorise la criminalité.

Fort de cette théorie, Kelling l’a appliqué à la question de la criminalité new-yorkaise dont nous avons parlé au début. En particulier, elle s’exerçait dans le métro où l’on enregistrait à la fin des années 1980, pas moins de 20 000 crimes par an, et au début des années 1990, pas moins de 15 000 crimes par an ; sans parler du manque à gagner de 150 millions de dollars annuels dû à ce que les usagers ne payaient pas leur droit de passage (plus de 170 000 sautaient chaque jour par-dessus des tourniquets). Or, au terme de la décennie, le taux de crimes dans le métro a diminué de 75 %.

Les responsables de la commission new-yorkaise des transports ont fait appel à Kelling comme conseiller et celui-ci a appliqué sa théorie du carreau cassé. Et il a décidé de prendre pour priorité (dans un projet coûtant plusieurs milliards de dollars)… le nettoyage des graffitis. Une analogie permet de mesurer le caractère apparemment déplacé du moyen : à qui viendrait-il l’idée de récurer le pont du Titanic au moment où il est en train de sombrer dans l’océan glacé ?

Le nettoyage a pris pas moins de six ans. En effet, les vandales ont contre-attaqués. Les tagueurs s’y prenaient en trois temps, repeignant les parois du train en blanc, puis traçant leurs dessins, enfin, appliquant leurs couleurs. Or, le service de nettoyage attendaient qu’ils aient fini et repeignaient tout. Les tagueurs « étaient anéantis [3] ».

On le voit, ici, l’explication de la transmission ne réside plus dans une personne comme un maven ou un message performant, mais dans une gestion du milieu. Une telle efficacité est symbolique au sens fort.

Kelling a émis l’hypothèse suivante pour expliquer ce processus :

 

« Les agresseurs et les voleurs, qu’ils soient occasionnels ou professionnels, croient qu’ils risquent moins d’être attrapés ou même identifiés s’ils opèrent dans des rues où les victimes potentielles sont déjà intimidées par les conditions ambiantes. Si les habitants d’un quartier n’arrivent pas à se débarrasser d’un mendiant importun, raisonne le voleur, ils n’appelleront probablement pas la police pour signaler la présence d’un éventuel agresseur, ou même pour l’informer d’un délit [4] ».

b’) La violence induite par le contexte

La tristement célèbre expérience de Philip Zimbardo, qui n’est pas sans rappeler celle de Stanley Milgram dont le nom fut évoqué ci-dessus [5], atteste elle aussi l’importance du contexte, donc du dehors, pour modeler le comportement, donc le dedans.

Au début des années 1970, un groupe de chercheurs en sciences sociales conduits par Philip Zimbardo s’est interrogé sur l’origine du climat particulièrement délétère présent dans les prisons. Pour le comprendre, ils ont décidé d’opérer une simulation en construisant une prison fictive dans le sous-sol de l’édifice où se trouve le département de psychologie de l’université de Stanford [6]. Par des journaux locaux, 75 hommes posèrent leur candidature et par des tests évaluant l’équilibre psychique, ils en sélectionnèrent 21. Puis, les spécialistes choisirent au hasard une moitié (10, précisément) pour incarner les gardiens de prison (avec uniformes et verres fumés) et l’autre pour jouer les prisonniers. Afin que la simulation soit complète, ils demandèrent à des policiers de Palo Alto de se rendre à leur domicile, les arrêter, les menotter, les conduire au poste de police, les accuser de crimes fictifs, prendre leurs empreintes digitales, leur bander les yeux, les conduire jusqu’à la prison, leur donner un uniforme portant un numéro qui est devenu leur seule marque d’identité pendant l’incarcération.

Le résultat est atterrant. Même les gardiens considérés comme les plus pacifistes ont imposé dès le premier jour une discipline particulièrement dure : ils ont réveillé les prisonniers en pleine nuit, leur ont ordonné de faire des pompes, d’exécuter des tâches arbitraires, etc. Au point que, dès le lendemain, les prisonniers se sont rebellés, déchiré leurs numéros, barricadé dans leurs cellules. Loin de s’assagir, les gardes leur ont enlevé leurs vêtements de force, ont hurlé, les ont aspergés avec des extincteurs d’incendie, ont obligé les prisonniers à marcher menottés, un sac de papier sur la tête, et ont envoyé le chef de la rébellion dans la cellule d’isolement. Bref, ils ont fait régner une atmosphère de terreur, voire ont agi de manière sadique.

Après 36 heures, un prisonnier est devenu hystérique et a dû être libéré ; quatre autres, qui ont ressenti « dépression extrême, rage et angoisse », ont suivi. Bref, l’expérience qui devait durer 2 semaines s’est achevé après 6 jours [7].

