Evan le Tout-Puissant, comédie fantastique américaine de Tom Shadyac, 2007. Avec Steve Carell, Morgan Freeman, Lauren Graham.
Thèmes
Amour, vulnérabilité, puissance.
S’inscrivant dans la continuité de Bruce tout-puissant, ce film sans génie décevra peut-être les fans de ce burlesque si créatif qu’est Jim Carey. Assurément, il irritera le lecteur de la Bible qui, entre mille objections, rappellera au réalisateur que Dieu, au sortir de l’Arche, avait promis qu’il n’y aurait plus de déluge (Gn 9,15), voire grattera la sensibilité française : cette histoire naïvement édifiante trahit d’ailleurs son intention en montrant un Dieu par trop intrusif, même si c’est par amour.
Il demeure toutefois, à mon sens, un intérêt non négligeable à ce film – dont on imaginerait presque qu’il accompagne un exposé en aumônerie : Evan présente tous les traits non pas tant du patriarche Noé que d’un prophète de l’Ancien Testament.
- Le prophète est appelé par Dieu. Il ne se donne pas à lui-même sa mission, il la reçoit. « Construis-moi une arche », entend Evan.
- Le prophète résiste et souvent résiste longuement. Alors, Dieu multiplie les signes (ici du réveille-matin aux animaux). Avec insistance et exigence, mais sans ingérence, répétons-le : Dieu frappe à la porte (cf. Ap 3,20), mais il n’en force pas l’entrée.
- La mission du prophète est de porter la parole de Dieu. Cette parole ne concerne pas seulement ni d’abord l’avenir, comme on le croit souvent, mais le présent : la conversion de Ninive, pour Jonas. Ici, Evan doit « changer le monde ».
- Progressivement, toute la personne du prophète s’identifie à sa mission. A Dieu qui donne tout (en Jésus, le prophète par excellence, il se donnera même en personne), le prophète répond en enseignant non seulement par sa parole mais par sa vie. En effet, il suscite souvent l’incompréhension. C’est ainsi qu’Evan va devoir quitter son métier, lâcher sa réputation et, apparemment, être abandonné par sa femme.
- Le prophète lui-même se trouve transformé. Dieu n’utilise jamais une personne ; il ne bénit autrui à travers son prophète qu’en bénissant d’abord celui-ci. Marie n’est mère de Dieu que parce qu’elle est « pleine de grâces ». Voilà pourquoi Evan qui voulait changer le monde en oubliant de se changer lui-même (« On change de baraque, mais toi tu ne changes pas »), sortira de cette expérience transformé non pas de l’extérieur mais de l’intérieur.
- Le Dieu fidèle réalise toujours ses promesses. Mais jamais comme ni quand l’on pense (tout le monde pensait à la pluie et c’est une catastrophe bien plus grave qui arrive). Et si on lui donne sa confiance. Car Dieu n’agit jamais qu’à travers notre médiation : « Si vous priez pour être patient, Dieu vous arme-t-il de patience ou vous donne-t-il une occasion d’exercer la patience ? »
Evan qui se croyait tout-puissant fait l’épreuve douloureuse de son impuissance pour remettre sa vie entre Celui seul qui est omnipotent et découvrir, avec son aide, la seule puissance transformante : aimer, c’est-à-dire se donner aux autres.
Pascal Ide
Ex-présentateur vedette à la télévision, maintenant député de New York, Evan Baxter (Steve Carell) demande à Dieu de l’aider à « changer le monde ». Dieu va l’exaucer au-delà de ce qu’il espérait, et surtout de ce qu’il imaginait…