Le Dieu de la foi et le Dieu des philosophes, suivi de trois essais sur saint Augustin (recension)

RATZINGER J., Le Dieu de la foi et le Dieu des philosophes, suivi de trois essais sur saint Augustin, Paris, Parole et Silence, 2017. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 140 (2018) n° 4, p. 690-691. Cet ouvrage offre quatre brefs essais de Joseph Ratzinger, publiés entre 1954 et 1970, encore inédits en français et traduits par un érudit dijonnais. Le 1er, qui donne son titre à tout l’ouvrage et constitue sa conférence inaugurale à Bonn, en 1959, porte sur le type de rationalité qui convient à la foi chrétienne, notamment dans «le processus fondamental de l’appropriation de la philosophie grecque» (p. 46)  anticipant la conférence de Ratisbonne de 2006 autant que celle de la Sorbonne en 1999. Le 2°, « Le chemin de la connaissance religieuse chez saint Augustin ››, daté de 1970, montre com ment ce chemin se distingue de la connaissance seulement affective (Scheler), seulement noétique (saint Thomas), et même seulement purgative (Platon), pour intégrer humilitas et caritas. Le 3°, qui est le plus ancien (1954), traite de la réponse que, dans le Liber regularum, saint Augustin adresse au théologien africain (laïc) Tyconius qui défendait l’idée d’une Église seulement invisible. Le dernier essai, écrit en 1961, titrant « L’Eglise dans la piété de saint Augustin ››, montre que, contrairement aux approches seulement solitaires et intérieures de la pietas, Augustin accorde une «place centrale [à] l’ecclésialité dans son paradigme de la piété ›› (p. 115).

Ainsi que ce bref parcours en témoigne, les textes, même anciens, n’ont pas pris une ride dans leur thématique. Si, sans surprise, ils allient la limpidité et la profondeur toujours originale du propos, certains découvriront combien le théologien chercheur Ratzinger pouvait parfois aborder des questions très techniques sans rien perdre de son alacrité et de sa hauteur de vue.

L’on saluera l’heureuse initiative d’une telle traduction, mais comment ne pas regretter un travail éditorial peu soigné (comme l’attestent les notes), malheureusement trop habituel chez cette maison d’édition ? L’on trouvera aussi avec peine une unité aux essais ici rassemblés par la seule initiative de la publication française l’inspiration augustinienne patente étant une constante de l’œuvre entière du théologien devenu pape sans prendre pour modèle l’édition allemande des œuvres complètes actuellement en cours.

Pascal Ide

17.9.2021
 

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