La leçon est claire. Tous les protagonistes sont sains d’esprit : autant les gardes sont des personnes non-violentes dans la vie courante, autant les prisonniers réagissent de manière mesurée et saine en cas de contrainte. Or, l’on a assisté ici d’un côté à une dérive hyper-violente et de l’autre à une dépersonnalisation (une perte d’identité). La cause de la différence relève donc non des personnes, c’est-à-dire de leur éducation et de leur disposition, mais du contexte, mais de la « situation » ou de « l’environnement [8] ».

c’) La malhonnêteté induite par le contexte

Dès les années 1920, deux psychologues new-yorkais, Hugh Hartshorne et Mark A. May, l’ont montré sur des enfants et des adolescents. Précisément, pendant plusieurs mois, ils ont soumis 11 000 élèves âgés de 8 à 16 ans, à des tests [9]. Sans entrer dans le détail (l’exposé occupe trois gros volumes !), voici le cœur de l’expérimentation et de ses résultats :

Un des tests consistait à compléter des phrases. Par exemple : « Le pauvre petit…… n’a…… rien à…… ; il a faim ». Ils devaient aussi résoudre des problèmes d’arithmétique élémentaires. Mais le temps était trop bref pour répondre à toutes les questions. Le premier jour, les copies étaient ramassées au terme et notées par les examinateurs. Le lendemain, les tests étaient semblables, mais au terme, on leur remettait un corrigé afin qu’ils se notent eux-mêmes. Or, ils étaient très peu surveillés à cette étape, ce qui leur permettait de tricher aisément. Et, en comparant avec les résultats de la veille, Hartshorne pouvait aisément repérer qui avait triché. D’autres tests similaires, mais prenant en compte les compétences physiques, ont suivi le même protocole.

Les résultats ont, là encore, beaucoup étonné les chercheurs. D’abord, ils ont constaté que les élèves trichaient beaucoup, en nombre comme dans les résultats. Par exemple, les résultats aux tests falsifiés pouvaient dépasser ceux des tests justement notés pouvaient être supérieurs de 50 % ! La tricherie concernait les deux sexes, toutes les classes sociales, les différents profils intellectuels ou psychosociologiques, même si les élèves plus intelligents, vivant en famille et pas en foyer, etc., trichaient un peu moins. Autrement dit, l’on n’a pas pu obtenir un profil individuel d’enfant qui ait une plus grande propension à tricher. Seul le contexte semblait induire le comportement malhonnête.

Les psychologues ont donc conclu que l’honnêteté (et son contraire) dépendait non pas de dispositions intérieures, mais de la situation extérieure où les enfants étaient plongés : « La plupart des enfants trichent dans certaines circonstances seulement. Le mensonge, la tricherie et le vol, tels que mesurés par nos tests, ne sont pas des comportement étroitement reliés [10] ».

d’) L’égoïsme ou la charité induit par le contexte

Une expérience justement fameuse conduite par C. Daniel Batson, le grand spécialiste de l’altruisme, et John Darley, a démontré que les comportements prosociaux, de prime abord commandés par des puissantes motivations intérieures et vertueuses, étaient en réalité fortement induits par le contexte [11]. Ils se sont adressés à un groupe de des séminaristes du département de théologie de l’université de Princeton. Il les ont d’abord invités à répondre à un questionnaire sur les raisons motivant leur étude de la théologie : pour aider les autres, pour la croissance de leur vie spirituelle, etc. ? Puis il leur ont demandé d’improviser un court exposé sur l’un de ces deux thèmes : soit la pertinence de la profession ecclésiastique vis-à-vis de la vocation religieuse ; soit, disserter sur la parabole biblique du bon Samaritain. Par ailleurs, ils leur ont donné individuellement la consigne de se rendre à pied dans un édifice voisin pour le présenter. Enfin, ils ont brusqué une partie des étudiants en regardant leur montre : « Oh, vous êtes en retard. Ils vous attendent déjà. Dépêchez-vous », alors qu’ils se sont contentés de dire aux autres qu’ils avaient quelques minutes devant eux avant d’être reçus.

Par ailleurs, un compère gisait sur leur chemin, gémissant et toussant. Le but de l’étude était – bien entendu – de mesurer combien d’étudiants s’arrêteraient pour l’aider – d’où le titre de l’article.

D’emblée, on serait porté à croire que les étudiants les plus nombreux à avoir secouru l’homme seraient ceux qui font de la théologie par altruisme et qui avaient entendu la parabole, dont le thème est la compassion. Mais le seul facteur qui a décidé du comportement généreux ou non fut le stress engendré par le retard. Concrètement, seulement 10 % des étudiants pressés se sont arrêtés, alors que 63 % de ceux qui avaient devant eux quelques minutes portèrent secours au nécessiteux !

