Le 15 août 1988, à l’occasion de l’année de la femme, Jean-Paul II a audacieusement rédigé une lettre sur la femme, Mulieris dignitatem [1]. C’est la première et unique fois dans l’histoire de l’Église que le Magistère consacre un document entier doué d’une véritable autorité seulement sur ce sujet. Dans cette analyse ancienne (elle fut rédigée voici une trentaine d’années), nous passons en revue l’objet de la lettre (1) et son plan, général (2) et détaillé (3), avant de développer son thème principal qui est le mystère de la femme en sa relation avec l’homme (4).
1) Objet de cette lettre
a) Objet matériel
Comme l’indique lui-même le Saint-Père dans le sous-titre de sa lettre et dans son introduction, il veut traiter de la dignité et de la vocation de la femme (les deux thèmes étant corrélés et le second thème servant notamment de moyen terme au premier).
b) Objet formel
Tout d’abord, il ne s’agit pas d’un exposé systématique, mais plutôt d’une méditation, selon les mots mêmes employés par le Saint-Père (2 : qu’il soit entendu que les chiffres entre parenthèses renvoient aux numéros des paragraphes du texte). Par ailleurs, le Saint-Père nous engage dans une réflexion chrétienne et non pas naturelle, même s’il ne néglige pas ce que l’expérience commune à tout homme peut apporter. Le meilleur signe de cela réside dans le paradigme (l’exemple) que d’emblée le Pape va employer comme clef de son exposé et de ses démonstrations, à savoir la femme par excellence qu’est la Vierge Marie.
Mais attention ce qui précède ne signifie surtout pas que toute œuvre de réflexion rationnelle et que toute démonstration soient bannies, bien au contraire. Notamment, il ne faudrait pas prendre la manière comme circulaire que le Saint-Père a de s’exprimer pour pur style poétique ou méditatif ; elle recouvre un très réel effort de rationalisation, comme nous n’allons pas tarder à nous en apercevoir.
c) Conséquence pratique intention de ce travail
Ce travail n’a pas pour raison d’être de redonner toute la lettre de manière formalisée. Mais il est de servir d’aide à la lecture notamment en permettant de détecter sous l’écorce parfois un peu rebutante de l’expression de Jean-Paul II tout l’indéniable et original labeur qu’il a réalisé : Nous tenterons de dégager quelques-uns des thèmes majeurs de sa réflexion et les systématiserons.
Mon entreprise qui se veut modeste et critiquable, mais qui espère être de quelque utilité : elle souhaite servir la riche pensée du Saint-Père afin d’en permettre l’assimilation et non pas faire œuvre originale.
2) Plan général des neuf parties
Ce plan n’est en fait qu’indicatif : il ne peut que livrer le thème principal traité par le Saint-Père dans une partie donnée, car le rythme circulaire de sa pensée le fait constamment revenir sur ses pas et enrichir les approches précédentes des apports de ses nouvelles analyses.
Les divisions du texte sont notées en chiffre romain entre parenthèses.
a) Introduction (I)
b) Développement
1’) Approche analytique
Le thème général est la maternité (entendue en un sens beaucoup plus large que seulement physiologique) de la femme qui est sa dignité et sa vocation. Le plan mêle deux ordres de distinction : celle même du plan, et celle plus générale et plus classique de la distinction des deux temps que constitue l’analyse de théologie positive (III à V) et de théologie systématique (VI et s).
a’) Vue générale à partir de l’exemple de la Vierge Marie (II).
b’) Vue détaillée
1”) Dignité de la femme
a”) Preuve (III).
b”) Défiguration de cette dignité (IV).
c”) Redécouverte de cette dignité dans le Christ (V).
2”) Vocation de la femme
a”) Sa nature : c’est la maternité (cf. II).
b”) Les deux « espèces » de sa réalisation (VI).
c”) Conséquence quant à la compréhension des rapports du Christ et de son Epouse, l’Eglise (VII).
2’) Approche synthétique
Cette seconde approche approfondit la vocation (et donc la dignité) de la femme : elle est de signifier l’amour (reçu et donné) (VIII).
c) Conclusion (IX)
3) Ordre des paragraphes de chaque partie
a) Introduction (I)
1’) Objet matériel de la lettre (1).
