Black Panther: Wakanda Forever

Tout en s’inscrivant dans la continuité du premier Black Panther, Wakanda Forever comporte des éléments inédits, inquiétants, mais aussi réjouissants.

Notre critique du premier volet avait relevé ce que l’introduction d’un film intégralement consacré à un super-héros africain empruntait aux éléments constitutifs du génie de l’Afrique. Comment ne pas se réjouir de retrouver ici cette culture qui, non contente de faire partie, en sa particularité, du patrimoine de l’humanité, entre en résonance profonde avec ses aspirations les plus universelles [1] : la centralité de la famille ; la piété pour les anciens et les ancêtres, c’est-à-dire l’insertion du monde invisible au sein même du monde visible (« T’Challa est mort, il n’est pas parti ») ; le rôle du rite (le film s’ouvre, s’achève et est accompagné par des cérémonies funéraires) ; la place centrale du corps en mouvement (la danse) et, peut-être plus encore de la parole (notamment la palabre entre les cinq peuples composant le Wakanda versus le pseudo-dialogue des Nations dites Unies) ; les richesses du sous-sol naturel (ici représentées par le précieux vibranium) ; le défi qu’est la rencontre avec la modernité (symbolisée par le conflit entre Shuri, la scientifique, et la reine Ramonda, gardienne des traditions, et cristallisée autour du retour de la figure de Black Panther) ; un tempo non pas lent (le film dure pas moins de 2 heures 40 mn.) que respectueux du rythme des personnes et des relations. Osons ajouter en creux : l’absence de toute problématique LGBT, si étrangère au continent africain et, plus généralement, à la loi naturelle…

À la nouveauté générique de la mini-série Black Panther s’adjoint celle, spécifique, de ce deuxième et dernier opus. Je ne peux passer sous silence la critique malheureuse, unilatérale et réactive, non pas tant contre les Espagnols dont le comportement fut parfois scandaleux, que contre la foi chrétienne, en mettant en scène un prêtre, complice de l’esclavage (cf., sur le site : « Notre Dame de Guadalupe. Quelques enseignements » ; même s’il s’agit des Aztèques, c’est par Cortès que l’évangélisation est parvenue au Nouveau-Monde). Faut-il rappeler que l’on doit aux missionnaires d’avoir sauvé (au péril de leur vie) plus de la moitié des langues, et donc des cultures, africaines ? Le regret est d’autant plus amer que cette déconstruction se fait en faveur de la promotion du plus régressif des cultes, celui, polythéiste, de divinités tristement anthropomorphiques, si contraires au fond monothéiste des religions traditionnelles du continent noir. Mais l’amertume est adoucie, parce que ce point est évoqué en passant, et surtout comme un ressort dramatique, en vue d’expliquer la haine généralisée du super-villain et, mieux encore, préparer son retournement.

L’on pourra s’interroger sur et interroger le féminisme, plus présent et plus prégnant dans ce second volet que dans le premier. Il nous vaut désormais un Black Panther pas seulement au féminin, mais féminin ; il se centre en grande partie sur les personnages féminins, reléguant les hommes au second plan ; il privilégie les relations entre mère et fille, entre sœurs, entre amies, oblitérant toute idylle amoureuse. L’on relèvera toutefois deux notables exceptions. D’abord, c’est M’Baku, l’un des meilleurs guerriers du Wakanda, l’héritier de la tribu des Jabari et le puissant Homme-singe, qui s’oppose frontalement à Shuri, lui montrant combien sa volonté d’entrer en guerre contre Namor est motivée par la vendetta et non par la justice, donc par la recherche de son bien personnel et non point par celle du bien commun. Or, qui se venge doit se préparer à creuser deux tombes. Ensuite, pour une fois, la scène inter-générique ne cherche pas à annoncer un nouvel ennemi, mais présente un nouvel ami ; or, en rendant visite à Nakia à Haïti afin de brûler sa robe de cérémonie funéraire comme sa mère le voulait, Shuri laisse enfin couler ses larmes et apprend que Nakia et T’Challa ont eu un fils, Toussaint, que sa mère a élevé en secret loin des intrigues du pouvoir. Plus encore, elle découvreque son nom wakandais est T’Challa… Ainsi, la continuité virile de la lignée est assurée et, à nouveau, le juste sens africain de la famille, donc de la double différence structurante, des sexes et des générations, l’emporte.