Or, le stress est une circonstance contextuelle, liée au temps disponible. Donc, c’est celui-ci, le contexte, qui décident du caractère vertueux et même vertueux par excellence (la charité).

e’) L’erreur de jugement induite par le contexte

Même des facteurs très extrinsèques peuvent considérablement influencé le jugement. Par exemple, l’on a demandé à des sujets de regarder et d’évaluer deux équipes de basket-ball. La première jouait dans un gymnase mal éclairé, donc ratait pus souvent le panier, alors que l’autre jouait dans des conditions optimales. Or, les deux équipes étaient aussi talentueuses l’une que l’autre. Pourtant, les sujets ont jugé la deuxième équipe (celle jouant en pleine lumière) meilleure que la première… [12] L’expérience a été confirmée à partir d’un quiz [13].

f’) Le comportement induit par le contexte

On pourrait multiplier les arguments établissant que des comportements vertueux ou vicieux, des traits de caractère proviennent en grande partie du contexte.

L’on pense souvent que les aînés sont, par caractère, autoritaires et prudents, et les benjamins, rebelles et créatifs. Or, la psychologue Judith Harris a montré que, loin d’être fixés, lesdits caractères ou plutôt lesdits comportements ne s’observent qu’au sein de la famille, mais point dans des contextes extrafamiliaux : les aînés n’y sont pas autoritaires et les derniers-nés rebelles [14]. Par conséquent, là encore, les traits personnels sont déterminés par le contexte au lieu de le précéder.

Le psychologue Walter Mischel a même proposer d’interpréter ces variations contextuelles de comportement à partir de ce qu’il appelle une « valve de réduction ». Voici comment il l’explique :

 

« Lorsque l’on remarque qu’une femme est hostile et férocément indépendante dans certaines occasion, tandis qu’elle est passive, dépendante et féminine à d’autres moments, la valve de réduction pousse à choisir entre ces deux attitudes. On décide alors qu’un modèle de comportement est au service de l’autre ou qu’ils sont tous les deux au service d’une troisième motivation : la femme est soit vraiment castratrice, auquel cas elle arbore une faça de passivité, soit vraiment dépendante, passive et chaleureuse, auquel cas elle se sert de l’agressivité comme moyen de défense. Mais la vérité est peut-être plus englobante que ces concepts, et il est tout à fait possible que la dame soit à la fois hostile, indépendante, passive, dépendante, féminine, agressive, chaleureuse, castratrice. Naturellement, la prédominance d’un attribut sur les autres n’est pas due au hasard ; elle dépend du moment, de la personne avec qui la femme se trouve, etc. Tosu ces aspects sont cependant réels et authentiques, et font partie de sa personnalité entière [15] ».

2’) Les interprétations
a’) En négatif

Les psychologues parlent d’« erreur fondamentale d’attribution » : nous avons spontanément tendance à accorder plus de poids aux dispositions personnelles qu’à la situation, au milieu.

On pourrait aussi décrire ce phénomène en termes d’« obstacle épistémologique ». Bachelard, qui a forgé cette expression, notait aussi que l’un des plus fréquents et des plus délétères est le substantialisme. Il donnait l’exemple de la théorie du phlogistique qui a longtemps identifié la chaleur à une substance passant d’un corps à l’autre. Pour notre part, nous parlerions de blessure de l’intelligence et nous aurions un diagnostic plus nuancé : l’esprit accorde trop à la substance et trop peu à l’accident, car il est aveugle à la continuité existant entre les deux, voire à la rétroaction du second sur la première.

Une telle observation invite donc à considérablement valoriser les circonstances d’un acte. La doctrine morale traditionnelle donne tout son poids à l’objet et à l’intention, qui constituent la substance ou l’essence de l’acte humain, pour faire de la circonstance une réalité accidentelle. C’est d’ailleurs ce qu’évoque l’étymologie du terme circonstance : « ce qui se tient autour ».

b’) En positif

Gladwell qui parle d’un « véritable pouvoir du contexte » affirme que l’« on n’est pas sensible au contexte, on y est extrêmement sensible [16] » et que le contexte joue un « rôle subtil [17] ». Il va jusqu’à dire que le comportement criminel n’est pas une question de personnalité ou de choix éthique, mais « dépend du contexte [18] ». N’est-ce pas trop concéder au comportementaliste et dénier les causes internes de nos agissements ? Assurément, le propos de Gladwell est excessif, voire déterministe. Assurément, l’environnement ne saurait se substituer à la substance. Toutefois, il nous oblige à regarder en face non seulement l’influence du milieu (qui pourrait le nier ?) et la rétroaction de l’accident sur la substance, mais, osons-le dire, son poids ontologique : le lieu que nous avons fortement tendance à externaliser (il est une mesure extérieure de l’être et de son action) exerce en réalité une influence – ce que notre auteur appelle pouvoir – intérieure. À partir des catégories d’Aristote, il faudrait affirmer que les accidents intrinsèques, la qualité et la quantité, se communique dans les accidents dits extrinsèques, le le lieu (qui n’est pas l’espace) et le temps, établissant une continuité entre eux et que, en retour, ils rétroagissent sur la substance par la médiation des accidents intrinsèques. Le milieu est mi-lieu, parce qu’il est lieu intermédiaire entre les êtres, mais aussi parce qu’il est lieu interne à chaque être. Nous reviendrons plus bas sur l’interprétation à donner à ce fait à partir d’une métaphysique de l’être comme amour-don.

