L’homme est fait pour donner

L’homme est fait pour donner. De son argent, de son temps, de sa personne. Donner, c’est si beau que Florent Pagny le chante (et le gestue), sur des paroles de Pascal Obispo dans son superbe « Savoir aimer », qui fut le tube de 1998 : « Savoir aimer / sans rien attendre en retour […]. Savoir donner / donner sans reprendre / ne rien faire qu’apprendre / apprendre à aimer / aimer sans attendre ».

Plus encore, à l’image de Jésus son Sauveur, le chrétien est appelé à payer de lui-même. Et s’il l’oublie, son entourage, lui, se charge bien de le lui rappeler… « L’essence la plus profonde de l’amour, disait Edith Stein, c’est le don de soi. »

Mais qu’il est difficile de donner sans compter !

Difficile jusqu’au jour où l’on comprend que donner est une réponse. Nous ne donnons que par surabondance. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Mt 10,8) Et saint Jean précise : « C’est Dieu qui nous a aimés et a envoyé son Fils. Bien aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » (1 Jn 4,10-11) Qui s’est donné l’existence ? Plus encore, qui est l’auteur de la vie divine, de la vie de la grâce en lui ? La grâce d’aimer est d’abord l’action de grâces d’être aimé. Nous ne sommes obligés (par obligation) que parce que nous avons conscience d’être des obligés (par obligeance).

Nous avons tellement appris à dominer les choses, à contrôler nos sentiments, à maîtriser les situations et les personnes que nous ne savons plus voir combien tout cela nous est donné.

Pourtant, regardez comment est fait l’homme. Pour la Bible, la personne est visage, cœur et mains : visage pour voir, entendre, goûter, bref pour recevoir ; cœur pour accueillir et garder ; mains pour agir et donner. Mais dans l’ordre : recevoir, puis garder (donc avoir une sincère estime de soi), pour enfin redonner.

Alors, le don est-il facultatif ? Nous avons l’immense chance de savoir que le secret du bonheur tient dans un humble mot de trois lettres : don. Pour reprendre une image de Simone Weil (la philosophe), nous sommes faits pour donner comme une émeraude est faite pour être verte[1].

Pascal Ide

[1] Simone WEIL, Œuvres complètes, tome 6, vol. 4, Paris, Gallimard, p. 171.

13.10.2018
 

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