A l’occasion de la sortie ce 4 octobre de l’ouvrage Puissance de la gratitude. Vers la vraie joie aux éditions de l’Emmanuel :
1) Quels liens existe-t-il entre la gratitude telle que développée depuis plusieurs décennies par la psychologie positive et la gratitude chrétienne ? Y aurait-il une gratitude spécifiquement chrétienne ?
Notons d’abord le point commun : chaque fois, il s’agit de la réponse à un bienfait, un don gratuit. Maintenant, au moins triple est la différence. Primo, la psychologie fait de la gratitude d’abord un sentiment, la Bible et la Tradition chrétienne, un acte, voire une vertu. Secundo, la première remercie l’autre, parfois la Nature ou la Vie, alors que, dans l’Écriture, l’action de grâces est adressée à Dieu et, plus rarement, à la personne (cf. Mt 8,10 ; Mt 16,28). Tertio, dans la perspective de la psychologie positive, la louange est centrée sur le bien-être de la personne – je remercie pour me sentir bien, ce qui est très compréhensible –, alors que la louange chrétienne est centrée sur le Donateur divin (cf. Jc 1,17) et peut même aller jusqu’à bénir Dieu alors que je ne perçois aucun bienfait apparent.
2) Quels sont les fondements bibliques de la gratitude ?
Une parole du Christ résume merveilleusement la dynamique de la gratitude : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8). Prononcée au centre du discours sur la mission, elle exprime le cœur brûlant de la reconnaissance : plus le cœur reçoit l’amour gratuit et bouleversant de Dieu, plus il se sent appelé à le redonner dans l’évangélisation, et dans toute sa vie. C’est l’attitude même de Marie à la Visitation : par son témoignage, le Magnificat, et le service rendu à sa cousine, elle répond au don inouï reçu à l’Annonciation (cf. Lc 1,39-56).
3) La gratitude peut sembler à certains croyants comme une « injonction ». Dès lors, s’ils ne sont pas dans la gratitude, ils peuvent se sentir coupables. Comment sortir de cette spirale ?
La gratitude se compose de trois actes : la reconnaissance du bienfait et de sa gratuité ; le sentiment éprouvé en prenant conscience de cette gratuité ; l’acte de retour. Les études montrent que, pour ressentir la gratitude, il est préférable de décrire en détail un événement et de se laisser imprégner par lui, que de décrire cinq événements en général.
Nos louanges sont donc d’autant plus vécues comme des impératifs que je ne prends pas le temps de préciser ce que Dieu a fait pour moi aujourd’hui et de le goûter. Tout à l’inverse, si, chaque soir ou chaque matin, j’écris sur un petit carnet les dons de Dieu (journal de gratitude), alors je ressens une joie durable et le désir de donner amour pour amour.
4) Quels sont les fruits spirituels de la gratitude ?
Multiples sont les bienfaits : somatiques, psychiques, éthiques, relationnels et surnaturels. Une recherche fameuse a comparé des personnes à qui ont avait demandé d’écrire, pendant trois semaines, les événements déplaisants ou au contraire heureux de la journée. Résultats : les personnes du deuxième groupe étaient considérablement plus enthousiastes, mieux disposées à agir et plus déterminées, plus heureuses et détendues, plus inclinées à aider l’autre et plus désireuses d’avancer spirituellement.