Le Mandalorien (The Mandalorian), série télévisée américaine de science-fiction de Jon Favreau, 2 saisons, 2019-2020. Avec Pedro Pascal. Faisant partie de l’univers de la saga Star Wars, l’histoire se déroule cinq ans après Le Retour du Jedi (épisode 6) et vingt-cinq ans avant Le Réveil de la Force (épisode 7). Disponible sur la plateforme Disney+.
Thèmes
Violence, masculin-féminin.
Contrairement à Lupin qui opte pour la fidélité à la lettre sans la fidélité à l’esprit, Le Mandalorien ne s’appuie, quant à son héros principal, sur les personnages de Star Wars, qu’en la réinventant. Pour autant, tient-il ses promesses ?
Les moyens sont considérables, bien des codes de la franchise honorés (les fameux « Easster Eggs »), certaines histoires heureusement rythmées et quelques intrigues véritablement inédites, voire spectaculaires (comme le combat contre le monstrueux dragon des sables dans le premier épisode de la seconde saison). Bref, hors l’asthénique musiquette, il y a assez de continuité pour satisfaire la nostalgie du fan club dont je fais partie, et assez de nouveauté pour éveiller son attention.
Quant au fond scénaristique, en revanche, il manque l’esprit même qui animait le cycle, esprit qui se dédoublait en un enjeu extérieur très spectaculaire (rien moins que la survie du monde intergalactique) et un mystère intérieur très dramatique (qui est Darth Vador ? quelle est la relation unissant le Jedi Luke à la princesse Léïa ? ; qui est Rey ? quelle relation la connecte avec Kylo Ren ?), les deux s’unifiant dans une intrigue très prenante (ultimement centrée sur le devenir spirituel des héros : vont-ils verser du côté obscur ou du côté lumineux de la Force ?).
Quant au fond éthique, j’interroge la violence du héros (autant d’ailleurs que de l’héroïne) qui tue de nombreux humains sans jamais manifester le moindre état d’âme, voire se venge sans nul affre de conscience. Comment découpler autant courage et magnanimité ? Si tout homicide est un suicide en puissance, comment assassiner tant de créatures sans attenter à sa propre identité ? La cécité relative à une telle contradiction performative provient de multiples facteurs, notamment : un inquiétant non-dit caractéristique de l’ère numérique (la multiplication des jeux vidéos finit par virtualiser l’adversaire), un subtil mensonge qui se traduit par un invu (jamais, même dans les massacres les plus inexpiables, une goutte de sang ne sera versée), une patente déshumanisation liée à la multiplication de personnages masqués (le soldat sans visage est un soldat sans personnalité et bientôt sans identité) – ce qui ouvre des perspectives très alarmantes sur nos actuelles mesures sanitaires – et un racisme tout au contraire latent (éliminer un extra-terrestre, parlant donc pensant, mais le plus souvent très laid, apparaît beaucoup moins grave que tuer un humain).
Enfin, quant au fond symbolique, il vaut la peine de s’interroger sur le prix à payer de suivre les aventures d’un héros qui, plus de 99 % de son temps, demeure masqué, donc dénué de toute expression faciale, et arthropodisé par son armure, donc privé de toute manifestation gestuelle. Il s’ensuite une difficile identification, pourtant essentielle à l’investissement émotionnel du spectacle, qui est d’autant plus coûteuse que le Mandalorien demeure l’unique personnage principal de la série – certes avec Baby Yoda sur lequel nous allons maintenant revenir, en touchant à la deuxième limite symbolique de la série. De manière secrète, toute histoire tire sa richesse de sa capacité à harmoniser la toute première des polarités, celle du masculin et du féminin. Or, au très viril Mando, certes, répond le très attendrissant Drogu, dont la ronde tête appelle la tendresse maternelle. Mais pourquoi l’avoir affublé de la si peu féminine Gina Carano, cette championne de muay thaï ? Pourquoi la relation clairement paternelle qui lie le mercenaire à cet enfant aussi attaché qu’attachant, n’est-elle pas complétée par l’autre relation tout aussi structurante qu’est l’amour potentiellement conjugal ? L’idéologie LGBT qui pervertit les studios Disney minerait-elle le scénario en sous-main ? Ne sombrons pas dans le procès d’intention, mais disons notre frustration face à cet excès d’animus et ce déficit en anima.
Pascal Ide
Au même titre que l’Ordre Jedi ou l’Ordre Sith, les Mandaloriens sont un groupe de soldats très anciens et très respectés, notamment caractérisés par leur armure en beskar. L’un d’entre eux, appelé le Mandalorien / Din Djarin (Pedro Pascal) et surnommé « Mando » est connu pour être un des plus redoutables chasseurs de prime au-delà des territoires contrôlés par la Nouvelle République. Ce mercenaire solitaire accepte un contrat non officiel, moyennant une prime substantielle : retrouver et ramener à son commanditaire qui, étrangement, semble appartenir à l’Empire, un être vivant de 50 ans. Or, malgré son âge, il s’agit d’un bébé qui ressemble à Maître Yoda enfant et, s’il ne parle pas, maîtrise déjà la Force. Après avoir rempli son contrat et donné l’Enfant, Mando apprend le sort qui lui est réservé : servir de cobaye. Il décide alors de le sauver en l’enlevant. Aussitôt, il est poursuivi par tout ce que la galaxie compte de chasseurs de primes, ainsi que par une garnison d’impériaux émergeant des cendres de l’Empire. Il trouve une aide appréciable, mais ponctuelle dans Carasynthia « Cara » Dune (Gina Carano), une combattante de l’Alliance Rebelle qui a fait partie des soldats d’élite, les Shock Troopers. Mais peu à peu se lève une autre menace dans la personne autrement inquiétante de Greef Karga (Carl Weathers)…