2’) Objet formel de la lettre (2).
b) Femme – Mère de Dieu (Theotokos) (II)
1’) Existence de la dignité unique de la femme (3).
2’) Nature de cette dignité (4 et 5).
c) Image et ressemblance de Dieu (III)
1’) Sens que l’homme, image de Dieu, a pour l’homme :
a’) Le premier sens de l’homme, image de Dieu, est personnel : cela nous dit la dignité éminente de l’homme (6).
b’) Le second sens de l’homme, image de Dieu, est interpersonnel (7).
2’) Sens que l’homme, image de Dieu, a pour Dieu : Cela nous parle analogiquement de Dieu (8).
d) Ève – Marie (IV)
1’) Perte des justes rapports homme-femme :
A la suite du chapitre précédent qui a considéré les relations de l’homme et de la femme sous le point de vue de l’image de Dieu, la perte de ces rapports est envisagée comme une défiguration.
a’) Existence de cette perte : la faute originelle (9).
b’) Nature de cette perte : elle apparaît comme une domination de la femme par l’homme. Mais il faut surtout bien comprendre que c’est aussi une déchéance pour l’homme (10).
2’) Remède à cette perte : la Rédemption (11).
e) Jésus-Christ (V)
1’) L’attitude du Christ montre la dignité de la femme :
a’) En général
1”) Par sa référence au commencement (12).
2”) Par son attitude actuelle, ses actes et ses paroles (13).
b’) En détail
1”) De manière négative, en creux, en montrant à l’homme son péché contre la femme (14).
2”) De façon positive, en réalisant la promotion de la femme (15).
2’) Le Christ dit la vocation de la femme : la femme a une sensibilité particulière à l’égard du mystère du Christ (16).
f) Maternité – virginité (VI)
1’) Distinction générale, notamment à partir de l’exemple de la Vierge Marie (17).
2’) Etude détaillée de chaque vocation :
a’) La maternité (charnelle, faudrait-il ajouter pour être plus précis, car il existe une authentique maternité spirituelle que toute femme est appelée à vivre) :
1”) Au plan naturel : en quoi la maternité dit-elle ce qu’est la femme ? (18)
2”) Au plan de la Révélation : la maternité dit l’Alliance de Dieu avec l’homme (19).
b’) La virginité :
1”) Sa nature en soi (20).
2”) Relation avec la vocation précédente : la maternité spirituelle (21).
3’) Conséquence : l’Eglise, vierge et mère (22).
g) L’Eglise, épouse du Christ (VII)
1’) Exposé général du texte fondateur, Ep 5, la belle analogie entre les épousailles et l’Eglise (23).
2’) Exposé détaillé :
a’) Premier sens de cette analogie (éthique) : elle expose les relations interpersonnelles entre l’homme et la femme (24).
b’) Second sens de cette analogie (symbolique) : elle révèle ce qu’est l’amour divin (et son caractère sponsal) :
1”) Exposé (25).
2”) Conséquences :
a”) Négative : la non-accession des femmes au ministère presbytéral (26).
b”) Positive : le rôle capital de la femme (27).
h) La plus grande, c’est la charité (VIII)
1’) Principe de méthode : le Christ, fondement des valeurs (28).
2’) Application :
a’) Existence d’une relation entre la dignité de la femme et l’ordre de l’amour (29).
b’) Nature de cette relation : la femme reçoit et donne l’amour (et donc l’Esprit-Saint) (30).
i) Conclusion (31)
4) Analyse des relations de l’homme et de la femme
Considérons enfin le thème essentiel des relations entre l’homme et de la femme. Le pape polonais écarte la double erreur opposée et symétrique du machisme qui affirme une inégalité entre homme et femme, et celle du féminisme, qui est le plus souvent constructiviste, selon lequel l’homme et la femme sont non seulement égaux, mais identiques. En conjurant ces deux visions tronquées, Jean-Paul II affronte la question redoutable, mais essentielle du spécifique du mystère féminin et, sans surprise, l’éclaire à la lumière de l’amour-don.
a) Relation d’égalité, et plus précisément de parité (16)
La preuve se fonde d’abord et surtout sur le fait qu’ils (homme et femme) sont tout deux créés à l’image de Dieu. Or c’est cette image qui est le fondement le plus radical de la dignité humaine. La Révélation le confirme : en effet, la femme autant que l’homme est appelée à accueillir le don de la vie de Dieu.
