Sunchaser

Les Américains ont un faible pour ce que l’on appelle les psychothérapies brèves, efficaces en peu de temps, par opposition aux psychothérapies s’étalant sur de longues années dont la psychanalyse est l’exemple-type.

Sunchaser en est un exemple type. On peut lui reprocher des ficelles grosses comme des cordages, une musique de Maurice Jarre à oublier aussitôt si elle n’était trop présente, une philosophie new-ager simpliste, etc. Mais ne boudons pas : Cimino a au moins le mérite de nous livrer, presque naïvement, une leçon très pédagogique et optimiste, de thérapie réussie.

Le Dr. Reynolds, la réussite incarnée en Porsche Turbo 911 flamboyante, cache en réalité une blessure secrète, très secrète qu’il n’a jamais révélée à personne. Seul un observateur très attentif s’étonnerait de son refus de soigner les patients venant de pédiatrie, de son hyper-activisme, de sa complaisance à jouer le rôle du médecin tout-puissant, de son côté donneur de leçons à la thématique très morbide.

Mais le jeune Brandon Monroe, surnommé Blue, comme tout homme profondément meurtri par la vie, démasque son médecin ; en à peine 10 secondes, il épingle tous les mensonges de ce dandy tiré à quatre épingles, qui tient singulièrement à une bague. A moins que ce ne soit elle qui le tienne.

En fait, Reynolds est intensément culpabilisé d’avoir commis un acte d’euthanasie active sur son grand-frère qui l’y incitait. Comment racheter cette faute impardonnable ? On l’a deviné : en substituant l’image de Blue à celle de son frère ; et en investissant positivement la relation avec le jeune délinquant ; ainsi à la mémoire blessée succède une mémoire apaisée. Tel est l’un des principes possibles des thérapies brèves. Or, c’est Reynolds lui-même qui, librement et même contre un Blue découragé, croira à sa guérison et lui donnera la fin de vie dont il a toujours rêvé.

Au début, Reynolds était extérieurement libre, mais intérieurement esclave ; il reviendra de son Odyssée, les menottes aux mains, mais l’âme libérée de tout tourment : l’anneau de culpabilité qui l’enchaînait à son grand-frère s’est volatilisé dans le lac du salut.

Pascal Ide

Un brillant cancérologue proche de la consécration, aux dépens de sa famille, est pris en otage par un patient, Brando Blue Monroe, jeune métis indien, qui se sait condamné par une tumeur incurable. Il veut retrouver le lac enchanté situé dans les montagnes sacrées du Colorado, dont un sorcier navajo lui a chanté les vertus curatives lorsqu’il était enfant. Lors de ce voyage forcé et mouvementé, le médecin découvre progressivement la véritable personnalité de son ravisseur et remet peu a peu en question ses propres valeurs.