Skyfall, le plus « christique » des James Bond, vrille sur le plus improbable des dialogues. Silva, le méchant, demande à 007 : « Et toi, James, quel est ton hobbie ? » Et l’agent de Sa Majesté de répondre : « La résurrection ! » (pour le détail et le sens de la réplique, cf. analyse du film sur le site).
Bienheureuse pandémie qui nous a valu, presque partout, une si symbolique cérémonie ! Au point que certains se disent qu’il faudrait transformer ce que l’on appelle la veillée pascale du samedi soir au dimanche matin. Dans ma paroisse, la célébration a débuté à 6 heures 30, sur le parvis de l’église, en pleine nuit. Après le feu nouveau, le Cierge pascal, symbole du Christ, s’est avancé, pas à pas, dans la nef et, à partir de sa flamme, les lumignons se sont éclairés, remplissant tout l’espace. En même temps que s’égrenait toute l’histoire du salut, depuis la création jusqu’à la recréation qu’est la rédemption, depuis le Big bang du « Fiat lux » jusqu’au Big Bang du Ressuscité jaillissant glorieux hors du tombeau, je contemplais, à travers les vitraux, la clarté du jour qui se levait, irréversible et irrésistible.
C’est ainsi que Dieu remporte la victoire. C’est ainsi qu’il exerce la toute-puissance de son amour. Non comme un chef qui impose parfois même le bonheur, mais en broyant les libertés. Non comme un gourou qui envoûte en effaçant les individualités. Non comme une vague (une masse) qui submerge en engloutissant les créativités.
Le Christ victorieux a définitivement triomphé de la mort et du péché comme l’aurore encore vacillante annonce assurément le plein midi, comme une simple flamme finit par incendier l’univers, comme la microscopique graine de moutarde devient le plus grand des arbres, comme une seule mesure de levain fait lever toute la pâte, comme un saint fait se lever tout un peuple (cinq mille franciscains à la mort du Poverello âgé d’une quarantaine d’années, et dix fois plus quelques décennies après), comme le premier tressaillement d’amour dans un cœur finit par envahir et trans-former toute la personne, comme la grâce du Christ a, pendant leurs deux années de cheminement, grandi dans l’âme des six catéchumènes qui, à l’issue du baptême, sont devenus des néophytes, des « nouvelles plantes ».
Telle est la promesse déjà accomplie par la résurrection dans un monde qui n’a jamais été autant tenté de désespérer. À quatre conditions :
- Que nous soyons un avec Jésus. L’œuvre de l’amour, c’est l’unité. « Que jamais je ne sois séparé de Toi », prie le prêtre avant chaque communion. L’Esprit ne cesse de murmurer à mon cœur : « Que je Te sois toujours uni à Toi, Jésus ».
- « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Cette mini-parabole de la résurrection nous rappelle qu’elle ne se multiplie que si nous mourrons à notre péché. Le Carême est un entraînement à la conversion ! Les bonnes résolutions qui y ont été prises sont donc faites pour être gardées – le plaisir des œufs de Pâques en plus !!
- Cette parole vous semble trop dure ? Demandez alors à Marie. « Marie forme Jésus en nous », disait Marthe Robin, reprenant saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui ne fait lui-même que développer l’Évangile : de même que Marie a formé Jésus en son sein, de même forme-t-elle son Corps qui est l’Église.
- Cette grâce de la Résurrection ne grandit qu’en étant partagée, comme la lumière de votre lumignon que vous avez transmise ce matin à votre voisin – qui est un prochain. Dieu ne nous a fait la grâce de croire que pour que nous la donnions à ceux qui ne croient pas à son Fils. D’ailleurs, cette foi, nous ne la possédons que parce que nous l’avons nous-même reçue. Madeleine Delbrêl disait merveilleusement : « Nous sommes des frontières de la grâce ».
Alors, la Résurrection, notre hobby ? Non, bien plus : elle est notre mission !
Pascal Ide