Des jours meilleurs, comédie dramatique franco-belge d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard, 2025. Avec Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac, Ana Fernandez Tamargo, Stéphanie Chamot.
Thèmes
Dépendance, vertus, amitié.
Cet excellent film qui ose affronter le tabou de l’alcoolisme féminin est-il plus qu’un documentaire sur un excellent sujet servi par d’excellents acteurs ? Oui et non !
Non ! C’est ainsi que le déroulement linéaire est astucieusement entrelardé de paroles-aveux issus de l’entretien avec le psychiatre (seul personnage manquant de relief et de profondeur, si je puis risquer cette image 3D !). Aussi avons-nous accès à la diversité des itinéraires, au détail des sentiments vécus, à l’intime des tentations vaincues ou insurmontées. Et à cette vérité fondamentale : on ne sort de la dépendance quotidienne ad intra à une drogue qu’en acceptant la dépendance ad extra de tous les jours à une aide bienveillante et exigeante !
Oui ! Parce que nous est racontée une véritable histoire à laquelle nous voulons croire, même si elle nous paraît très improbable : est-il possible de se préparer à un tel défi, sans aucune prédisposition et, de surcroît, handicapé par une dépendance très aliénante ? Mais, secrètement, nous nous disons que la hauteur de l’objectif personnel et la puissance de la communauté de destin entre ces femmes blessées peuvent compenser les déficits en maîtrise automobilistique. Qui ne pense (ou du moins n’espère) concrètement que les qualités éthiques peuvent subvenir, au moins partiellement, aux carences techniques ?
Mais, au fond, peu importe ! Car ces histoires de guérison qui sont aussi des histoires de rédemption, si elles sont réelles, sont plus fortes, que les fictionnelles. Et, si elles sont fictionnelles, elles accomplissent les attentes du réel.
Alors, on sourira, plus, on rira, aux déboires et on pleurera au boire. Et on s’émouvra profondément de la victoire de ces battantes qui s’en sortent, certes avec l’aide de la structure institutionnelle, mais surtout par la mise en œuvre héroïque des quatre cardinales (belle scène où Diana renonce à la tentation-whisky) et, plus encore des équivalents humains des trois théologales : vérité sur soi, confiance inconditionnelle en soi et dans l’autre, amour compatissant et fort du merveilleux Denis. Décidément, Clovis Cornillac excelle dans les mondes vulnérables que la vie lui a fait connaître (bien entendu, on songe à Un petit truc en plus !). Le tout couronné par l’eu-catastrophe finale que je vous laisse découvrir (eh non ! je ne spoile pas toujours l’intégralité de l’histoire !).
Ces films ne sont pas seulement feel-good, comme on aime dire en bon français, même si c’est déjà beaucoup de se sentir bien, voire bon (c’est-à-dire capable de bonté). Ils sont feel-give, car ils donnent (sic !) envie de passer de l’affectif à l’effectif, autant qu’ils nous donnent (re-sic !) confiance dans ce fond inaliénable de générosité native qui fait partie de l’image de Dieu présente en tout être humain. Qui, par exemple, plombé d’une addiction, lourde ou même légère, en voyant le choix de déployer le tableau pour décompter les jours d’abstinence n’a senti monter en lui le désir de faire de même : « Moi, Albertine, Albert, x années, y mois, z jours de sobriété ! ».
Pascal Ide
Suzanne (Valérie Bonneton), veuve cinquantenaire, s’évanouit au travail. S’occupant de ses trois garçons, elle oublie un matin le frein à main de la voiture et déclenche un accident qui conduit à lui soustraire ses enfants et à les confier à ses beaux parents. Espérant récupérer leur garde, elle se soumet à l’obligation de soin imposée par la justice et rejoint un centre spécialisé. En découvrant les règles (interdiction du portable, autorisations pour la moindre sortie, test d’alcoolémie à chaque retour, etc.), elle y fait la connaissance de nombreuses autres femmes, comme la récidiviste Chantal, qui entre pour sa onzième cure. Surtout elle se lie avec un trio qui, comme elle, a tout perdu à cause de l’alcool : la fêtarde Alice (Sabrina Ouazani), entre agressivité et déni, et l’actrice Diana (Michèle Laroque), entre tenue et retenue.
Sous la houlette de Denis (Clovis Cornillac), un éducateur sportif, le quadrige se lance dans un projet ambitieux : participer au Rallye des Dunes dans le désert marocain. Le sevrage est compliqué et elles n’y connaissent rien en mécanique. Néanmoins, par les entraînements et les épreuves du rallye, elles apprennent à se soutenir mutuellement, à affronter leurs peurs et à reconstruire leur estime de soi. Remporteront-elles le Rallye, voire le finiront-elles ?