Maudite Aphrodite, comédie américaine de Woody Allen, 1995. Avec Woody Allen, Mira Sorvino, Helena Bonham Carter.
Thèmes
Adoption, amour, homme-femme.
Saint Jacques dit que l’homme a l’âme double (Jc 1,8). Ce n’est pas à ce vieux pratiquant de la psychanalyse qu’est Woody Allen qu’on va l’apprendre. Mais l’originalité de son dernier film vient de ce que la dualité n’est pas ici celle du conscient et de l’inconscient, mais de la conscience morale et de cette maudite Aphrodite qu’est la passion. Alors qu’Alice symbolisait l’inconscient par une bouche d’aération, c’est les masques d’un chœur grec antique et loufoque qui exprimeront cette conscience que, vainement, Lenny (Woody) veut faire taire.
Son couple est en difficulté et prend prétexte d’une recherche sur les origines de leur enfant adopté pour en rencontrer, en secret, Linda, la mère génétique. « La curiosité, voilà ce qui nous tue », clame le chœur. Lorsqu’il rencontre Linda, Lenny a pris ses renseignements, il sait qu’elle est une gourgandine, donc qu’il joue avec le feu… de la passion : « Je veux juste faire connaissance », tente-t-il d’expliquer à sa Cassandre de conscience qui lui réplique : « Tu veux aller chez une prostituée et ne pas coucher avec elle ? »
La meilleure preuve de la duplicité de Lenny est qu’il est désormais pris à son propre piège. Prenant prétexte de ce que sa femme Amanda est de plus en plus mariée à, pardon !, absorbée par son travail, Lenny multiplie les démarches – apparemment – généreuses et les rencontres – réellement – continentes avec Linda qu’il cherche à tirer de son métier. Il s’aveugle volontairement : « Je fais cela pour le bien de mon fils. Il faut, plus tard, qu’il sache que sa mère soit coiffeuse. » Mais le chœur veille : « Amanda est ton destin. Linda est ton hubris », (ta démesure passionnelle).
Jusqu’au jour où Lenny trompe Amanda. Certes, son infidélité trouve une excuse dans son besoin de consolation, dans l’adultère de sa femme, mais elle a été longuement préparée par le mensonge répété du passé et par un aveuglement soigneusement entretenu. Lenny n’hésite d’ailleurs pas à mentir, ici très consciemment, pour profiter de la faiblesse d’une Linda qu’un échec affectif vient d’éprouver.
L’un des mérites de ce film constamment comique est de nous donner une splendide leçon d’éthique sans jamais en avoir l’air.
Pascal Ide
Les Weintrib forment un couple ordinaire de New-yorkais. Amanda travaille sans relâche a sa galerie d’art, tandis que Lenny est journaliste sportif. Sous la pression d’Amanda, Lenny se résout à adopter un enfant, Max, qui au fil des années se révèle aussi délicieux que doué.
Pris dans la routine du couple et du travail, Lenny se demande de plus en plus à quoi peuvent ressembler les parents naturels de l’enfant qu’il élève. Et le voilà qui se lance sur les traces de celle qui a donné le jour à son fils.