Les animaux fantastiques I
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Pays:
Américain
Thème (s):
Abus, Animal, Crise écologique, Homme
Date de sortie:
16 novembre 2016
Durée:
2 heures 13 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
David Yates
Acteurs:
Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Colin Farrell
Age minimum:
Adolescents et adultes

Les Animaux fantastiques (Fantastic Beasts and Where to Find Them) est un film fantastique américano-britannique de David Yates, sur un scénario de Joan K. Rowling, 2016. C’est le premier des cinq opus de la série Les Animaux fantastiques qui constitue une « extension du monde des sorciers », se focalise sur plusieurs personnages présents dans la saga Harry Potter et débute soixante-cinq ans avant celle-ci qui se déroule dans les années 1990. Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Colin Farrell.

Thèmes

Homme-animal, abus, crise écologique.

Si le premier opus de la série désormais filmique de Joan K. Rowling ne manque pas de portée éthique, il manque de souffle dramatique, c’est-à-dire scénaristique.

 

Comment ne pas noter les nombreux messages pour aujourd’hui qui sont autant de fortes dénonciations ? Relevons-en deux. Le premier concerne les abus contre les enfants en général et contre leur créativité en particulier ; ils conduisent à leur mort : réelle pour les premiers et symbolique pour la seconde. De ce point de vue, l’obscurus constitue à la fois une allégorisation puissante et une matérialisation éloquente de la violence faite au plus vulnérable : en son sujet (l’enfant), en ses causes (de l’obligation de la répression jusqu’aux tortures physiques et psychiques) en son expression (la ténébreuse fumée) et en ses effets (la dévastation autour de la victime et son retournement sur celle-ci qui, le plus souvent, décède avant dix ans).

Le second concerne la crise écologique : le protagoniste principal, Norbert, n’est pas seulement un doux distrait qui transporte des animaux fantastiques et veille sur eux en priorité, mais, nous l’apprendrons à la fin, a reçu de Dumbledore (le deuxième opus le révèlera) la mission de prendre soin de l’oiseau-tonnerre. Il est d’ailleurs révélateur que cette mission ne soit pas de défendre celui-ci d’ennemis, mais seulement d’en prendre soin. Aussi le volatile n’entre-t-il dans l’intrigue que par accident. De plus, autant les hommes, selon les exigences d’une trame dramatique, se répartissent de manière éthique entre ceux qui commentent le mal, ceux qui le subissent et ceux qui le combattent, autrement dit entre méchants, innocents (victimes) et bons, autant les animaux fantastiques, eux, se diversifient de manière ludique et esthétique selon leur pouvoir qui n’est destructeur qu’à cause de la négligence humaine.

Observons toutefois que cet appel à l’écoresponsabilité ne dégénère pas en une injonction à l’écocentrisme. En effet, Rowling n’idéalise pas l’animal au point d’en faire un alter ego de l’homme. Alors qu’elle ne cesse de dénoncer l’égoïsme de celui-ci, elle ne craint pas d’utiliser l’un de ses plus admirables animaux magiques, l’oiseau-tonnerre, afin qu’il plonge la ville de New York dans l’oubli.

 

Demeure, avouons-le, un scénario non pas indigent, mais décevant. D’abord, parce qu’il avait perdu une bonne partie des spectateurs en cours de route. Ensuite, parce que le titre lui-même attestait la bicéphalie de la trame zigzagant entre animaux et humains, pour décidément préférer les seconds. D’un côté, et c’est le « concept » nouveau, est introduit un bestiaire d’animaux fantastiques, aussi fantasmatiques que fantaisistes, qui suscitent admiration, compassion et contemplation. Comment le spectateur ne consonnerait-il pas à l’exclamation enthousiaste d’un des protagonistes (Jacob ?) : « Qui aurait pu inventer de tels animaux ? » Mais, très vite, l’intérêt se déplace de cette cosmologie trop vite survolée au monde humain de plus en plus omniprésent. Sans histoires, ces bêtes n’intègrent pas l’histoire. Sans milieu (quel monde végétal devrait compléter le biotope ?), ils n’intègrent pas l’environnement des Moldus et des sorciers.

Voire, les deux fils ne sont noués que lâchement : ces bêtes de légende seraient absentes, l’intrigue en pâtirait-elle vraiment ? Esthétiquement valorisées, mais éthiquement neutres, elles n’interviennent qu’accidentellement dans ce drame qui, en son essence, consiste en l’affrontement du bien le plus héroïque au mal le plus tragique.

Le problème posé par l’intrigue est encore ailleurs : il réside dans le décalage entre surprise et suspense. En effet, le scénario multiplie les scènes spectaculaires, donc surprenantes ; mais il ne se soucie pas assez de la tension narrative. Ou plutôt, il multiplie les tensions secondaires entre les quatre couples principaux, amicaux voire amoureux – Norbert et Tina, Jacob et Queenie, Thésée et Leta, Dumbledore et Grindelwald –, suscitant de véritables rebondissements. Mais il oublie de nourrir l’histoire principale, en indiquant l’enjeu central.

