Les 4 sens de la nature Chapitre 12 Annexe 23 : L’entraide dans le monde végétal

Le phénomène d’entraide existe aussi dans le monde végétal. C’est un écologue de l’université du Montana (aux États-Unis) et ses collègues qui, les premiers, l’ont observé de manière systématique. Dans les années 1990, ils ont comparé la situation des arbres au fond des vallées et celle sur les flancs de montagne, en particulier la distribution des pins à écorce blanche (Pinus ablicaulis) et des sapins des Rocheuses (Abies lasiocarpa) ; or, dans la première situation, les conditions de vie sont agréables, alors qu’elles sont rudes dans la seconde. Or, les chercheurs constatèrent avec étonnement que, dans le premier cadre, la distribution des arbres est aléatoire et, un pin mourant, les sapins voisins poussent mieux ; tout au contraire, dans le second cadre, les sapins s’installent seulement autour des pins et, lorsqu’un pin meurt, les sapins alentour se portent moins bien. Si donc, dans le premier cas (les bonnes conditions environnementales), les arbres entrent en compétition, dans le second, ils nouent des relations de coopération [1]. Autrement dit, le schéma darwinien de la lutte pour la vie ne s’applique que dans la moitié des situations. Depuis cette observation révolutionnaire, Callaway n’a fait que la préciser par des mesures toujours plus rigoureuses, l’étendre par des investigations dans le monde entier et la certifier par des publications dans des grandes revues scientifiques internationales [2].

Pascal Ide

[1] Cf. Ragan M. Callaway & Lawrence R. Walker, « Competition and facilitation : A synthetic approach to interactions in plant communities », Ecology, 78 (1997) n° 7, p. 1958-1965.

[2] Cf. Ragan M. Callaway, Rob W. Brooker, Philippe Choler, Zaal Kikvidze, Christopher J. Lortie & Richard Michalet, « Positive interactions among alpine plants increase with stress », Nature, 417 (2002) n° 6891, p. 844-848.

24.12.2020
 

Les commentaires sont fermés.