L’angoisse après la trahison d’un ami (Ps 54)

Par exemple, le psaume 54 est une prière après la trahison d’un ami, comme le dit la Liturgie des Heures. Le psalmiste est « troublé » (v. 4). Son trouble est principalement l’inquiétude (v. 3), donc une crainte qui prend la forme de « la peur de la mort ». Cette crainte entraîne une souffrance au présent, qu’il décrit avec un réalisme tragique : « Mon coeur se tord en moi ». (v. 5) Cette crainte et cette souffrance le poussent à s’enfuir dans un « lieu sûr », à « chercher asile au désert » (v. 7 et 8). Ainsi sont décrits bien des sentiments : trouble, crainte, souffrance, fuite.

Au fait, quels sont les causes de tout ce trouble ? Nous l’apprenons progressivement. Du plus extérieur au plus intérieur. Certes, à la périphérie « les cris de l’ennemi » (v. 4), « dans la ville discorde et violence », « crimes et malheurs », « fraude et brutalité » (v. 10-12). Mais, avant tout, la trahison d’un « homme de mon rang, mon familier, mon intime » avec qui non seulement l’ « entente était bonne », mais avec qui « nous allions d’un même pas dans la maison de Dieu » (v. 14-15). On apprendra plus loin que cet ami n’est pas seulement un « traître », mais un séducteur et un manipulateur : « Il montre un visage séduisant, mais son coeur fait la guerre » (v. 22). La faute de trahison se double d’une faute de mensonge. Et le psalmiste ressent cette trahison à l’intime de lui au point que, spontanément, il interpelle cet ami, il se met à lui parler à la seconde personne du singulier : « Mais toi » (v. 14).

N’y a-t-il pas un remède face à un tel trouble causé par une telle trahison ? Dès le début, le psalmiste se tourne vers Dieu (v. 2 et 3), avec la certitude que donne l’espérance : « le Seigneur me sauvera » (v. 17). Pourquoi ? Car La réponse ne se fait pas attendre : « Dieu a entendu ma voix » (v. 18). Mais comment en être certain ? Avant tout, par un signe est du même ordre que le trouble, mais de sens contraire : « Il m’apporte la paix ». (v. 19) Pour autant, les choses sont-elles rentrées dans l’ordre à l’extérieur ? Il ne semble pas. Le psalmiste en a la certitude, mais au futur : « ces hommes qui tuent et qui mentent, ils s’en iront dans la force de l’âge ! » (v. 24). Mais la paix ne trouvent pas leur source dans ces changements extérieurs où le psalmiste projette plus sa violence qu’il ne parle de l’action de Dieu. Cette paix intérieure naît de la confiance inébranlable dans le Seigneur qui « jamais il ne permettra que le juste s’écroule ». (v. 23) A la fin, le « tu » que le psalmiste interpelle n’est plus son ennemi mais Dieu. Plus intime que tout traître qui s’approche pour le perdre, est le Dieu toujours fidèle qui le sauve : « Moi, je m’appuie sur toi ! » (v. 24)

Le psaume nous montre donc que le remède au trouble, surtout celui de la crainte, que la source assurée de la paix est la confiance inconditionnelle en Dieu. La crainte, affect né d’un mal menaçant est guérie par l’espérance, assurance du Bien s’approchant : il est déjà là.

Pascal Ide

 

17.5.2025
 

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