Les hommes de l’ombre, film d’action de Lee Tamahori, 1996. Avec William L. Petersen, Kyle Chandler, Melinda Clarke.
Thèmes
Violence, culpabilité.
Le film Les hommes de l’ombre pose une question : quelle différence y a-t-il entre le lieutenant de police Max Hoover et le général Stimm ? Leur manière de tuer se ressemble : la chute. Les deux assassinats sont commis de sang-froid et ne reculent pas devant l’atrocité. Ils sont perpétrés au mépris de la loi, grâce à l’impunité qu’octroie un supérieur tout-puissant qui, au nom de l’importance de sa tâche et des besoins d’efficacité, ferme les yeux sur les moyens.
Les critiques des abus de pouvoir sont souvent tentées d’identifier la violence légale et la violence mafieuse. Mais regardons-y de plus près. Pour cela, aidons-nous des précieuses analyses d’un penseur français émigré aux Etats-Unis, René Girard. Il a montré que le bouc émissaire était un processus universellement pratiqué pour exorciser la violence. Telle est la logique du département militaire qui se justifie ainsi : « Il faut parfois sacrifier cent pour que mille puissent vivre. » Elle rappelle la parole de Caïphe au sujet de Jésus : « Il est de votre intérêt qu’un seul meure pour le peuple. » (Jn 11,50) Mais, continue Girard, l’universalité de ce procédé machiavélique ne le légitime pas (et on doit au christianisme de l’avoir montré). La perversité du processus vient de ce que l’on assassine un innocent. Or, aucune raison d’Etat ne le justifiera jamais : ici ne vaut pas la théorie du moindre mal ; rien ne peut être mis en balance avec le bien infini que représente une vie innocente.
Max a saisi la différence, lorsqu’il définit excellemment l’attitude des militaires : « Timms a dit que la pierre d’angle de notre civilisation est le sacrifice humain. » Or, le groupe d’intervention musclé de Max ne s’attaque jamais qu’à des coupables. Voilà pourquoi ce dernier connaît un étrange moment de communion avec le général moribond, lorsqu’il comprend qu’il n’est pas responsable des excès meurtriers. Cette constatation ne blanchit pas la justice expéditive de la méthode de Max. Elle interdit du moins d’assimiler les deux pratiques de la violence.
Les hommes de l’ombre ne sont pas les hommes des ténèbres.
Pascal Ide
Au début des années 1950, une unité spéciale de la police de Los Angeles est formée dans le but d’éradiquer la criminalité. Les quatre hommes qui la composent enquête sur le meurtre crapuleux d’Allison Pond, jeune femme qui eut une liaison active avec le général Thomas Timms, le dirigeant de la Commission sur l’Energie Atomique…