Les trois connaissances de Dieu

Article paru dans Du côté de la Trinité

Il était une fois un paysan nommé Timothée qui vivait dans le royaume d’un roi très bon. Il voulut un jour connaître son roi. Il monta à son palais, car celui-ci était sur une haute montagne. Comme il n’était pas gardé, il pénétra sans difficulté dans le palais. Il était immense. Chaque pièce l’émerveillait, tant elle était belle, arrangée avec soin, harmonieusement disposée par rapport aux autres. De plus, rien n’avait été laissé au hasard : le roi soignait tous les plus petits détails. Il y avait de grandes salles pour accueillir les plus pauvres du royaume. « Que le roi doit être bon, songeait Timothée ! Et qu’il doit être sage pour avoir ainsi pensé à tout ! » Mais plus Timothée parcourait les différentes salles, plus il se sentait triste : cela faisait déjà plusieurs jours qu’il était dans l’immense palais et il avait rencontré d’autres personnes qui, elles aussi, examinaient les pièces, mais nulle part il n’avait vu le roi. Timothée s’assit, se prit la tête dans ses mains et se mit à pleurer. Il sentit une main qui se posait doucement sur son épaule. Levant les yeux, il vit un beau visage jeune qui le regardait avec tristesse. « Vous êtes le roi ? demanda Timothée avec élan. – Oh non, je suis son fils. » Timothée se résigna : il en apprendrait tout de même plus qu’en faisant l’inventaire des pièces du château.  » J’aimerais tant voir le roi votre père. – Lui aussi il aurait tant de plaisir à vous voir. Il a toujours beaucoup de plaisir lorsqu’on cherche à le connaître. – Alors ne tardons plus. – Mais mon père souhaite que l’on passe toujours par moi. – Parlez-moi de lui. – J’ai toujours plaisir à parler de mon père, je l’aime tant. Et il paraît que je lui ressemble tant que me voir, c’est voir mon père. – Il est donc impossible de le voir ? – Si vous croyez en ce que je vous dis, vous le verrez. – Mais quand ? » Et Timothée se mit de nouveau à pleurer. « Croyez simplement ce que je vous dirai, et vous le verrez, répéta le fils en souriant. »

 

Il y a trois manières possibles de connaître Dieu, et c’est elles trois que Timothée a croisées :

– Par l’intelligence humaine laissée à elle seule : c’est la connaissance naturelle de Dieu. Comment une telle connaissance est-elle possible ? Tout simplement parce que le monde n’a pas en lui sa raison d’être. De même qu’un enfant dit quelque chose de ses parents, ou un vase du potier qui l’a pétri, de même l’univers dit-il quelque chose de son Auteur. D’ailleurs son origine comme son terme échappent aux prises de la science (c’est ce que suggère la théorie du Big Bang). Mais que dit le cosmos de son Créateur ? D’abord qu’il existe. Et sur sa nature ? En fait l’univers nous dit davantage ce que Dieu n’est pas que ce qu’il est : il n’est pas matériel, il n’est pas fini, il n’est pas mortel, etc… Il nous dit tout de même que Dieu est bon, sage, beau (« cosmos » a donné cosmétique !).

La Bible elle-même parle de cette connaissance naturelle par exemple dans l’Epître aux Romains (chapitre 1, versets 19 à 21 ; cf. aussi Sagesse, chapitre 13, versets 1 et suivants).

– Par la foi en la Révélation biblique: Cette connaissance laisse donc l’homme sur sa faim. Mais comment en savoir plus sur Dieu si lui-même ne vient pas, gratuitement, par pur amour, nous parler de Lui ? Il doit lever le voile, c’est-à-dire proprement se révéler. Voilà pourquoi on dit que cette connaissance est révélée : on l’appelle Révélation. Or Dieu est venu parler de Lui en Jésus-Christ, car celui-ci est Dieu (plus précisément Fils de Dieu fait homme). Dieu s’est fait connaître par un autre livre que le grand ouvrage de la Nature : par le livre de la Bible transmis par l’Eglise. Désormais l’homme connaît Dieu non plus seulement de l’extérieur, comme dans la connaissance naturelle, mais, grâce à l’Esprit-Saint, en son intimité : la Révélation chrétienne nous apprend ainsi que Dieu n’est pas solitaire, mais qu’il est communion d’amour. Cependant si la connaissance humaine est incapable d’accéder à une telle intimité, il faut un don de Dieu, et c’est le don de la foi. Et le plus grand désir de Dieu est que tout homme croit en lui et le connaisse.

– Par la vision face à face, enfin. Mais la foi laisse encore l’homme insatisfait : en effet, lorsque nous lisons la Bible, nous croyons ce que nous lisons, nous ne le voyons pas. C’est dans l’obscurité de la foi que nous nous approchons désormais de Dieu et que nous découvrons l’admirable dessein d’amour qu’il a formé pour l’homme. Même s’il vaut infiniment mieux connaître qui est Dieu dans l’obscurité de la foi que savoir clairement ce qu’il n’est pas, ne vaut-il pas mieux Le voir que seulement Le croire ? Il existe en fait une troisième connaissance de Dieu qui comble l’homme au-delà de tout ce qu’il peut imaginer : c’est la connaissance face à face.

Là plus que jamais cette connaissance est le fruit d’un don de Dieu, et ce don est la gloire. Aussi qualifie-t-on cette connaissance de glorieuse. Mais nul ne peut voir Dieu en face sans mourir, tant cette connaissance dépasse nos capacités. Aussi la connaissance glorieuse n’existera que dans la vie éternelle lorsque nous aurons traversé la mort. Voilà aussi pourquoi le chrétien ne croit pas en la réincarnation, tant il serait inhumain de repousser l’échéance bienheureuse où nous verrons Dieu tel qu’il est : « Car la vie éternelle, c’est de te connaître Toi le seul vrai Dieu. » (Jean, chapitre 17, verset 3)

Mais comment accéder à cette connaissance ? Jésus nous l’a appris : « Je te dis que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (Jean, chapitre 11, v. 40) Le fruit de la foi, c’est la vision face à face : la gloire est à la foi, ce que le chêne est au gland.

Pascal Ide

30.5.2019
 

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