Pour éclairer la résurrection, saint Paul, dans un de ses discours, fait appel à un passage de l’Ancien Testament apparemment déplacé : « Dieu a ressuscité Jésus, comme il est écrit au psaume second : ‘Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré’ » (Ac 13,33. Cite Ps 2,7. Cf. aussi Hé 1,5 ; 5,5). Le psaume parle de génération, alors qu’il s’agit de résurrection ; il parle d’un acte céleste, alors qu’il s’agit d’un acte terrestre. Comment comprendre cette audacieuse équivalence ?
Le rédemptoriste François-Xavier Durrwell (1912-2005) en a fait avec endurance l’axe de toute sa contemplation et de toute sa vie [1]. D’un mot, pour le théologien alsacien, la résurrection du Christ surgit du centre même de la Trinité : « le Fils de Dieu a été établi dans sa puissance par sa Résurrection d’entre les morts grâce à l’Esprit de sainteté » (Rm 1,4). De même que, de toute éternité, le Fils jaillit du cœur aimant du Père par la puissance de l’Esprit, de même, ce 7 avril 30, Jésus naît à la vie non pas du tombeau, mais du plus profond des entrailles du Père.
Quand nous pensons à la résurrection du Christ, nous pensons souvent aux effets, à savoir les apparitions du Ressuscité, qui en attestent la vérité. Mais nous ne prenons pas assez le temps d’en contempler la Source éternelle. Pourtant, quelle espérance nous donne le déploiement de l’énergie divine en ce monde depuis ce matin de Pâques de l’ère justement qualifiée de chrétienne ! Les ténèbres ne peuvent plus arrêter cette lumière victorieuse (cf. Jn 1,4-5 ; 1 P 2,9). On comprend pourquoi saint Paul ose dire que la mort est définitivement terrassée (cf. 1 Co 15,29. Cf. Ap 1,17-18). Il a compris que la Résurrection n’est rien moins que le déploiement de la vie divine en ce monde. Comment ?
Nous y reviendrons…
Pascal Ide
[1] Depuis son premier ouvrage (cf. François-Xavier Durrwell, Christ notre Pâque, coll. « Racines », Paris, Nouvelle Cité, 2001) jusqu’à ce livre posthume (La mort du Fils. Le mystère de Jésus et de l’homme, Paris, Le Cerf, 2006).