Une énigme estivale à déchiffrer pas à pas

Une fois n’est pas coutume, en ce temps estival qui rime avec festival, je souhaite vous proposer, fidèle follower ou occasionnel exploreur, … une énigme à résoudre.

J’ai toujours été fasciné par les romans ou les nouvelles à énigmes (au premier rang desquels les Arsène Lupin et les Sherlock Holmes), ou bien par les énigmes dans les romans (comme celle ouvrant la porte de la Moria dans Le Seigneur des anneaux, et même celles parsemant le Da Vinci Code [oui, vous avez bien lu !]). Sans doute parce qu’elles font appel au deuxième ordre de Pascal, celui de l’esprit, au lieu d’en demeurer au premier ordre, celui des corps et des psychismes, comme les hasards des rebondissements et l’arbitraire de la force. Mais surtout parce que l’énigme est la projection ludique du mystère ontologique, et les aventures du chercheur de trésor perdu une parabole de l’aventure du chercheur sapientiel de vérités nouvelles.

Mais foin de ces explications philosophiques ! J’ai promis une énigme. Je gardais un souvenir d’enfance ébloui de sa clé astucieuse, mais point de tous ses détails. Surtout, je la croyais définitivement égarée. En furetant dans la maison de campagne, ô joie, je l’ai retrouvée. Mais derechef, foin de ces explications autobiographiques qui vont finir par ressembler à des autojustifications ! Voici le texte de l’énigme [1] :

 

Au moment de mourir dans sa maison, un vieil homme méfiant songe à laisser à son fils unique le secret de la cachette où il a enfoui son héritage. Mais ce fils est loin de lui et il craint que sa lettre ne soit lue par d’autres. Aussi s’emploie-t-il à dissimuler ce secret dans sa lettre plutôt que d’indiquer clairement l’endroit où gît le trésor. Grand amateur d’énigmes, à l’instar de son père, le fils n’est pas dérouté.

Lisez et relisez attentivement la lettre. Elle contient à la fois le secret et la méthode pour le découvrir. Elle demande que certains mots soient pris dans leur richesse polysémique.

 

Cher fils,

Achevant ma vie alors que tu es loin

de moi, mon plus cher désir est de te lais-

ser mes biens. Or, craignant que l’on ne vo-

le tous mes gros sous, je n’ose te confier

plus clairement dans la présente lettre le

coin précis dans lequel se cache mon magot.

Cependant je peux faire confiance à

ton astuce et à ton flair de chercheur d’é-

nigmes pour te rappeler ma remarque souvent

faite que c’est toujours une recherche pas

à pas en jetant sa ligne sans hâte de plus

en plus loin qui permet d’aboutir enfin, à la

pêche ou dans la vie, à la réussite. Je cachet-

te ce pli assuré que tu réussiras l’épreuve.

 

Je n’ai pas cherché sur ce grand Déniaiseur importun qu’est la Toile, si l’énigme et sa solution s’y trouvaient. En tout cas, je vous octroie une semaine pour faire passer votre encéphale du mode passif au mode actif, ce qui, assurent les chercheurs, est la meilleure prévention contre les maladies neurodégénératives… Et si vous trouvez d’ici là la solution, je vous saurais gré de ne la poster que le dernier jour !

Pascal Ide

[1] Roger La Ferté et François Diwo, 100 nouveaux jeux, coll. « Le Livre de poche » n° 3347, Paris, Librairie Générale Française, 1972, p. 120 : « Le secret de l’héritage ». Je me suis permis d’en modifier la présentation.

9.8.2023
 

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