Tchao Pantin
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Pays:
Français
Thème (s):
Amitié, Gratuité
Date de sortie:
21 décembre 1983
Durée:
1 heures 40 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Claude Berry
Acteurs:
Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral
Age minimum:
Adolescents et adultes

Tchao Pantin, drame français écrit et réalisé par Claude Berri, 1983. Adapté du roman éponyme d’Alain Page, qui en a écrit les dialogues. Avec Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral et Philippe Léotard. Récompensé par cinq Césars, dont celui du meilleur acteur pour Coluche. Disponible sur Netflix.

Thèmes

Amitié, Gratuité.

Tchao Pantin est souvent considéré comme un film sombre, très sombre. Dans ses images. La laideur des décors, intérieurs et extérieurs, le dispute à la noirceur des teintes nocturnes. Dans sa grammaire. La mort est omniprésente, depuis le titre qui souligne d’emblée l’adieu définitif, jusqu’aux permanentes allusions néantisantes de Lambert à la mort qui ronge son psychisme par la dépression et son corps par l’alcoolisme (« Je n’existe pas » ; « Tu ne comprends pas qu’ils voudront te tuer ? – Je suis déjà mort » ; « Tu vas crever, Lambert. – Je n’attends que cela, de crever »). Dans la résonance du personnage avec l’acteur qui livre une impressionnante performance dans un rôle à contre-emploi, alors (ou au contraire, parce) qu’il traverse une période difficile dans sa vie privée (abandonné par son épouse, remué par le décès de Patrick Dewaere, Coluche en pleine dépression abuse de la drogue et de l’alcool, et commence par refuser le tournage du film). Dans son histoire. Au début, l’on se félicite de l’amitié entre le pompiste solitaire, mélancolique et alcoolique, avec ce jeune beur vivant et extraverti, jusqu’au moment où s’impose, de manière trop appuyée, une interprétation psychanalytique transparente : en répétant son histoire traumatique (Lambert, autrefois inspecteur de police, a tout plaqué à la suite du décès de son fils d’une overdose qu’il n’a pas su éviter), Lambert cherche non pas le bien supérieur de la justice, ni même le bien très relatif de la vengeance, mais d’abord l’apaisement de son intense culpabilité. Dès lors la gratuité altruiste de l’amitié s’involue en quête égocentrée.

 

Pourtant, une autre lecture est possible, même si elle est bégayante et parcellaire. Chez les trois protagonistes principaux, en effet, s’ébauche une sortie d’eux-même qui n’appartient qu’à l’amour-don travaillant le cœur de tout homme.

Youssef initie sa relation d’amitié avec le pompiste par un acte de service à ce que l’on appelle joliment « station-service ». Plus tard, ému par la générosité spontanée de Lambert, ou plutôt submergé par la gratitude vis-à-vis d’un don totalement immérité, il ne sait que bégayer, se taire et sourire.

Lorsqu’elle apprend l’histoire de Lambert, Lola, la punk garçon manqué, violente et mal dégrossie, lui offre beaucoup plus que l’empathie distanciée dont on fait trop cas aujourd’hui : une authentique compassion où son cœur bouleversé déborde sur ses traits attristés.

Surtout, derrière les conditionnements susdits qui ne sont pas des déterminismes, Lambert laisse entrevoir des aspirations autrement plus nobles. Sa générosité ne se dit pas tant dans le don de tout son salaire, jusqu’à s’endetter, que dans la délicatesse par laquelle il retourne l’intention vers lui-même (« Ainsi, je boirai moins ») pour moins peser sur l’autre. L’on découvrira aussi que le choix de cette profession de pompiste, de surcroît en régime de nuit, n’est pas qu’une fuite dans un mutisme autodestructeur ; elle est aussi l’acte d’humble liberté d’un homme qui a pris conscience de tout l’orgueil qui lui a fait préférer sa carrière policière à sa mission paternelle. Enfin, si les deux meurtres sont au mieux des actes vindicatifs, le renoncement au troisième assassinat traduit, au-delà du mépris, une pitié et, en tout cas, une capacité à ne pas entrer dans la pulsion-addiction du Punisher, donc, de nouveau, d’une liberté qui sait encore préférer le bien.

 

Alors, tchao pantin ? Ou bonjour l’amitié…

Pascal Ide

À Paris dans le 18e arrondissement. Homme d’âge mûr n’ayant pas d’attaches et noyant sa solitude dans l’alcoolisme et la dépression, Lambert (Coluche) travaille comme pompiste de nuit dans une station-service. Un soir, il fait la connaissance de Youssef Bensoussan (Richard Anconina), un jeune marginal orphelin mi-juif mi-arabe, qui vivote en revendant des petites doses de drogue. Il est venu se réfugier dans la station-service en prétextant qu’il a besoin de se faire ravitailler en bougies. En réalité, il veut éviter une patrouille de police qui l’avait pris en filature. Le courant passe entre les deux hommes, qui se lient rapidement d’une amitié pudique et se retrouvent tous les soirs dans la station-service pour discuter.

Avec affection, mais non sans maladresse, Lambert se permet de donner des conseils à Youssef sur sa relation avec la jeune punk Lola (Agnès Soral), rencontrée dans un bar tabac alors qu’il frime avec la moto de son fournisseur, Rachid (Mahmoud Zemmouri). Bien que ne tolérant pas que le jeune homme deale, Lambert s’attache à lui. Plus encore, il veut le protéger car Bensoussan prend des risques inconsidérés vis-à-vis de son pourvoyeur.

Un soir, après que Bensoussan s’est fait voler sa marchandise, Lambert se propose de l’aider financièrement pour rembourser Rachid. Plus tard, Bensoussan, poursuivi par Mahmoud (Ahmed Ben Smail) et un autre homme de Rachid venus le corriger, débarque paniqué à la station-service pour demander l’aide de Lambert. Mais les hommes de main arrivent et il ne peut empêcher le jeune homme de se faire tuer sous ses yeux. Comment va réagir Lambert dont on vient de tuer l’unique ami ?

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