Tellement proches est une comédie française d’Eric Toledano et Olivier Nakache, 2009. Avec Vincent Elbaz, Isabelle Carré, Audrey Dana, Omar Sy, François-Xavier Demaison, Joséphine de Meaux, Jean Benguigui…
Thèmes
Famille.
Souvent désopilant, parfois attendrissant, le film est aussi « réfléchissant » (il nous tend un miroir, il nous invite à poser des questions, ici, sur la famille).
Décidément, le film français peut exceller dans le genre comique. Tellement proches ne résiste pas toujours à la vulgarité ni à la caricature (ici des juifs pieux), mais sans excès ni méchanceté. En revanche, il évite le film à gags (même s’il peut être excellent, comme Mission Cléopâtre) et emprunte à la veine authentique de l’humour : la critique des mœurs. On ne rit que de ce dont on ne pleure pas. Ici, il s’agit non pas d’un type moral (par exemple le colérique-lâche à la Funès), mais d’un thème : la famille.
Au début, le spectateur s’étonne et doute. Il ne croit pas à la stabilité de ces liens entre personnes si immatures, à une telle incurie éducative, à la déchéance professionnelle de l’avocat, etc. Mais la clé est fournie dans un dénouement épatant : sans en révéler trop, cette histoire est en réalité une histoire narrée (« Les histoires ne sont pas vécues mais racontées », disait Louis O. Mink, le grand théoricien du récit historique), à travers le regard tendre et déformant d’un enfant qui, malgré les multiples maladresses de ses parents, n’a jamais cessé de se sentir aimé et a réalisé ses rêves, en cultivant ses talents.
Et voilà le thème : non pas seulement la famille, mais la famille comme lieu de vitale proximité. Tellement proches… Certes, on se demandera comment des êtres souvent très narcissiques (y compris la génération d’avant : que l’on songe au père coiffeur niant sa vieillesse) ou, inversement, généreux jusqu’à l’aveuglement, peuvent construire ce délicat vivre-ensemble. On ne croira pas que les liens du sang ou la passion suffisent à contrebalancer les forces centrifuges de l’égoïsme, du mensonge, du ressentiment. On interrogera la pertinence d’une pédagogie fondé sur les seules valeurs féminines de fusion, excluant celles masculines de loi ou de rapport au monde.
Mais d’abord, le personnage principal connaît une heureuse évolution : passant par la fuite, la colère, la régression (dans les bras de cette opulente femme-mère) et enfin la prise de conscience libérante (de son infantilisme jusqu’à trente cinq ans) et l’improbable métamorphose. Ensuite, avec la religion juive, c’est aussi le pardon qui s’introduit : on en parle, puis on en vit. Enfin, ne boudons pas notre plaisir. La famille connaît un séisme lié au déplacement de son centre de gravité : autrefois définie à partir du mariage, c’est-à-dire de l’union des conjoints, elle l’est aujourd’hui à partir du lien de chaque parent aux enfants. Or, au fond et au terme, Tellement proches célèbre trois couples qui tiennent dans la durée, dont l’un plus de vingt ans. Oui, la comédie fait rire de ce dont ne désire pas s’attrister, mais surtout de ce qu’on veut encore espérer.
Pascal Ide
Quand Alain a épousé Nathalie, il ne savait pas qu’il épouserait aussi sa famille. Ce samedi, comme toutes les semaines, ils sont invités à dîner chez son beau-frère, Jean-Pierre, à Créteil. Mais ce soir, plus que d’habitude, Alain est à bloc, il bout comme une cocotte prête à exploser. Il en a marre, marre de se planter à chaque fois sur le chemin pour aller à Créteil, marre de se taper les petits conseils de vie de Jean-Pierre et de sa femme Catherine qui élève ses enfants comme des chevaux, marre d’attendre de dîner l’estomac vide en regardant les spectacles soporifiques de leur fille Gaëlle, marre de regarder pour la énième fois la vidéo de leur mariage, marre aussi de son autre belle-sœur Roxane qui, affolée par son horloge biologique, a jeté son dévolu sur Bruno, jeune interne en médecine noir qui se demande un peu comment il a atterri à ce dîner. C’est vrai, Alain en a marre de ces dîners familiaux, mais il ne sait pas encore ce qui l’attend véritablement ce soir-là. Ni les jours qui suivent…