Je vous disais hier que la Résurrection est un véritable Big bang de lumière divine. Mais où la voit-on ?
En 1905, au terme d’une année particulièrement féconde (annus mirabilis), Albert Einstein écrivait un quatrième article où il déduisait, de manière presque anodine, une équation qui allait devenir l’équation la plus célèbre de toute la physique : E = mc2. E y désigne l’énergie, m, la masse et c la constante de la vitesse de la lumière dans le vide qui égale presque 300 000 kilomètre par seconde. Concrètement, cela signifie que non seulement la matière, c’est de l’énergie condensée, mais que la quantité d’énergie contenue dans la matière est colossale. Un simple chiffre : 1 kilogramme d’une matière quelconque intégralement converti en énergie équivaut à 25 milliards de KW/h, soit la consommation électrique annuelle de deux fois le nombre d’habitants de la ville de Paris ! Quand nous pensons équivalence matière-énergie, nous évoquons spontanément cette tragique invention qu’est la bombe atomique ; mais nous oublions que si le soleil peut nous éclairer et nous réchauffer sans défaillance à une distance de presque 150 millions de km, c’est parce qu’il est une extraordinaire pile à fission transformant chaque seconde 4 millions de tonnes de matière en énergie diffusive !
Revenons à la Résurrection ! Eh bien, de même, nous sommes des mini-soleils contenant cette lumière diffusive du Ressuscité. Comment cela ? Depuis notre baptême : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6,3-4).
De même que la matière cèle et scelle l’énergie, de même la puissance transfigurante de la Résurrection est celée et trop souvent scellée (vous avez dit confinée ?) dans la grâce divinisante (cf. 2 P 1,4) reçue au baptême. C’est là plus qu’une image. C’est une analogie : ce qui est vrai dans l’ordre des choses sensibles l’est, proportionnellement, dans l’ordre des réalités spirituelles. Un jour, la puissance du Ressuscité se déploiera pleinement : lors de la résurrection des morts. En attendant, elle aspire à s’épancher. Avant tout, par la charité : « Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille devant les hommes, alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,14-16). Particulièrement en ces temps où nous n’avons jamais eu autant besoin de nous réchauffer au soleil de l’amour d’autrui et de le faire briller sur notre prochain.
Le Christ est vraiment ressuscité !
Pascal Ide
[1] Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Décret Apostolicam actuositatem sur l’apostolat des laïcs, n. 3. Cf. Décret Presbyterorum Ordinis, 7 décembre 1965, n. 9.