b) Le milieu collectif

Jusqu’ici nous avons considéré le milieu d’un point de vue plus personnel, comme connexion entre des individus. Considérons-le maintenant d’un point de vue collectif et voyons l’influence qu’il peut exercer sur les phénomènes de bascule.

1’) Les faits
a’) L’exemple d’un livre à succès

En 1996, Rebecca Wells publia un ouvrage, Les divins secrets des petites Ya-Ya, qui se vendit à 15 000 exemplaires, ce qui est un chiffre plus que respectable, mais n’en fait pas un best-seller. L’année suivante, la version livre de poche fut publiée et se vendit beaucoup plus vite : en quelques mois, 30 000 exemplaires partirent. Rebecca et son éditrice, Diane Reverand, soupçonnèrent alors que quelque chose frémissait. Alors Diane décida de faire du marketing sur l’ouvrage, notamment par une publicité dans le New Yorker. Les ventes, de fait, doublèrent.

En février 1998, Les divins secrets étaient réellement devenu un best-seller, comptant 48 impressions et 2,5 millions d’exemplaires. À partir de ce moment, l’auteur fut invitée à la télévision, interviewée dans els grands magazines féminins.

Posons à nouveau la question : comment expliquer cette épidémie, et donc la bascule qui a fait décoller cet ouvrage ?

Pour le comprendre, il faut savoir que le roman est non seulement très bien écrit et consolant, mais qu’il raconte une belle histoire d’amitié et traite des relations entre mère et fille.

Or, quand Diane mit en place son plan marketing, Rebecca eut l’idée de donner des lectures publiques un peu partout aux États-Unis. Plus encore, l’auteur qui, autrefois, avait été actrice, réalisa la performance rare de jouer, pendant ses lectures, les rôles de chacun de ses personnages. Or, l’auditoire changea rapidement : des femmes de 35-45 ans étaient accompagnées de leurs mères ; puis, une troisème génération, les filles qui avaient dans la vingtaine s’ajoutèrent ; et bientôt, les adolescentes et les pré-adolescentes [19].

Ainsi, la viralité du phénomène s’explique là encore, certes, par les oiseaux rares, le maven et le connecteur qu’était Rebecca Wells, et le vendeur qu’était Diane Reverand, certes, par l’excellence et l’adhérence du produit, mais aussi par le contexte ici collectif, précisément par son homogénéité ou son unité.

b’) L’exemple d’une religion à succès

John Wesley a fondé la religion méthodiste qui s’est répandue fin 18e siècle en Angleterre et en Amérique du Nord. Précisément, en 5-6 ans, le nombre d’Américains méthodistes est passé de 20 000 à 90 000. Comment, là encore, expliquer cette croissance prodigieuse ?

2’) Les dynamismes
a’) La communion

Le premier dynamisme est transparent : un groupe très uni est très contagieux. « Les groupes très unis sont en mesure de multiplier le potentiel épidémique d’un message [20] ».

Peut-on préciser davantage cette loi, c’est-à-dire la quantifier ? On conçoit intuitivement qu’un groupe trop grand ou trop petit aura peu d’influence sociale. Peut-on nombrer la taille d’un groupe doué d’un réel pouvoir de bascule ? C’est ce que va énoncer le deuxième dynamisme.

b’) La loi des 150

Le chiffre semble être de 150.

1’’) Les limites intellectuelles

Le cerveau semble capable de traiter au plus sept informations : l’on distingue en général maximum 6-7 tons, 6-7 échantillons de thès, 6-7 points lumineux sur un écran, etc. Cette constatation est si universelle que les sciences cognitives en ont fait l’objet d’une loi appelée « loi de Miller » [21]. Elle énonce que le nombre d’objets pouvant tenir dans la mémoire de travail d’un humain moyen est de 7 plus ou moins 2. En Voilà pourquoi les numéros de téléphone américains comporte 7 chiffres : afin d’être mémorisés.

2’’) Les limites psychologiques

Gladwell propose l’exercice suivant : « Prenez le temps de dresser la liste des personnes dont la mort vous anéantirait. À l’instar de la plupart des gens, vous avez probablement écrit le nom d’une douzaine de parents et d’amis [22] ». Les psychologues parlent du « groupe de solidarité ». En effet, explique notre auteur : « L’attachement profond exige non seulement du temps, mais de l’énergie émotive ». Or, « au-delà de 10 à 14 relations significatives, l’être humain commence à être débordé ».