Pascal Ide

Pour comprendre l’histoire, il est nécessaire de savoir un certain nombre de données sur l’univers forgé par la franchise Harry Potter. Cet univers se compose de deux sortes de personnes : les sorciers et les non sorciers ou Moldus (dont le nom américain est Non-Maj, abrégé de Non-Magiciens).

Les sorciers de chaque pays sont gouvernés par un ministère qui crée des lois dirigeant et protégeant les sorciers de ce pays. Ce ministère porte, en Grande-Bretagne, le nom de Conseil des sorciers, en France, celui de ministère des Affaires Magiques et aux États-Unis, celui de MACUSA (Magical Congress of the USA, Congrès magique des États-Unis d’Amérique) ou, en abrégé, Congrès Magique. Dans les années 1920, la présidente du MACUSA est Séraphine Picquery (Carmen Ejogo).

Les sorciers sont divisés, certains extrémistes pensant qu’il serait nécessaire de révéler l’existence des sorciers à la population non magique, afin d’affirmer leur domination « pour le plus grand bien ».

Du côté des Moldus, l’immense majorité ignore que les sorciers existent. Toutefois certains connaissent leur existence et les combattent. Tel est le cas de la Ligue des Fidèles de Salem, aussi appelée Fondation philanthropique du Nouveau Salem (FPNS), qui sévit à New York. Cette organisation anti-sorcellerie menée par Mary-Lou Bellebosse (Samantha Morton), mère adoptive de Croyance Bellebosse (Ezra Miller), traque les sorciers et sorcières pour les exterminer tous.

Parmi ses membres se trouvent notamment les enfants adoptifs de Mary-Lou : Croyance Bellebosse, Chasteté Bellebosse et Modestie Bellebosse. Leur repaire est une petite église en bois d’apparence misérable.

En 1926, Gellert Grindelwald, le puissant mage noir, a disparu depuis deux ans. Pourtant, la menace est toujours aussi pesante. À New York, des événements étranges se produisent, provoquant la stupéfaction tant des Non-Majs que des sorciers. Le directeur du département de la Justice magique du MACUSA, Percival Graves (Colin Farrell), enquête sur ces événements. On les décrit comme « une ombre avec des yeux », et tout laisse penser à un retour de Grindelwald même si Graves penche plutôt sur l’hypothèse d’une créature magique. En parallèle à son enquête, il demande à Croyance Bellebosse de retrouver dans l’orphelinat de sa mère un enfant sorcier particulièrement puissant pour le lui confier.

Au fil du temps, Graves semble développer des idéologies similaires à celles de Grindelwald : il prône l’émancipation des sorciers par rapport au monde moldu, et l’enfant que Croyance doit lui remettre l’aidera à cela. Seulement, un soir, le sénateur Henry Shaw Jr. (Josh Cowdery), fils d’un riche éditorialiste, est assassiné durant une conférence par une force mystérieuse. Une réunion de crise est organisée par Séraphine Picquery au MACUSA, réunissant les représentants magiques de tous les pays. Mais l’assemblée est interrompue par l’arrivée de Tina Goldstein (Katherine Waterston), ancienne Auror (sorcier d’élite qui lutte activement contre l’utilisation de la magie noire), qui porte une valise. Elle révèle que la veille est arrivé en ville d’un magizoologiste britannique, Newt Scamander, Norbert Dragonneau en français (Eddie Redmayne), et que ses créatures magiques se sont échappées.

En effet, Norbert a laissé s’échapper son niffleur, un croisement entre la taupe et l’ornithorynque qui est très attiré par tout ce qui brille et est donc fort utile pour dénicher les trésors. Le niffleur a infiltré une banque et volé une somme colossale d’argent. Mais, en récupérant son niffleur, Norbert est surpris par Jacob Kowalski (Dan Fogler), un Non-Maj venu à la banque pour demander un prêt afin de pouvoir ouvrir une boulangerie, prêt qui lui a été refusé. Il échange sans le savoir sa valise et celle de Norbert. Lorsqu’il l’ouvre, c’est une catastrophe car celle-ci est magique et plusieurs des animaux qu’elle contient, occamy, demiguise, billywig, murlap, et éruptif, s’échappent.

