Le huitième jour, comédie dramatique de Jaco van Dormael, 1996. Avec Daniel Auteuil, Pascal Duquenne, Miou-Miou.
Thèmes
Amitié, don, fragilité, handicap, vulnérabilité.
L’homme, dit le concile Vatican II, « se trouve dans le don désintéressé de lui-même. » Dans Rainman, l’autiste s’ouvre peu à peu au monde. En combattant sa peur de transmettre son handicap, Forrest Gump, au faible quotient intellectuel, a dû apprendre qu’il pouvait donner une vie sans handicap. En revanche, dans Le huitième jour, Georges, homme trisomique, n’est pas celui qui se change, mais celui qui change son entourage, car il vit de se donner.
Autour de lui, les personnes se dérobent au don, par amertume ou épuisement : « J’ai tout donné », dit la sœur d’Harry. Au bord du divorce, celui-ci s’ombilique de plus en plus sur lui-même ; il n’a plus de temps à donner à sa famille et y pense si peu qu’il oublie ses enfants à la gare, blessure d’abandon qui s’oublie difficilement. Le repli sur soi est contagieux : sans amour, Harry ne peut même plus se donner dans son travail stressant de spécialiste des techniques de vente.
Mais le don de soi aussi est contagieux. Par hasard, Harry rencontre Georges. Ce dernier cherche un ami, non pour le capter, mais pour se donner à lui. Certes, Georges n’est pas parfait : il ne protège pas Harry contre la violence de l’autre, il demande tout tout de suite (« Tu lui as demandé s’il est d’accord ? », interroge la maman). Mais il va lui faire découvrir la gratuité, par exemple celle du temps donné : « Une belle minute à nous. »
Harry résistera. Mais, lorsqu’il voudra abandonner Georges, la pluie rappellera à Harry leur première rencontre : il comprend que l’algarade avec le chauffeur n’est qu’un prétexte pour se refuser à Georges. Dans ce pardon, celui-ci déchiffre la véritable amitié ; dans ce don, Harry commence à naître à l’amitié.
Jusqu’au jour où Harry pourra se réveiller avec, sur les lèvres, non pas le nom de son souci, mais celui de son ami : il s’est enfin décentré de lui-même. Il peut retrouver dans sa main, la photo de ses enfants, car leur image est de nouveau en son cœur. Georges, le grand enfant, a enfanté Harry à sa responsabilité de père et d’époux de Julie : ayant donné la vie, l’ami peut retourner au ciel voir sa mère. En effet, si Georges a appris à se donner, c’est parce qu’il s’est reçu de l’amour d’une mère, une mère idéalisée qui a toutes les qualités de celle que chante Luis Mariano : « Maman, tu es la plus belle du monde ».
Certains ont parlé de suicide. Si c’était vrai, le sens du film se trouverait perverti : car la joie du don ouvre à celle de la vie. En revanche, le monde de Georges mêle constamment rêve et réalité : cette ultime parabole ne veut-elle pas nous parler de l’achèvement (jouant sur le double sens de terme et d’accomplissement) de la vie qu’est le don ? En outre, à l’instar de Forrest Gump, et là encore par hasard, le film commence et finit par le ciel, comme pour nous rappeler que la personne à handicap est d’un autre monde et a pour vocation de nous le montrer, sinon de nous y conduire.
Ce film admirable ne nous fait pas seulement découvrir et aimer les personnes à handicap, il ouvre notre cœur d’homme à la joie, gratuite, du don. A propos, le huitième jour, est-ce celui où Dieu a créé le cœur Georges ou bien celui de la Résurrection, où, en Jésus, Dieu recrée chaque cœur ? Peut-être les deux…
Pascal Ide
Harry est un homme seul qui se voue sept jours sur sept à son travail. Tout va basculer quand il va rencontrer Georges, une personne handicapée mentale, qui vit dans l’instant. Ces deux êtres que tout oppose vont devenir inséparables.