Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral), western (en partie biopic) américain de John Sturges, 1957. Avec Burt Lancaster et Kirk Douglas.
Thèmes
Haine de soi, amitié, salut.
Règlements de compte à OK Corral fait partie de ces westerns qui ont la stature d’un drame shakespearien, ici centré sur la haine de soi.
Dès la première scène, entre lui et sa maîtresse, Kate Fisher, tout montre la haine qui, au sens le plus propre, dévore John Holliday de l’intérieur. Incapable de s’aimer, il est incapable de se sentir aimé, et ici d’accueillir l’affection que lui porte Kate. En la rejetant, il ne fait que manifester son propre rejet. « Kate incarne tout ce que je déteste de Doc Holliday », avouera-t-il dans un accès de lucidité.
Cette détestation de soi se traduit par la volonté de disparaître, c’est-à-dire par le suicide : soit à petit feu, par son alcoolisme chronique (jamais un acteur n’a autant bu en si peu de temps) soit, brutalement, par son besoin frénétique d’en découdre avec les malfrats qui le provoquent et dont il attend qu’ils l’éliminent (« Je n’ai qu’une peur : mourir dans mon lit »). Cette autolyse s’exprime corporellement et symboliquement en cette tuberculose qui le ronge et l’essouffle. Enfin, elle se révèle autant qu’elle s’accomplit dans le rejet social qui est une autre forme de meurtre : tout le monde le hait. Et, dans cet Ouest encore si sauvage, cette violence s’exprime de la manière la plus limpide par un lynchage en (hors !) règle.
D’où provient ce désamour de soi ? L’histoire ne le dit pas, d’autant que Doc semblait être un dentiste apprécié et respecté. Mais il évoque une raison profonde, lorsqu’il lâche à Kate : « On n’a jamais servi à rien dans notre vie ». Face à l’existence d’un Wyatt Earp, cette icône incorruptible et impavide de la loi, qu’il surnomme ironiquement « le moralisateur », celle de Doc semble dénuée de toute signification, donc de toute valeur.
En revanche, l’intrigue narre l’issue hors de cette haine dévastatrice. Et les deux raisons qui vont sauver John Holliday sont les mêmes qui nourrissent toute estime de soi : être aimé et aimer. D’une part, l’amitié fidèle de Wyatt qui n’hésite pas à se montrer en sa présence dans la ville de Dodge City dont il est le shérif, et à le défendre y compris contre les critiques de ses frères. D’autre part, se donner pour cet ami menacé par le clan Clanton, jusqu’à risquer sa vie. À Kate lui objectant : « Tu mourras, si tu vas là-bas », Doc rétorque : « Si je dois mourir, laisse-moi au moins mourir avec mon seul ami ». Plus tard, au terme du combat à Ok Corral (avec l’accent, s’il vous plaît !), Wyatt remerciera un Doc ressuscité, de manière aussi brève qu’éloquente : « Je n’aurais jamais pu réussir sans vous ». Quel plus beau sens donner à son existence ?
Pascal Ide
Sur la piste d’un dénommé Ike Clanton – Alex Clanton dans la version française – (Lyle Bettger), Wyatt Earp – Edward Thorpe dans la version française – (Burt Lancaster), shérif de Dodge City, débarque à Fort Griffin, petite bourgade de l’Ouest sous l’autorité de l’un de ses amis, le shérif Cotton Wilson – George Wilson dans la version française (Frank Faylen). Il déchante lorsqu’il apprend que son ami a retourné sa veste et laissé Clanton s’échapper. Il tente malgré tout d’en savoir plus auprès d’une figure notoire de la région, un ancien dentiste devenu joueur de poker, John Holliday, dit « Doc Holliday » (Kirk Douglas). Mais, ayant été injustement spolié de l’argent gagné au poker par l’un des frères de Wyatt, Doc l’éconduit froidement.
Plus tard dans la nuit, Doc Holliday, qui vient d’en découdre avec le frère de l’une de ses victimes, doit faire face aux foudres de la population, excédée par les troubles qu’il provoque. Wyatt Earp, d’abord peu enclin à le secourir, se refuse à être complice du lynchage et finit par lui apporter son aide pour qu’il fuit avec sa maîtresse, Kate Fisher (Jo Van Fleet). Wyatt Earp, bientôt rejoint par Doc Holiday, s’en retourne à Dodge city où, si sa fiancé, Laura Denbow (Rhonda Fleming), l’attend, il est pressé par d’autres problèmes. Mais le pire est à venir : Clanton fasse de nouveau parler de lui. Avec ses deux frères, Morgan – Paul dans la version française – (DeForest Kelley) et Virgil Earp – Vincent dans la version française (John Hudson), il organise la défense contre le clan Clanton qui est supérieur en nombre.