The Watcher, mini-série télévisée américaine, de Ryan Murphy et Ian Brennan, 2022. Diffusée depuis le 13 octobre 2022 sur Netflix. Adaptée d’un fait réel ayant eu lieu dans une maison du 657 Boulevard à Westfield (New Jersey), provenant d’un article The Cut de Reeves Wiedeman dans le magazine New York. Elle est composée de 7 épisodes d’une cinquantaine de minutes. Avec Naomi Watts, Bobby Cannavale, Mia Farrow.
Thèmes
Féminisme, Curiosité.
Tout a été dit de la mini-série diffusée par la plateforme Netflix : le réalisme du biopic, le casting cinq étoiles (comme il est convenu de dire aujourd’hui), le scénario brillant qui multiplie les fausses pistes et les rebondissements inattendus, la description au vitriol du provincialisme anti-newyorkais, la fin qui, comme les événements authentiques, ne permet pas de conclure à une interprétation univoque
Tout a été dit, sauf une explication psychologique au comportement de Dean et, possiblement, de Nora : le besoin compulsif de comprendre qui, loin de s’enraciner dans le désir naturel de savoir, dissimule surtout une soif malsaine de vengeance. Avec profondeur, saint Thomas relève que l’une des quatre causes de cette démesure dans la volonté de savoir qu’il appelait curiositas réside dans le fait de « cherche[r] à connaître la vérité en dépassant les capacités de notre propre compétence [supra proprii ingenii facultatem], car alors on tombe facilement dans l’erreur [1] ». Et de citer l’Ecclésiastique : « Ne cherche pas ce qui est trop difficile pour toi, ne scrute pas ce qui est au-dessus de tes forces. Car beaucoup se sont fourvoyés dans leur présomption, une prétention coupable a égaré leurs pensées » (Si 3,21).
Tout a été dit, sauf, surtout, une évalution éthique d’une attitude qui n’est pas sans être influencée par le féminisme ambiant, toujours aussi criticable dans sa cécité réactive. Assurément, Dean a eu tort d’humilier l’employé pour surprotéger sa fille et de jouer au Watcher. Toutefois, il en demande humblement pardon. Surtout, Nora, elle, a failli en accusant son mari de trahison au vu d’une vidéo suspecte, jusqu’à le menacer de demander le divorce, au lieu de lui faire confiance au nom d’une fidélité sans faille ; de même, Ellie, qui n’a cessé de mentir, s’est vengée jusqu’à détruire la réputation de son père en le traitant de raciste dans un pays où une telle accusation vaut exclusion. Or, autant le père et mari s’excuse, autant l’épouse et la fille s’excepte de toute demande de pardon. Il en ressort une nouvelle fois ce tableau unilatéral d’un homme que l’on prend plaisir à humilier face à des femmes que l’on se plaît à rendre impeccables. Cette asymétrie éthique se double d’une asymétrie anthropologique : l’homme suspecté d’être trop patriarcal doit conquérir son anima, au risque de perdre son animus, alors que la femme revendicatrice surdéveloppe son animus en abandonnant sans vergogne ce que Jean-Paul II appelait son « génie féminin » et Gertrude von Le Fort son « éternel féminin ».
Pascal Ide
[1] Somme de théologie, IIa-IIæ, q. 167, a. 1.
Nora (Naomi Watts) et Dean Brannock (Bobby Cannavale) sont mariés depuis une vingtaine d’années et ont deux enfants, Carter (Luke David Blumm) et Ellie (Isabel Gravitt). Ils emménagent dans la maison de leurs rêves dans le New Jersey, entourés par des voisins diversement accueillants, comme Pearl Winslow (Mia Farrow) et Theodora Birch (Noma Dumezweni). Surtout, peu après leur arrivée, ils commencent à être harcelés par des lettres menaçantes signées The Watcher, « le veilleur », qui semble, de fait, les surveiller en permanence. Quelle est son intention ? Jusqu’où est-il prêt à aller ? Le couple résistera-t-il à ces attaques répétées ?