A noter que le Saint-Père préfère parler de « parité » pour signifier que cette égalité fondamentale ne biffe pas la richesse de la diversité.
b) Diversité entre l’homme et la femme
1’) Remarques préalables
Point n’est besoin d’insister sur la réalité de cette diversité. Mais la question n’est pas celle de l’existence de cette disparité, mais celle de la nature de cette diversité. D’où le problème : comment typer, conceptualiser cette diversité ?
Ajoutons une remarque de méthode. En fait, Jean-Paul II qui n’est guère l’ami des systématisations outrancières, ne vise pas la relation homme-femme à travers un couple catégoriel unique, mais use de plusieurs approches complémentaires que d’ailleurs il n’énonce jamais toutes ensemble, à charge pour le lecteur de réaliser lui-même la synthèse et donc de faire œuvre personnelle, avec les risques de déformation que ce genre de travail d’interprétation comporte inéluctable.
Alors, comment procèderons-nous ? Plutôt que de tenter de trouver à toutes forces un couple conceptuel ou un concept plus fondamental qui pourrait servir de point de vue pour ordonner les autres approches (ce serait en partie aléatoire et donc risquer l’erreur), nous donnerons les différentes manières par lesquelles le Saint-Père tente d’approcher la nature de la femme dans sa spécificité que nous avons cru repérer dans le texte de la lettre. Cela risque de paraître un peu long et un peu analytique (mais la clarté se paye !) : à chacun, à partir de là de fondre sa synthèse personnelle, en s’aidant des suggestions qui se veulent plus des pistes de recherche proposées par le Pape.
L’ordre est le plus souvent celui-même de l’exposé de la lettre : nous donnons les concepts comme nous les trouvions successivement sous la plume du pape polonais (à noter que le n° 18 est particulièrement riche du point de vue de l’anthropologie naturelle – non pas révélée).
Cela dit, voici les différentes approches proposées par Jean-Paul II pour typer la spécificité de la vocation de la femme (et par contrecoup la disparité de l’homme et de la femme) :
2’) Première approche
a’) Énoncé
La réalisation, le « rôle » de la femme se trouve dans la maternité (5, 18). Précisons la nature de la maternité :
Nous l’avons déjà dit, mais cela va toujours mieux en le disant, Jean Paul II entend par maternité non pas la seule maternité physique mais toute espèce de maternité autant physique que spirituelle.
Par ailleurs, cette maternité n’est pas passivité, comme l’apparence pourrait le laisser croire, mais extraordinaire créativité (19).
b’) Preuves
Elles sont d’ordre surnaturels :
La première se fonde sur l’exemplaire trinitaire. L’homme et la femme se réalisent en vivant leur être d’images de Dieu (qui ne doit pas seulement s’entendre dans un sens personnel mais aussi dans un sens interpersonnel). Or, il y a en Dieu une génération (spirituelle). Donc la paternité et la maternité réalisent quelque chose de l’image de Dieu en l’homme et en la femme, mais davantage en cette dernière (18). En effet, la maternité nous dit bien plus ce qu’est la génération : celle-ci comporte la conception, la croissance (intra-utérine) et l’enfantement ; or si l’homme n’intervient que lors de la conception, et là il faut le dire de manière plus spectaculaire, il n’a plus aucune part directe à la grossesse et à l’enfantement.
La seconde se fonde sur le cas exemplaire de la Marie. En effet, la Vierge Marie est l’archétype de la femme, de sa dignité et de sa vocation (5). Or, tout d’abord, elle fut pleinement mère et son titre de Mère de Dieu montre que sa maternité concerne tout son être personnel et même constitue sa dignité (en effet, le nom révèle l’être et la dignité ; or, Theotokos est le titre par excellence de la Vierge Marie) (4). Ensuite, la pleine réalisation de la personne vient de sa réponse à l’appel de Dieu ; or c’est en répondant totalement à sa vocation que la Vierge Marie est devenue la Mère de Dieu.
c’) Conséquences
Elles seront, pour une part, seront détaillées plus bas.
