Oxygène
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Pays:
Américano-français
Thème (s):
Vertu
Date de sortie:
12 mai 2021
Durée:
1 heures 40 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Alexandre Aja
Acteurs:
Mélanie Laurent,Mathieu Amalric,Malik Zidi
Age minimum:
Adolescents et adultes

Oxygène, science-fiction dystopique américano-français d’Alexandre Aja, 2021. Sorti sur Netflix. Avec Mélanie Laurent.

Thèmes

Vertus.

Ce huis-clos confiné n’est pas qu’un exploit scénaristique et une belle performance d’actrice, c’est avant tout une histoire prenante qui nous raconte un double, voire triple itinéraire.

 

  1. Le scénario se présente d’abord comme celui d’un thriller haletant où une jeune femme qui, vouée à une mort certaine, va réussir à s’en sortir et accéder non seulement à la survie, mais à une vie véritable. Et le suspense est d’autant plus insoutenable que l’on découvre peu à peu qu’elle ne peut attendre aucun secours, ni lointain (toutes les aides s’avèrent être mensongères), ni proche (superbe scène où nous découvrons soudain avec l’héroïne qu’elle est perdue loin de la terre : son corps flottant dans son caisson cryogénique atteste soudain l’insoutenable légèreté de son être ; ce que l’unique travelling du film atteste aussitôt en filmant son effroyable solitude dans le silence éternel des espaces infinis). Sa seule option devient : au dehors, mourir de froid en moins de dix secondes. Au dedans, mourir d’anoxie en quelques minutes.

 

  1. Mais l’histoire est encore et beaucoup plus intérieure. Elle se présente comme un cheminement vertueux exemplaire. Sans prétendre être exhaustif, relevons quelques illustrations.

Elizabeth devra apprendre à surmonter un grand nombre de sentiments toxiques qui la submergent jusqu’à l’agiter ou la paralyser : la peur panique de l’espace clos (claustrophobes s’abstenir), le découragement croissant allant jusqu’au désespoire suicidaire, la colère démesurée (que suscitent l’injustice et le mensonge multipliés par la distance), la fuite dans la pseudo-consolation (quand elle perdra un temps précieux à chercher le visage de son mari parmi les unités envoyées).

Elle devra acquérir ou plutôt conquérir son autonomie. Au début, légitimement tentée de demander de l’aide jusqu’à devenir servilement dépendante, elle attend tout de l’intermittente police et de l’imperturbable M.I.L.O. Mais elle comprendra progressivement, non sans l’aide de son alter ego en rien infantilisant, Elizabeth âgée (voix d’Annie Balestra), qu’elle doit elle-même trouver la réponse à toutes ses questions et elle-même poser les gestes qui la sauveront.

Elle devra aussi réconcilier les trois extases du temps qui couvrent son identité. Au commencement, immergée dans la survie, donc dans le présent, elle devra ensuite se réapproprier son histoire, raviver sa mémoire et découvrir son identité passée – quitte à découvrir qu’elle est celle, factice, d’un « p… de clone », pour, enfin, s’ouvrir à un possible avenir. Et c’est pour cela que, au terme, dans une succession de scènes saisissantes, sur fond d’une musique de plus en plus exaltante, nous voyons Elizabeth enfin s’interroger sur sa future destination et, plus encore, retrouver l’homme qu’elle aime et qui l’aime, tous deux en vêtement immaculé. Née à elle-même, elle peut désormais se lier, voire se donner.

 

  1. Après avoir fait vivre ce trépidant rythme extérieur et cette intense progression intérieure, la trame narrative ébauche-t-elle une ouverture sur la troisième dimension, supérieure ? Oxygène n’a assurément pas la profondeur habitée et l’audace religieuse de Gravity (Alfonso Cuarón, 2013). Point d’images puissamment symboliques. Point d’allusions transcendantes. Points d’appel de l’Absolu à l’approche de la mort annoncée. Le choix même du titre atteste d’abord le souci de narrer une histoire survivaliste dans le plus hostile des milieux – et, redisons-le, le défi est relevé.

L’on pourra toutefois relever : un éveil initial qui évoque la promesse d’une renaissance et un repos final qui suggère l’ensevelissement dans un linceul ; le refus décidé de toute euthanasie présentée comme un acte de charité ; le surprenant pardon à la machine ; derechef, l’élargissement eschatologique à la nouvelle vie sur la nouvelle planète ; un final nuptial en habits de lumière.

 

La dystopie d’Alexandre Aja mérite d’être primée au Guinness Book, rubrique « Cinéma », sous-rubrique « Règle des trois unités » : en temps réel, resserrée dans l’espace étouffant d’un cercueil volant, l’intrigue unique est celle de la délivrance d’une femme inéluctablement vouée à la mort. Celui qui voudra dépasser ce record n’aura désormais plus qu’une solution : minimiser encore le décor en entrant dans la tête de son héros ou métaphoriser l’éternité…

Pascal Ide

Une jeune femme, Elizabeth Hansen (Mélanie Laurent), se réveille seule dans une unité cryogénique. Elle ne sait plus qui elle est, ni comment elle a pu finir enfermée dans une capsule de la taille d’un cercueil. Pire encore, elle découvre que le taux d’oxygène diminue dramatiquement et apprend de l’ordinateur avec qui elle peut communiquer, M.I.L.O (voix de Mathieu Amalric), qu’elle en a pour 72 minutes maximum avant d’atteindre les 0 %.

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