Ridicule
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Pays:
Français
Thème (s):
Mensonge, Solitude
Date de sortie:
9 mai 1996
Durée:
1 heures 42 minutes
Directeur:
Patrice Leconte
Acteurs:
Charles Berling, Jean Rochefort, Fanny Ardant
Age minimum:
Adolescents et adultes

 

 

Ridicule, comédie de Patrice Leconte, 1996. Avec Charles Berling, Jean Rochefort, Fanny Ardant.

Thèmes

Solitude, mensonge.

Nous savons que le ridicule tue le ridiculisé. Ridicule nous apprend qu’il assassine aussi et peut-être d’abord le ridiculisant. Cela, par la solitude. Tous les moqueurs sont solitaires, car ils ne vivent que de la crainte d’être à leur tour soumis au sort qu’ils trouvent tant de plaisirs à faire subir à moins spirituels qu’eux. La comtesse de Blayac vit de séduction et d’intrigues, toujours menacée d’être délaissée par ses amants successifs. De même l’abbé de Villecourt, l’instant d’avant adulé de tous, l’instant d’après délaissé de tous, découvre l’absolue vanité des relations humaines qu’il a contribué à défaire par son ironie.

Cette amère solitude est symbolisée par le masque. Même Mathilde qui ne veut pas croire à l’amour se cache derrière non pas un masque, mais un casque, autrement dit protège son cœur d’amoureuse par sa tête de chercheuse.

La splendide scène finale est la brillante démonstration de cette solitude dont le masque est la parabole : elle nous invite… à un bal masqué. Le marquis Grégoire Ponceludon de Malavoy s’y rend, certes par souci altruiste d’obtenir l’assèchement des marais des Dombes, mais aussi par secrète séduction pour les jeux d’esprit et de rivalité qui fourmillent à la cour. Sa chute sera son salut. Ses adversaires n’ont, en effet, pas le loisir de l’humilier plus avant. Grégoire jette son masque et se redresse : il a enfin compris où est le vrai bonheur. Il peut alors aller à la rencontre de celle qu’il aime et qui, sans fard ni masque, l’attend. Auparavant, il démasquera, au sens figuré, le ridiculisant qui l’a fait trébucher et dont on découvre qu’il est cet homme amer, aperçu au début (dans une scène très déplaisante qui n’est que complaisance commerciale), muré dans son désir de vengeance.

Quant à la comtesse de Blayac, elle abaissera elle-même son loup pour laisser apparaître un visage blafard, rongé de tristesse et de solitude : elle comprend que le bonheur de Grégoire s’éloignant avec Mathilde s’éloigne aussi à jamais de son cœur de courtisane prisonnier de l’hypocrisie des rituels curiaux (finement analysés par le sociologue Norbert Elias).

Mgr. Bourdaloue dit que la médisance tue trois personnes : celui qui médit, celui dont il médit et celui devant qui il médit. N’est-ce pas vrai aussi du ridicule ?

Pascal Ide

A travers les aventures de Grégoire Ponceludon de Malavoy, issu d’une famille d’ancienne noblesse tombée dans la précarite, une étude de la cour de Louis XVI et ses antichambres à Versailles en 1780, où déjà la spiritualité avait pour ennemi mortel le ridicule.

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