La méditation pleine conscience est elle catho-compatible ?

Je résumerai une intervention faite dans le cadre d’un colloque intitulé Méditation, prière et neurosciences, et organisé par l’Association des scientifiques chrétiens, à l’espace Bernanos, à Paris, le vendredi 17 janvier 2025, en six propositions principales :

  1. Telle qu’elle est élaborée par Jon Kabat-Zin et complétée par Christophe André, la méditation pleine conscience (MPC) est découplée de son origine bouddhiste (en l’occurrence, le vipassanā) et de ses interprétations notamment non-duelles, donc est pleinement laïcisée, c’est-à-dire est philosophiquement et spirituellement (religieusement) neutre.
  2. Ainsi que de très nombreuses études scientifiques l’attestent, la MPC est très bienfaisante et même guérissante. Elle agit sur le corps et le psychisme, elle transforme les relations à soi-même et avec autrui.
  3. Ayant écarté la tentation discordiste, conjurons la tentation concordiste en affirmant que la MPC est par nature distincte de la méditation chrétienne quant à son objet (soi-même ou le milieu d’un côté, Dieu de l’autre), sa fin (d’abord égocentrée, ce qui ne signifie pas narcissique, et potentiellement altruiste, d’un côté, théocentrée, donc radicalement désintéressée, de l’autre) et sa cause (libre d’un côté, surnaturelle de l’autre).
  4. Essentiellement (c’est-à-dire par essence) distincte de la foi, notamment en relevant de la nature et non pas de la grâce (le surnaturel), la MPC peut, existentiellement, être une aide précieuse dans la pratique chrétienne, non seulement dans la prière, mais aussi dans l’agir éthique.
  5. Si la mindfulness est plus qu’une simple technique, méthode ou aide psychothérapique, il est moins qu’une sagesse (informant une vie). Il est un art de vivre, précisément, un art de la réceptivité qui muscle avec une grande concrétude (en proposant des exercices) et une particulière efficacité (objectivée par l’expérience et l’expérimentation) l’attention, cette disposition vertueuse du cœur.
  6. Au ras même du précieux chemin d’humanisation qu’elle propose, la MPC ne saurait toutefois suffire. Cette présence (attention) au présent (actualité) du présent (don) demande à être complétée par un quadruple passage : du donné au don par le désir; du don au donateur par la gratitude(par exemple, Jomin) ; de la réceptivité à la donation à soi-même par l’exercice de la liberté (par exemple, Vittoz) ; de l’intériorisation transformante et autonome au don en retour par l’amour désintéressé.

Pascal Ide

23.1.2025
 

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