Pourquoi l’être humain est-il, en général, limité à 7 en matière de rétention d’information ? Cette capacité ne concerne-t-elle pas aussi nos capacités relationnelles ? Est-il par exemple possible d’avoir plus de sept grands amis ? Une famille comportant plus de sept enfants permet-elle habituellement aux parents d’accorder l’attention due à chacun ?

3’’) Les limites sociales

L’anthropologue anglais Robin Dunbar s’est penché sur cette question en étudiant les chimpanzés, les babouins et les hommes [23]. La différence de taille de leurs cerveaux est patente. Plusieurs explications ont été avancés, par exemple, en termes de régime alimentaire. Non pas au titre de la cause matérielle, mais au titre de la cause finale : certains régimes, comme les fruits qui requièrent d’être pelés, exigent plus d’inventivité. Mais la corrélation défaille : des singes à petit cortex sont frugivores.

Dunbar eut alors l’idée de connecter taille du néocrotex et taille du groupe social. Or, il observa qu’il y avait proportionnalité. En effet, le nombre de relations dans un groupe croit non pas de manière progressive, mais de manière asymptotique. Ainsi, un groupe de 5 individus permet de nouer 10 relations possibles ; en revanche, un groupe de 20 individus engendrent pas moins de 190 relations. Ainsi, un groupe 5 fois plus grand s’accompagne d’une croissance des connexions possibles par presque 20. Or, la gestion de la complexité est faite par le psychisme (et le cerveau). Donc, la croissance du groupe est proportionnelle au cerveau.

Dunbar a pu formaliser cette proportion et en a déduit la taille maximale de chaque groupe social de primates. Précisément, pour l’Homo sapiens, il est de 147,8 personnes au maximum. De fait, nous en avons l’expérience, au-delà de ce nombre, il est impossible de nouer une relation sociale ; en-deçà, chacun peut se connaître.

4’’) Confirmation des limites sociales

Pour étayer son hypothèse, l’anthropologue a étudié de nombreuses sociétés e de nombreux groupes. Quel ne fut pas son étonnement de retrouver constamment le nombre de 150 : dans des sociétés de chasseurs-cueilleurs – aussi bien les Walbiri d’Australie que les Ammassalik du Groenland –, dans l’armée (une unité de combat ne doit pas dépasser 200), les groupes religieux – par exemple, les huttériens, issus de la même tradition que les Amish et les mennonites – forment des colonies agricoles autosuffisantes ne dépassant pas 150 membres.

Or, à chaque fois, la raison est non seulement la connaissance mutuelle, mais aussi l’interaction, la coopération. Par exemple, « dans les unités de 150 soldats, les ordres sont exécutés et l’harmonie est maintenue grâce aux relations que tissent les hommes et qu’ils ne pourraient pas entretenir dans des groupes plus grands [24] ». Autrement dit, les membres d’un groupe de cette taille peuvent s’influencer. Inversement, dans une usine comptant 650 employés, « à la cafétéria, il n’y a que des petits clans » ; en revanche, dans un secteur, la fabrication, les employés sont au nombde de 150. Or, ils « collaborent étroitement et se font pression les uns les autres pour être les meilleurs [25] ».

Voilà pourquoi un groupe sert d’incubateur et transmetteur d’un message s’il est maintenu en-deçà de 150. C’est ainsi que les groupes de lecture des Divins secrets des petites Ya-Ya étaient suffisamment petits pour assurer une véritable harmonie.

c’) La mémoire transactionnelle

1’’) Le fait

Un autre dynamisme semble être ce que Daniel Wegner, psychologue de l’université de Virginie, appelle mémoire transactionnelle [26]. Il a, en effet, constaté que chacun ne peut pas tout retenir ; plus encore, spontanément, les personnes ne cherchent pas à tout mémoriser parce qu’elles savent que d’autres personnes prennent en charge les informations qu’elles ne peuvent retenir. Ce fait se constate fréquemment dans les couples. Posons à nouveau la question : jusqu’à quelle taille, un groupe exporte ou délègue sa mémoire aux autres ?

Or, une expérience de Wegner a testé la mémoire auprès de 59 couples qui se fréquentaient depuis au moins 3 mois. Il a séparé les partenaires de la moitié des couples et leur a demandé de faire équipe avec quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas. Par ailleurs, les partenaires des autres couples sont restés ensemble. Wegner a donc séparé d’un côté ceux qui se connaisaient et ceux qui ne se connaissaient pas. Puis, il a demandé à toutes les équipes de prendre 5 minutes pour lire 64 énoncés dont un terme devait être retenu. Enfin, elles ont dû inscrire le plus grand nombre d’énoncés possibles.