Norbert retrouve Jacob. Tous deux sont hébergés par Tina Goldstein et sa sœur Queenie (Alison Sudol), une legilimens, sorcier pratiquant la legilimancie, branche de la magie qui a pour objet d’extraire de l’esprit de certaines personnes des émotions ou des souvenirs. Toutefois, Norbert et Jacob doivent leur fausser compagnie pour récupérer les animaux magiques. Mais, en récupérant l’éruptif, ils sont faits prisonniers dans la valise magique par Tina qui les mène au MACUSA. La présidente est formelle : la détention d’animaux d’élevage étant interdite aux Etats-Unis, Tina, Jacob et Norbert sont punis et enfermés.

Cependant, Norbert a eu le temps de reconnaître sur les victimes de la créature sévissant en ville les marques d’un obscurus. Celui-ci est une entité qui naît du refoulement par un sorcier de ses pouvoirs magiques. Parasite, l’obscurus ne peut survivre sans son hôte qui, pour cela, s’appelle obscurial. Ce refoulement se produit le plus souvent chez un enfant qui subit des violences physiques ou psychologiques afin qu’il n’exprime pas ses pouvoirs. À son tour, cette répression de la magie produits des effets incontrôlables et néfastes. Lorsqu’il se manifeste, l’obscurus prend la forme d’un nuage de fumée noire et déploie un pouvoir dévastateur d’une violence extrême. La première victime est l’obscurial qui décède généralement avant d’atteindre l’âge de dix ans.

Comprenant que le danger rôde autour de New York, Percival Graves presse Croyance de lui retrouver l’enfant, et lui remet un collier représentant la marque de Grindelwald, le symbole des reliques de la Mort. Graves revient ensuite interroger Norbert, révélant la présence dans sa valise d’un obscurus, récupéré d’une jeune sorcière soudanaise décédée. Il fait condamner à mort Norbert et Tina, qui sont sauvés par Queenie et Jacob.

Le soir même, Mary Lou Bellebosse est assassinée par la même force mystérieuse que celle qui a assassiné le sénateur Shaw. Soupçonnant d’abord Modesty Bellebosse, la sœur de Croyance, Graves découvre alors, à son grand étonnement, que l’Obscurial qui sévit à New York est en réalité Croyance lui-même, ayant engendré un obscurus très puissant. En effet, il est âgé d’une vingtaine d’années (alors qu’il aurait dû décéder plus jeune) et il fut battu par sa mère adoptive. Refusant l’aide de Graves qui a trahi sa confiance, Croyance s’enfuit et saccage la ville.

Pendant ce temps, Norbert et ses compagnons réunissent à grand peine toutes les créatures magiques dans la valise. Refusant que les Aurors ou les policiers Non-Maj fassent du mal à une créature magique, qu’elle soit dangereuse ou pas, Norbert décide de neutraliser Croyance, réfugié dans le métro new-yorkais. Il tente de gagner sa confiance et l’apaiser. Mais Graves engage un duel contre lui. Ils sont alors rejoints par les Aurors qui détruisent Croyance – ou du moins son obscurus. Ayant pu interpréter certains propos de Graves après la destruction de l’obscurus, Norbert l’immobilise et, nouveau coup de théâtre, en révèle la véritable identité, Gellert Grindelwald et sa figure (Johnny Depp). Le mage noir est enfermé par le gouvernement magique américain, mais il promet de s’échapper pour une vengeance de très grande ampleur.

Demeure un problème : toute la population new-yorkaise a assisté à ce déchaînement de magie dans ses rues, alors qu’elle devrait ignorer celle-ci. Norbert révèle que sa valise contient un gigantesque oiseau-tonnerre, Frank, et que le véritable but de son voyage en Amérique était de le libérer dans son habitat naturel, les paysages sauvages de l’Arizona. Il le munit d’une fiole contenant une substance d’« oubliette », et le lâche sur New York sur lequel l’oiseau provoque un regroupement de nuages puis un déluge de pluie mêlée à l’oubliette. Pendant que Norbert procède à cette amnésie généralisée, les Aurors réparent tous les dégâts occasionnés par l’obscurus.

Malheureusement, la présidente Picquery exige aussi que le sortilège d’oubliette s’étende à Jacob, le Moldu qui a participé à toute l’aventure et est devenu ami avec Norbert, à Tina et surtout à Queenie qui est secrètement amoureuse Jacob. Plus tard, alors qu’il a repris son travail dans une conserverie, il reçoit une valise contenant des coquilles d’œuf d’occamy en argent, envoyée par Norbert. Ayant ainsi pu ouvrir sa boulangerie à New York, il connaît un succès fulgurant, notamment grâce à des pâtisseries prenant la forme des animaux fantastiques dont il est censé ne pas se souvenir. Plus encore, Queenie entre dans sa boulangerie et ils se sourient.

Norbert, quant à lui, quitte ses compagnons pour retourner en Europe, publier l’ouvrage sur les créatures magiques qu’il écrivait en parallèle de ses voyages, et avant d’embarquer sur le navire, promet à Tina de revenir lui en offrir un exemplaire en mains propres.

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