D’abord, la maternité comporte par nature une ouverture, un accueil d’une vie nouvelle. Aussi, plus que l’homme, la femme est-elle disponible à la personne concrète de l’autre, à sa venue et à son accueil.
Ensuite, la maternité implique un don de soi (de sa chair, certes, mais plus encore de tout son être, de ses énergies psychiques et spirituelles). Voilà ausi pourquoi d’une part se réalise par le don de soi, et d’autre part nous dit davantage que l’homme le don de soi.
Par ailleurs, le don de soi est le mouvement le plus profond de l’amour. Donc la vocation de la femme est plus dans l’ordre de l’amour.
Enfin, la maternité « coûte » plus à la femme qu’à l’homme. Or la justice requiert que l’égalité soit réalisée dans les tâches communes. Aussi l’homme contracte-t-il une dette à l’égard de la femme dans leur commune œuvre parentale.
3’) Deuxième approche
La femme présente une plus grande sensibilité, affinité au mystère de Dieu. En effet, elle est associée à tous les grands commencements dans l’œuvre de Dieu : la Vierge Marie à l’Annonciation (3 et 11), les Saintes femmes à la Résurrection (16).
Or, il faudrait théoriser les conséquences de ce rapport à l’origine, au commencement, ce que ne fait pas le Saint-Père (car l’origine et le terme se répondent toujours dans l’économie divine ; de plus, les commencements sont toujours chers au cœur de l’homme, comme à celui de Dieu ; et l’origine est en général grosse de tout l’à-venir : que l’on se rappelle seulement l’exemple d’Abraham, le dépositaire de la promesse de l’Alliance). Ce rapport qui vaut aussi pour chacune des maternités de la femme ; or, Dieu est l’origine de la vie ; donc, par là, la femme est doué d’une relation privilégiée avec Dieu.
4’) Troisième approche
La femme est celle qui a conscience du don de Dieu (11).
a’) Exposé
La preuve a d’abord un enracinement anthropologique (11 et 18). C’est le mystère de la vie dont la femme a davantage conscience que l’homme (ne serait-ce que du fait que toute connaissance humaine part du sensible et que l’expérience tactile est la plus fondamentale des expériences sensorielles ; or, la femme a une plus grande proximité tactile avec la vie naissante, qui lui est aussi intime que son corps). Or, la vie se reçoit de Dieu, l’homme et la femme n’étant que procréateurs.
Ensuite, toute la structure de la femme, tant physique que psychologique, est accueil au don (en effet, c’est patent du point de vue physiologique ; or, le corps est le signe de l’âme et l’exprime ; aussi l’âme féminine est –elle aussi tout accueil).
La preuve se fonde là encore sur l’exemple de la Vierge Marie : La Vierge Marie est l’exemplaire où toute femme est appelée à voir la réalisation parfaite de toute féminité. Or, Marie est la femme qui a au plus haut degré conscience que « Le Seigneur a fait pour elle des merveilles ».
b’) Conséquence (17)
La femme est par excellence celle qui dit les merveilles de Dieu.
Déjà l’exemple du Magnificat nous le manifeste, d’autant qu’il est l’effet de la maternité divine dont Marie prend conscience. De plus, au don, à la grâce de Dieu répond l’action de grâces : c’est là une des grandes lois de l’harmonie divine (à tout flux répond un reflux, à l’exitus répond le redditus) ; or, la femme est celle qui a par excellence conscience du don de Dieu ; donc, c’est elle qui aussi rebondira dans la bénédiction et la louange.
5’) Quatrième approche
La femme a une plus grande attention à la personne concrète (18). Ici la raison avancée est d’ordre naturel (nous renvoyons à ce que nous avons déjà détaillé plus haut) .