Le résultat a montré que les couples originaux (se connaissant) avaient mémorisé considérablement plus d’informations que les couples reconstitués (ne se connaissant pas). Donc, non seulement les couples, mais les groupes procèdent par mémoire transactionnelle, c’est-à-dire délégation de mémoire. Voilà pourquoi, dans l’autre sens, un divorce ou un deuil sont si douloureux : à cause de la perte de tout un pan de la mémoire commune.

2’’) Une interprétation

Interprétons brièvement ce dernier dynamisme. Ainsi, la mémoire n’est pas seulement une capacité individuelle, mais une capacité collective. Non pas au sens où existerait une instance sous-jacente, une sorte de principe commun, mais au sens où elle se répartit entre les personnes. Plus précisément, les personnes qui sont en communion – même en communion faible – agissent comme un tout un, un tout d’ordre ; or, des êtres spirituels sont doués d’intelligence, de volonté et de mémoire ; donc, un tout spirituel s’unifie par un exercie commun de la mémoire. Alors qu’une conception moniste défendrait une impossible unité antécédente, un monopsychisme dévastant les singularités, une conception justement plurielle défend une conception de l’unité finale, postérieure, qui est le fruit d’une communion sans confusion.

7) Évaluation critique

a) De grands mérites

La seule lecture de l’analyse montre combien le contenu du Point de bascule est riche de sens et la présentation très pédagogique.

Non seulement l’ouvrage confirme massivement la dynamique du don, mais il établit l’importance de dédoubler la médiation entre donateur et récipiendaire : certes, le don, ici l’information décisive ; mais aussi l’esprit du don qu’est le milieu (« Le pouvoir du contexte ») qui est à ce point important qu’il retient l’attention de deux chapitres (4 et 5)

b) Quelques réserves

Une première remarque critique concerne le nom d’épidémie ou de contagion empruntés au lexique médical. Si, génériquement, ils désignent des processus de diffusion, qui sont neutres, l’adjonction de la différence spécifique, d’un germe, est négativement connotée.

Par ailleurs, l’approche anthropologique est comportementaliste, donc s’arrête au seuil de l’intériorité. De fait, l’épidémie n’est pas qu’un nom commode, c’est aussi un modèle. Or, autant l’épidémie est un phénomène en grande partie biologique, autant les processus étudiés sont sociaux. Mais le monde proprement humain est en partie spirituel et l’esprit est irréductible à la matière. Donc, le modèle est naturaliste ou réductionniste. Le concept d’« épidémie sociale » employé dans le livre [27] est au minimum un oxymore, au maximum une contradiction.

Le schéma du don qui va bientôt être rappelé montre l’importance du récepteur ; or, dans l’interprétation du Point de bascule, l’attention se porte sur le messager (le donateur), le message (le don) et le milieu, mais point sur le destinataire du message qui, justement, est lié par le milieu. Donc, l’analyse devrait s’enrichir par l’analyse de la réception. Ricœur notait déjà que les analyses de la triade maussienne n’avaient pas assez exploré cette réceptivité.

8) Reprise dans la perspective du don

Nous avons éclairé chemin faisant certains principes, comme la nécessité de l’univocité, de la narration, mais aussi du monologue, pour la qualité et donc l’adhérence du message adressé à un petit enfant, ou comme l’unité fondée la mémoire transactionnelle, c’est-à-dire la communion finale. Centrons-nous ici sur la métaphysique de l’être-don.

Pour une fois, le don représente non seulement l’objet formel, c’est-à-dire la perspective ou la lumière de la reprise, mais son objet formel. En effet, l’ouvrage traite de la contagion, nom malheureux pour dire la communication, la diffusion ; or, celles-ci se fondent sur la donation, sur la dynamique de transmission qui est celle d’une information et, plus profondément, d’un don, cognitif et autre.

a) La dynamique du don

Tout le dynamisme du point de bascule ne se contente pas d’épouser la structure (le donateur qui est l’informateur et le récepteur qui est la cible bénéficiaire de l’information) et les moments du don (nous avons vu que le récepteur de l’information se transforme bientôt en retransmetteur, le plus souvent en cascade ou parfois, plus rarement, en boucle), il l’enrichit : nous allons le redire, mais le donateur se dédouble, voire se réfracte triplement en maven, créateur d’information, connecteur, transmettant à l’identique l’information, et en vendeur, qui la proportionne.

Mais il y a plus. L’épidémie social confirme les deux grandes médiations de ma rythmique dative : le don (passif), à savoir l’information, à travers le principe d’adhérence, ; et l’esprit du don, à savoir le milieu à travers le pouvoir du contexte.

b) Le connecteur

La présence des connecteurs enseigne au moins deux choses.

En premier lieu, même si toute personne a pour vocation de se donner et vivre de la communion, certains sont naturellement prédisposés à entrer en relation, ont un véritable talent à mettre en connexion.

