Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 138 (2016) n° 4, p. 684.
Françoise Rougeul, Guérir les blessures affectives, Paris, DDB, 2014.
Psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute familiale, l’A. propose ici une méthode thérapeutique élaborée au cours de 19 années de pratique au Centre spirituel du Châtelard (Lyon), durant des sessions de cinq jours. Cette méthode procède en deux temps : identifier la blessure initiale ; en découvrir la fécondité, c’est-à-dire « découvrir quelles sont les compétences qui se sont développées, non pas malgré ces blessures, mais à cause d’elles » (p. 33). P. ex., Théoneste, Père blanc tutsi, a subi le traumatisme du génocide rwandais et est accablé d’un sentiment de trahison subie ; par la session, il prend conscience que « tout le monde, y compris lui-même, a des possibilités de trahison » (p. 34-41, ici p. 41).
Après avoir présenté son itinéraire (chap. 1), l’A. offre différentes vignettes cliniques (chap. 2), détaille le déroulement de la session et les outils (chap. 3), puis les différentes théories utilisées (chap. 4).
Deux questions, d’inégale importance. Pourquoi, écrit à deux mains (avec le jésuite Alain Feuvrier), l’ouvrage n’est-il pas cosigné par les deux auteurs ? Surtout, la thérapie est fondée sur un postulat : « On ne peut pas faire disparaître ces blessures [affectives] » (p. 16). Passons le fait que cette affirmation contredit le titre. Dans l’événement traumatique, je distinguerai l’événement qui demeure toujours dans la mémoire et le trauma qui, lui, grâce à certains outils, peut guérir. Or, si Françoise Rougeul mobilise heureusement différents moyens (psychanalyse, approche systémique et théorie contextuelle), elle ne paraît pas prendre en compte d’autres ressources, dont l’efficacité est amplement validée (p. ex., plus de 600 études montrent celle de l’EMDR, Eye Movement Desensitization and Reprocessing, notamment sur les stress post-traumatiques).
Pascal Ide