Les Chatouilles
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Pays:
France
Thème (s):
Abus sexuel sur mineur, Guérison, Mal
Date de sortie:
14 novembre 2018
Durée:
1 heures 43 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Andréa Bescond, Eric Métayer
Acteurs:
Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac
Age minimum:
Adultes

 

Les Chatouilles, drame français écrit et réalisé par Andréa Bescond et Éric Métayer, 2018. Adapté de la pièce de théâtre des mêmes auteurs, Les Chatouilles ou la Danse de la colère, 2016, et inspiré de l’histoire d’Andréa Bescond. Avec Andréa Bescond, Karine Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Carole Franck.

Thèmes

Mal, guérison, abus sexuel sur mineur.

En sortant du cinéma, je ne savais pas si je me sentais mal à l’aise à cause de cette tragique histoire d’abus sexuel sur mineur ou parce que le chemin présenté par l’héroïne me paraissait encore inachevé, donc insatisfaisant.

 

Je ne m’attarderai pas sur ce récit d’autant plus douloureux qu’il s’agit d’un biopic déjà raconté en livre et mis en scène au théâtre. Le film s’achève sur une statistique atterrante : un enfant sur cinq est abusé. À la perversion sexuelle (cette paraphilie qu’est la pédophilie) s’ajoute, comme si souvent, une autre déviance, narcissique, qu’est l’abus de pouvoir : l’ami tellement gentil qui manipule la petite fille, l’instrumentalisant, la bâillonnant et la culpabilisant – le tout sur fond de cécité parentale, de faiblesse paternelle et de dureté maternelle.

 

Mais je soulignerai davantage le chemin, simplement montré, sans prétention à l’exemplarité. Comment ne pas se réjouir de tout le travail de résilience et de réparation accompli par l’héroïne pour métaboliser le traumatisme ? Multipliant les voies, renonçant toujours plus à la fuite et brisant toujours plus l’omertà, elle passe par le corps (la danse, impressionnante, d’énergie et de vérité), l’imagination (jusqu’à, un temps, brouiller les frontières entre fiction et réalité), la parole (avec une « psy » toute en humilité et en compassion) et enfin les démarches de vérité, familiale et institutionnelle (risque et bravoure maximaux).

En revanche, je demeure dubitatif sur la suffisance et la pertinence des moyens adoptés.

Du point de vue psychologique, la mise en mots des maux, si nécessaire, ne saurait suffire. Odette le formule d’ailleurs à sa psychothérapeute quand elle lui fait remarquer qu’elle est en train de replonger dans l’angoisse dont elle cherchait à se protéger. Pourquoi taire ces thérapies justement qualifiées de brèves (EMDR, hypnose), aussi curatives qu’efficaces (sans déplacement de symptômes sur le court et le long terme), aussi validées (scientifiquement) que respectueuses (dénuées de tout effet secondaire) ?

Du point de vue éthique, la reconnaissance par les parents de leurs torts est assurément une consolation, une déculpabilisation, voire une grande aide thérapeutique, mais par surcroît. Comment ne pas être touché par ce qui est peut-être la plus belle scène du film : la demande bouleversante de réconciliation faite par le père, qui promet désormais à sa fille son soutien sans condition et sans limite – scène d’autant plus touchante que, par pudeur, Fabrice adresse sa demande dans la voiture, du siège arrière, comme protégé de sa trop intense émotion, par le dossier du fauteuil ? Mais, les études psychologiques elles-mêmes l’attestent, la véritable guérison réside dans le pardon « du fond du cœur » à l’agresseur – toutefois, en temps voulu, c’est-à-dire une fois le travail psychologique accompli : cet ordre de succession chronologique, trop oublié par les chrétiens, seul garantit que le pardon ne soit pas un subtil déni de ce traumatisme inouï.

Pascal Ide

Odette (Cyrille Mairesse) est une gentille petite fille blonde de huit ans qui est passionnée de danse. Un dimanche comme tant d’autres, Gilbert Miguié (Pierre Deladonchamps), le meilleur ami de son papa, Fabrice Le Nadant (Clovis Cornillac) et de sa maman Mado (Karin Viard), vient déjeuner. Comment pourraient-ils imaginer que cet homme si apparemment normal, sain et admiré pour sa réussite, va demander à Odette de s’enfermer dans la salle de bains, pour jouer à la poupée et la violer ?

Devenue adulte et danseuse professionnelle, Odette (Andréa Bescond) se débat, entre toxicomanie, fantasmes d’évasion et aventures sans lendemain, jusqu’au jour où elle se décide à rencontrer une psychothérapeute (Carole Franck). Mais comment se reconstruire après le traumatisme de l’abus sexuel ?

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