En deuxième lieu, contre une interprétation hâtivement moniste, la présence des connecteurs permet de comprendre les corrélations efficaces et rapides entre les personnes sans avoir besoin de faire appel à une trop hypothétique « intelligence collective », à une sorte d’âme du monde. Quelques intermédiaires prédisposés, par propension à la relation, suffisent à rendre compte de cette anastomose généralisée. Telle serait même la vocation de ces caractère présentant un fort tropisme relationnel : mettre en place de ce tissu conjonctif. De même que certains tempéraments travaillent plus à la créativité individuelle, voire à l’individuation, de même d’autres, complémentaires, opinent à moléculariser les atomes. L’ennéagramme, par exemple, permet de repérer de telles inclinations, plus individuantes ou plus prosociales.

En troisième lieu, nous avons vu que le connecteur épouse étroitement la loi du don. Son génie vient de ce qu’il ne garde pas pour lui ce qu’il a reçu d’un autre. Or, telle est la dynamique dative : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement », dit le Christ (Mt 10,8).

c) Les mavens

La distinction entre maven et connecteur structure la dynamique du don : autre le « créateur » du don (le don 1), autre son transmetteur (entre don 1 et don 2).

Les justiciers (ou mavens) du marché attestent, là encore, l’heureuse diversité et complémentarité des tempéraments ou des propensions des personnes composant l’humanité. Selon la typologie développée par l’ennéagramme, autre est le type 2 qui est prédisposé à la générosité, autre est le type 6 qui est prédisposé à la veille et même à la surveillance.

d) Le contexte

Le troisième facteur de Gladwell, le contexte, invite à une relecture de la table aristotélicienne des catégories, et cela à la lumière du don. En effet, la notion d’esprit du don (le hau cher à Marcel Mauss) seul peut expliquer le lien entre donateur et receveur. Or, l’esprit a pour mission de porter le don (datum) et, par lui, le donateur qu’il symbolise, à l’intime du récepteur, établissant ainsi un cœur à cœur. Dès lors, le milieu externe qui sépare et unit les acteurs du don au dehors se prolonge au dedans. Son influence, son pouvoir, est donc beaucoup plus considérable que ce qu’une vie trop solipsiste pourrait accroire.

e) Ouverture théologique

Nous disions plus haut que le point de bascule est une concrétisation anthropologique de la méta-loi : « Petite cause, grands effets ». Mais l’on pourrait prolonger l’analogie en l’élargissant, de l’ordre des corps et de l’ordre des esprits, au troisième ordre pascalien, celui de la charité : telle est la logique de l’Incarnation (le Verbe enfoui à Nazareth), de la Passion (le grain de blé mourant en terre qui porte un fruit de rédemption universelle) et de la sanctification-divinisation (la semence de la grâce infusée sans bruit par l’Esprit qui s’épanouit en sainteté).

f) Ouverture triadologique [28]

Ces réflexions se prolongent, par induction scalaire, en une méditation sur le mystère trinitaire.

Il est possible d’exténuer le don symbolisant jusqu’à ce qu’il disparaisse. Tel est le cas, unique, de la donation, immédiate et totale, du Père au Fils.

En revanche, il est impossible de se passer de la seconde médiation, pneumatique, entre donateur et receveur, et bientôt entre les deux personnes en communion. En effet, l’amour exige l’altérité des amants. Jusqu’en Dieu, les termes de l’amour sont réellement distincts. Mais ce qui est distinct doit aussi être uni : toute cause meut par contact et non pas à distance. Comment donc répondre à ces deux injonctions apparemment contradictoires : la distance et la proximité ? En « inventant » un troisième terme qui connecte les sujets (substances) sans être lui-même un sujet (une substance). Or, en Dieu, tout est Dieu. Donc, celui qui fait l’unité doit aussi être Dieu, précisément Personne divine. Autrement dit, en Dieu aussi, il y a un milieu divin. Et tel est l’être et la raison d’être de l’Esprit. Si Père et Fils exclut toute médiation dative (datum), ils exigent en revanche une médiation pneumatique.

Une telle affirmation se heurte aussitôt à une difficulté majeure. Dans le Dieu unitrine, les Personnes procèdent selon un certain ordre : le Père la Source sans source, y compris de l’être de Celui qui le reçoit, le Fils ; et l’Esprit est celui qui procède du Père et du Fils. Il faut donc à la fois affirmer que l’Esprit provient du Père et que, pourtant, il permet au Fils d’advenir à partir du Père. De même que le Père est alpha et oméga (Ap), de même, l’Esprit est la fois osculum et fructum (dans le vocabulaire balthasarien : Esprit subjectif et Esprit objectif). En ce sens, l’analogie familiale pèche.