Soulignons surtout le retournement final de l’héroïne qui renonce à sa vengeance pour entrer dans ce qu’il faut bien appeler le pardon. Avec cette véritable conversion, notons aussi sa raison. Shuri accède à la sagesse de l’amour et la justice du chef en se rendant attentive à deux faits, c’est-à-dire en les plaçant devant les yeux de sa conscience : en se souvenant du peuple des Talocan (Atlantes) que Namor lui a gratuitement révélé, elle ne peut ignorer ses enfants innocents et joueurs ; en faisant mémoire de l’histoire blessée de son ennemi, elle cesse de l’accuser pour l’excuser. Le Christ lui-même n’en donne-t-il pas l’exemple en disant du haut de la Croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ?

Pascal Ide

[1] Je renvoie notamment à ce texte important et très peu connu de Jean-Paul II, Exhortation apostolique postsynodale Ecclesia in Africa, 14 septembre 1995.

Dans son laboratoire, Shuri (Letitia Wright) cherche désespérément à synthétiser l’« herbe-cœur » dont tous les plants ont été détruits par Killmonger lors de sa prise de pouvoir. Elle veut l’utiliser pour soigner son frère, le roi T’Challa (Chadwick Boseman) alias Black Panther, qui est mourant. Malheureusement, elle apprend sa mort quelques minutes après. Une cérémonie en son hommage a alors lieu au Wakanda en présence de la reine Ramonda (Angela Bassett), de sa fille Shuri, Okoye / Midnight Angel (Danai Gurira), générale des Dora Milaje (les femmes gardes du corps et guerrières d’élites).

Un an plus tard, la reine Ramonda (Angela Bassett) se rend à l’Office des Nations unies à Genève pour dénoncer une attaque de soldats français contre une des bases avancées wakandaises au Mali en vue de s’approprier des ressources en vibranium, le précieux métal qui assure au Wakanda son grand avancement technologique. Elle avertit également les États membres, notamment les États-Unis, qu’elle sait qu’ils cherchent à s’approprier du vibranium en dehors du Wakanda.

Dans l’océan Atlantique, une équipe envoyée par la CIA et les SEAL utilise un détecteur de vibranium lors d’une expédition vers un potentiel gisement de vibranium sous l’eau. Toute l’équipe de recherche est alors attaquée et tuée par des hommes amphibies, le peuple sous-marin de Talocan (les Atlantes) conduit par un roi doué de super-pouvoirs, Namor / K’uk’ulkan (Tenoch Huerta). Néanmoins, la CIA pense que le Wakanda est responsable de l’attaque.

Au Wakanda, Ramonda implore Shuri de poursuivre ses recherches sur l’herbe-cœur, dans l’espoir de créer une nouvelle Black Panther qui défendra le Wakanda, mais sa fille refuse, affirmant que Black Panther est une figure du passé. Namor va à la rencontre de Shuri et Ramonda, contournant facilement la sécurité avancée du Wakanda. Il leur explique qu’il a empêché l’extraction du vibranium par les Américains et blâme le Wakanda pour avoir permis aux autres pays du monde de vouloir absolument piller les ressources de vibranium du Wakanda et de Talocan. Namor leur lance alors un ultimatum : trouver la scientifique américaine qui a conçu le détecteur de vibranium de la CIA et la lui livrer ou il attaquera le Wakanda.

Shuri et Okoye décident alors de demander de l’aide auprès de leur ami Everett K. Ross (Martin Freeman), travaillant à la CIA, pour trouver la scientifique qui a conçu le détecteur. Il s’avère qu’il s’agit de Riri Williams / Ironheart (Dominique Thorne), une étudiante surdouée du MIT âgée de seulement 19 ans. Après avoir été repérées par le FBI, le groupe décide de prendre la fuite et réussit à se débarrasser d’eux grâce à Riri, qui a développé une armure comparable à celle d’Iron Man. Le groupe est finalement attaqué par deux Atlantes, Namora (Mitzi Mabel Cadena), la cousine de Namor, et Attuma (Alex Livinalli). Alors qu’elles sont en difficulté contre eux et qu’Okoye est sur le point d’être tuée, Shuri décide de se faire capturer. Elle et Riri sont alors emmenées à Talocan.