Elle se fonde sur la vocation de la femme à la maternité ; or, celle-ci lui donne un contact privilégié avec la personne de l’enfant qui l’habite durant la vie anténatale : d’une part le contact le plus intime qui soi ; or la proximité est une marque de l’amour ; d’autre part un contact dès le commencement, et on se rappelle l’importance des commencements. Et ces deux caractéristiques sont tout-à-fait propres à la femme.
Or, cette expérience de proximité est comme exemplaire et structurante pour la femme : car la vocation de la femme est la maternité, comme nous l’avons vu et car c’est une expérience de commencement et que toute expérience d’origine est décisive.
6’) Cinquième approche
La femme est signe de l’Alliance avec Dieu (19).
a’) Première raison
L’alliance avec Dieu est écoute de la Parole de Dieu (et réception de sa grâce). Or, nous avons vu que la femme a un appel (et c’est là un aspect essentiel de sa vocation) à accueillir et à garder pas seulement en sa chair, mais en son esprit (du fait de la proportion entre la chair et l’esprit).
Confirmation est donnée par l’exemple de la Vierge Marie, prototype de toute femme. Or, il nous est expressément dit d’elle qu’elle est celle qui écoutait et gardait la parole de Dieu.
b’) Seconde raison
Le mystère de l’Alliance divine est mystère pascal. Or, la femme et plus précisément la maternité de la femme a un lien particulier avec ce dernier : en effet, la maternité est douloureuse (Jn 16, 21) et le Saint-Père énumère d’autres souffrances qui sont propres à la femme ; or, la croix a donné à la souffrance de pouvoir avoir une valeur salvifique. De plus, le mystère pascal est mystère de joie (la joie du salut) ; or, l’enfantement s’achève par la joie de la venue au monde d’un nouvel être.
Confirmation est fournie par le chemin même de la Vierge Marie et sa souffrance unique, participation tout ausi unique au mystère à l’œuvre de rédemption de son Fils. Or on se souvient lu caractère exemplaire de Marie pour toute femme.
7’) Sixième approche (chap. 8)
La femme a une vocation toute particulière à dire l’amour à l’homme ; elle est signe de l’amour (ou, ce qui est toujours synonyme : elle est prophète de l’amour). Il semble que cette thèse non seulement ramasse toutes les conclusions antérieures mais aussi réalise pour le Saint-Père le point culminant de son analyse.
a’) Exposé
En premier lieu, la femme est celle qui reçoit l’amour (on l’a vu à plusieurs reprises : la femme est celle qui, en sa maternité, reçoit le don de Dieu qu’est la vie humaine et le signe beaucoup plus que l’homme, de même qu’elle en a bien plus conscience).
En second lieu, la femme est celle qui aime en retour, qui donne en retour : non pas plus que l’homme, certes, mais la femme est comme spontanément et par nature et vocation plus éveillée à la personne de l’autre et plus spontanément ordonnée à accueillir l’autre et à se donner à lui ; or, c’est là le mouvement même de l’amour.
b’) Conséquences
La vocation prophétique de la femme : elle dit l’amour ; et cela est tout particulièrement important aujourd’hui : en effet, nous sommes dans une époque où s’estompe le sens de la personne au profit du seul rapport à la chose (la technique se substitue à l’éthique). Or, la femme a un plus grand sens de la personne que l’homme (qui est plus tourné vers les choses). D’où son rôle capital et prophétique aujourd’hui.
Ensuite, l’homme est confié d’une manière spéciale à la femme, et c’est même là un des aspects essentiels de sa vocation : car elle l’éveille à l’ordre de l’amour de l’autre ; or, cet amour est la vocation de toute personne, et « la plus grande, c’est la charité ».
En outre, la force de la femme se fonde sur cette conscience de ce qui lui est confié : révéler le primat de l’ordre de l’amour et l’homme.
Enfin, la femme accomplit d’une manière particulière le sacerdoce royal (du fait de cette vocation de la femme à rappeler à l’homme qu’il est fait pour l’amour).
Pascal Ide
[1] Jean-Paul II, Lettre apostolique sur la vocation et la dignité de la femme Mulieris dignitatem, 15 août 1988. Le texte français se trouve sur le site du vatican : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1988/documents/hf_jp-ii_apl_19880815_mulieris-dignitatem.html