Plus encore que le récepteur, le médiateur est menacé d’être infériorisé, voire oublié. L’Esprit qui est communion, Personne-Amour parce qu’il est la Personne-communion, atteste l’humilité maximale de Dieu. Sans visage ni parole, il les permet : il donne la parole et permet l’incarnation.

Si l’Esprit possède une telle dignité qu’il est Dieu, c’est donc que ce milieu unifiant est aussi important que présent. On le conçoit sans difficulté au plan matériel – à partir, par exemple, du champ (cf. Jüngel) – et spirituel – comme médiation unifiante autant qu’enveloppante. En revanche, comment se le représenter métaphysiquement ? Les couples catégoriels premiers, comme puissance et acte, ou substance et accident, semblent se passer d’une instance médiatrice.

Par l’importance accordée à cette médiation pneumatique, nous sommes ainsi embarqués à donner autant d’attention à l’espace qu’au temps. De même que l’espace est passage du passé à l’avenir par la médiation du présent, de même le lieu est passage du dedans au dehors par la médiation de la surface. Notre Occident a trop valorisé les êtres, y compris, hors tout substantialisme, dans leur histoire et leur ouverture dynamique, au détriment du lien entre eux. Entre fluidification désubstantialisante (bouddhisme zen) et monadisation individualiste (solipsisme moderne, la relation doit donc être considérée non pas seulement comme esse ad, mais comme esse inter.

Pascal Ide

[1] Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 128.

[2] Cf. Gabriel Rotello, Sexual Ecology.

[3] Raconté par Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 132.

[4] George L. Kelling & Catherine M. Coles, Fixing Broken Windows, New York, Touchstone, 1996, p. 20.

[5] Pour le détail, je me permets de renvoyer à Pascal Ide, Manipulateurs. Les personnalités narcissiques : décrire, comprendre, agir, Paris, L’Emmanuel, 2016, p. 149-155.

[6] Cf. Craig Hainey, Curtis Banks et Philip Zimbardo, « Interpersonal dynamics in a simulated prison », International Journal of Criminology and Penology, 1973 (1), p. 73.

[7] La citation est tirée du film « The Stanford Experiment », de l’émission de CBS, 60 Minutes, diffusée le 30 août 1998.

[8] Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 142. Souligné dans le texte.

[9] Cf. Hugh Hartshorne et Mark A. May, Studies in the Nature of Character. Vol. 1. Studies in Deceit, New York, MacMillan, 1928.

[10] Hugh Hartshorne et Mark A. May, « Studies in the organization of character », Munsinger, Readings in Child Development, New York, Holt, Renhart and Minston, 1971, p. 190-197.

[11] Cf. John M. Darley & C. Daniel Batson, « ’From Jerusalem to Jericho’: A study of situational and dispositional variables in helping behavior » ; Journal of Personality and Social Psychology, 27 (1973) n° 1, 100-108. https://dx.doi.org/10.1037/h0034449

[12] Cf. Richard E. Nisbett & Lee Ross, The Person and the Situation, Philadelphie, Temple University Press, 1991.

[13] Cf. Lee D. Ross, Teresa M. Amabile & Julia L. Steinmertz, « Social roles, social control, and biases in social-perception process », Journal of Personality and Social Psychology, 35 (1977) n° 7, p. 485-494.

[14] Cf. Judith Rich Harris, Pourquoi nos enfants deviennent ce qu’ils sont, trad., Paris, Laffont, 1999.

[15] Walter Mischel, « Continuity and change in personality », American Psychologist, 24 (1969), p. 1012-1017.

[16] Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 128 et 129. Souligné dans le texte.

[17] Ibid., p. 129, 140, etc.

[18] Ibid., p. 138.

[19] L’histoire est racontée par Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 155-157.

[20] Ibid., p. 160.

[21] Cf. George A. Miller, « The magical number seven, plus or minus two. Some limits on our capacity for processing information », Psychological Review, 63 (1956) n° 2, p. p. 81-97.

[22] Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 162.

[23] Cf. son excellent ouvrage de vulgarisation : Robin Dunbar, Grooming, Gossip, and the Evolution of Language, Cambridge, Harvard University, 1996.

[24] Robin Dunbar, « Neocortex size as a constrint on group size in primates », Journal of Human Evolution, 20 (1992) n° , p. 469-493.

[25] Témoignage rapporté par Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 171.

[26] Cf. Daniel Wegner, « Transactive memory in close relationships », Journal of Personality and Social Psychology, 61 (1991) n° 6, p. 923-929 ; « Transactive memory. A contemporary analysis of the group mind », Brian Mullen & George Goethals (éds.), Theories of Group Behavior, New York, Springer Verlag, 1987, p. 200-201.

[27] Par exemple, Malcolm Gladwell, Le point de bascule, p. 59.

[28] Triadologie ou théologie trinitaire…

9.5.2019
 

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