Un amour impossible, biopic dramatique français réalisé et co-écrit par Catherine Corsini, 2018. Adapté du roman éponyme de Christine Angot, 2015. Avec Virginie Efira, Niels Schneider, Jehnny Beth.
Thèmes
Amour, inceste.
D’un amour foudroyant (coup de foudre) à un amour foudroyé, cette fiction dont on sait qu’elle est aussi un biopic, raconte un anti-conte de fées où non seulement le prince n’épousera jamais la bergère, mais dévorera leur enfant…
Pour une grande partie de la critique, le film dénonce le mépris, de fait irrecevable, du bourgeois intellectuel, antisémite, anarchiste, et le courage, de fait admirable, d’une mère qui non seulement élèvera seule sa fille, mais obtiendra du père biologique qu’il reconnaisse leur fille. Toutefois la critique sociale condensée dans le dialogue qui achève autant le film que le roman, et sonne comme un manifeste, est loin de tout dire.
Certains relèvent que Philippe pose un problème d’ordre psychologique ou plutôt psychiatrique : c’est un manipulateur de l’espèce la plus redoutable parce que la plus cachée, le séducteur. L’amant pédophile n’est pas que le vecteur d’un préjugé de classe, mais le sujet de cette « psychose blanche », c’est-à-dire sans hallucination apparente, qu’est la personnalité narcissique ici croisée avec la personnalité perverse.
Mais nul ne se donne le droit d’interroger l’aveuglement d’une mère qui, sur pas moins de quatre décennies, demeure amoureuse. Quels bénéfices secondaires poursuit-elle donc à nier autant l’évidence et à obliger Philippe à reconnaître Chantal ? Se réjouir de la réconciliation finale entre la mère et la fille ne doit pas censurer les questions sur la cécité plus qu’initiale qui a conduit à cette séparation sur la longue durée avec la fille. Assurément, au point de départ, Rachel est victime engluée dans l’emprise exercée par Philippe ; mais elle devient une victimaire fataliste qui demeure célibataire, au lieu de se battre pour la vérité qui rend libre, celle de sa fille et la sienne, et vivre enfin, avec un autre homme, un amour possible.
Pascal Ide
À Châteauroux, à la fin des années 1950, Philippe (Niels Schneider), un jeune traducteur issu de la grande bourgeoisie parisienne catholique (mais devenu athée par sa lecture de Nietzsche) et une jolie dactylo juive travaillant à la Sécurité Sociale, Rachel (Virginie Efira), se rencontrent dans un bal populaire et s’éprennent très vite l’un de l’autre. Tout ou beaucoup les sépare socialement et culturellement. Mais aussi moralement. En effet, explique Philippe, « Il existe trois sortes d’amour : l’amour conjugal, la passion et la rencontre inévitable ». Et, à la jeune femme qui croit naïvement que leur amour relève de la deuxième espèce, il répond, supérieur : « Nous, c’est la rencontre inévitable, celle qui ne s’intègre pas à la vie raisonnable ». Autrement dit, jamais il ne voudra l’épouser.
Pourtant, non sans qu’ils ignorent le risque, naît en 1959 une fille, Chantal (la future Christine Angot), que Rachel élève seule avec sa grand-mère. Philippe qui, entre temps, s’est marié avec une femme de son milieu, finira-t-il par la reconnaître ? Et quand, il s’y résout, quatorze ans plus tard, c’est à cause de son intérêt pour leur fille devenue adolescente. Mais quelle est donc la nature de cet intérêt ?