Etudes de cosmologie philosophique (recension)

Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 137 (2015) n° 3, p.499.

Michel Bastit, (éd.), Études de cosmologie philosophique, coll. Ouverture philosophique, Paris, L’Harmattan, 2013

La parution d’un ouvrage de philosophie de la nature en français est un événement, au sens propre du terme : une nouveauté imprévisible et une rareté. Le caractère apparemment vague du titre cache en fait un jeu de mots peut-être involontaire : il s’agit bien d’études en cosmologie philosophique, mais portant sur la cosmologie scientifique, c’est-à-dire l’étude scientifique du cosmos, dont on sait qu’elle ouvre à des questions proprement philosophiques sur le temps, l’origine, etc. Précisément, les textes réunis sont le fruit d’une journée d’étude qui s’est tenue à Nancy dans le cadre des Archives Poincaré. Le parcours de la table des matières ne laisse pas apparaître un ordre patent. Si, à la suite du préfacier Michel Bastit, l’on se permet une lecture saltatoire de ces exposés de taille variable (de 15 à 50 pages), on pourrait distinguer six approches physiques et deux approches métaphysiques. Parmi les premières, quatre affrontent la question de la causalité : les limites de la conception humienne de la causalité, voire de l’approche empirico-formelle de l’univers (Michael Heller, en anglais), et celles de l’identification entre causalité et asymétrie (Éric Trelut) ; la cause efficiente originaire de l’univers (Éric Bois) ; la cause finale du cosmos à partir des réglages fins (Hervé Barreau). Une étude s’affronte à la question d’une Intelligence qui serait à la source des lois naturelles régissant le cosmos (Lydia Jaeger) et une autre à celle de l’hypothèse coûteuse des multivers (Francisco Soler-Gil). Une première étude métaphysique argumente à partir de l’existence de l’individu univers pour remonter à sa cause incausée (David Bézier) et une seconde évalue l’argument cosmologique par le commencement, dit du Kalam (Yann Schmitt).

Ces études s’inscrivent dans la tradition oxfordienne encore trop ignorée en France de la Natural Theology (par exemple illustrée par Swinburn), non seulement dans leur contenu, mais aussi, pour un certain nombre, dans leur présentation, c’est-à-dire un certain formalisme qui a le mérite de la clarté.

Pascal Ide

22.7.2018
 

Les commentaires sont fermés.