Persona, corpo, natura (recension)

PIANA G., Persona, corpo, natura. Le radici di unietica « situata », coll. Gdt 391, Brescia, Queriniana, 2016. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 139 (2017) n° 4, p. 674-675.

Enseignant émérite en éthique chrétienne à l’ISSR d’Urbino et auteur de nombreux ouvrages en théologie morale (dont un vaste cours en 6 vol. chez le même éditeur), l’A. regroupe ici six articles convergeant vers une philosophie et une théologie morale fondamentale à même d’affronter les questions actuelles.

Une 1re partie (chap. 1), topique, analyse la crise de l’éthique qui trouve ses racines chez Nietzsche et se développe, en postmodernité, dans le courant de la « pensée faible» (Vattimo) et de l’éthique procédurale (Rawls). Ainsi se dessine un modèle alternatif fondé « sur une forme de raison moins arrogante et plus historique que la raison métaphysique ›› (p. 9). Une 2ème partie en élabore deux piliers : le corps (chap. 2) et la nature (chap. 3). Dépassant la dialectique du matérialisme du corps-objet et de l’idéalisme du corps-sujet, l’A. élabore, avec Ricœur, une éthique du corps-symbole comme ouverture au monde et à l’autre. Dépassant la conception physiciste de la nature et de la loi naturelle, il en propose une lecture personnaliste. Tout en élaborant davantage le troisième pilier, la personne, puisque celle-ci constitue le référent et la norme ultimes, une 3° partie applique ces principes à des questions éthiques particulières : la bioéthique (chap. 4), la refondation éthique de la politique (chap. 5) et les sujets éthiquement « sensibles » sur la sexualité, la famille et la vie (chap. 6). On louera l’intention de parler à l’homme d’aujourd’hui son langage, la clarté du propos et le souci de tenir ensemble idéalité des valeurs et fragilité de l’humain. En revanche, on refusera clairement cette vision caricaturale de la métaphysique, jamais affrontée comme telle, et plus encore cette éthique situationniste qui, dénuée d’une solide conception de la vérité et de l’être (à rebours de ce que fait Veritatis splendor), est incapable d’offrir des critères précis autres que celui très général du respect de l’homme, pour éclairer les questions urgentes concernant notamment l’éthique de la vie et de la famille. – P. Ide

5.8.2020
 

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