De retour au Wakanda, Okoye, tenue responsable de l’enlèvement de Shuri, est déchue de son titre de générale par Ramonda. Cette dernière décide alors de se rendre auprès de Nakia (Lupita Nyong’o), la compagne de T’Challa, qui vit à Haïti depuis l’attaque de Thanos. Elle lui demande alors de retrouver Shuri et Riri. Shuri fait la rencontre de Namor, qui lui raconte alors son histoire. En 1571, le peuple maya a découvert l’existence d’une plante sous-marine, riche en vibranium. Pour survivre face à l’épidémie de variole causée par les conquistadors espagnols, ils décidèrent de boire la plante et perdirent alors leur capacité de respirer à la surface, mais acquirent la faculté de respirer sous l’eau. La reine mère Fen, enceinte au moment de boire l’extrait de la plante, donna alors naissance à Namor (Manuel Chavez). Grâce au pouvoir de la plante, celui-ci obtint la capacité de respirer sous l’eau autant qu’à la surface et de pouvoir voler grâce à des ailes sur ses chevilles, devenant ainsi un mutant. Namor découvrit ensuite les persécutions que les Espagnols ont fait subir aux Mayas, ce qui l’a conduit à haïr le monde de la surface.

Namor décide alors de faire visiter Talocan à Shuri. Pour épargner Riri, Namor propose une alliance avec le Wakanda contre le reste du monde eu vue de l’anéantir. Shuri refuse catégoriquement, mais Namor menace de détruire d’abord le Wakanda s’ils refusent. Pendant que Namor est à la rencontre de Ramonda au Cap-Vert, Nakia réussit à localiser Shuri et Riri et le trio parvient à s’échapper en tuant deux femmes de Talocan. Apprenant ces décès, Namor en colère attaque la capitale du Wakanda et provoque la mort de Ramonda, noyée en essayant de sauver Riri. En vue de se protéger, les Wakandais se réfugient dans les montagnes, auprès des Jabari et de leur chef, M’Baku (Winston Duke).

Pendant ce temps, Ross est arrêté par son ex-femme et nouvelle directrice de la CIA, Valentina Allegra de Fontaine (Julia Louis-Dreyfus), pour avoir secrètement échangé des renseignements classifiés avec les Wakandais. De son côté, Shuri, en utilisant un extrait de la plante de Talocan présent dans un bracelet que Namor lui a offert, parvient à finaliser son herbe-cœur synthétique. Après avoir ingéré l’herbe, Shuri obtient les pouvoirs de Black Panther et rencontre N’Jadaka alias Killmonger dans le plan ancestral, qui la pousse à admettre qu’elle veut les pouvoirs pour se venger. À son retour, elle est acceptée par les autres tribus wakandaises. Malgré les conseils de M’Baku, Shuri est déterminée à se venger de la mort de Ramonda et ordonne une contre-attaque immédiate contre Namor en plein océan. Le Wakanda se prépare alors au combat. Ayo (Florence Kasumba) endosse le rôle de générale des Dora Milaje, Shuri confie l’armure Midnight Angel à Okoye, qui en retour recrute Aneka (Michaela Coel) pour la rejoindre. Riri développe quant à elle une nouvelle armure.

Pour la bataille finale, le Wakanda utilise un nouveau navire, le Sea Leopard, pour tendre un piège à Namor en l’attirant lui et ses guerriers à la surface et une bataille s’ensuit. Shuri réussit à enfermer Namor dans un vaisseau dans le but de le déshydrater et de l’affaiblir. Ce dernier réussit malgré tout à s’échapper et le vaisseau s’écrase sur une plage déserte. Alors que les deux se battent, Shuri finit par prendre le dessus, mais décide d’épargner la vie de Namor, lui demandant de se soumettre et lui offrant une alliance. Namor accepte, ce qui met un terme à la bataille.

Riri retourne à Boston mais doit malheureusement laisser sa nouvelle armure derrière elle. Plus tard, Okoye fait évader Ross. À Talocan, Namora est déçue que Namor ait si facilement capitulé face à Shuri. Namor explique que l’empathie de Shuri pour leur peuple est utile car le Wakanda n’a pas d’autres alliés dans le monde de la surface.