L’Arnacœur, comédie et romance française de Pascal Chaumeil, 2010. Avec Romain Duris, Vanessa Paradis, Julie Ferrier, François Damiens et Andrew Lincoln (oui, le héros de la série culte The Walking Dead !).
Thèmes
Différence homme-femme, amour.
Tout en lorgnant vers le savoir-faire américain, L’Arnacœur ajoute la french touch qui nous est chère.
On n’en finirait pas d’aligner les éléments narratifs empruntés au cinéma hollywoodien qui font mouche : les multiples mécanismes de la séduction (qui, pour autant, ne dérivent pas vers la déconstruction de l’amour romantique) ; le trio et, plus encore, le duo comique où François Damiens campe un hilarant repoussoir du séduisant Romain Duris ; la généalogie psychologique du double parcours croisé à échecs (celui de Tristan qui n’a jamais fait le deuil de son chagrin d’enfance et celui d’Iseult qui regrette toujours sa virée américaine avec ses crowners loin de son milieu friqué autant que contrôlant) et la double figure tutélaire des parents autoritaires ; la libération finale en forme de dicton populaire qui transforme la rime (« Dès que ça devient difficile, tu te défiles ») en rythme (amoureux, ascendant et descendant).
S’invite une touche du charme indéfinissable de notre Lupin d’Artagnan. Auquel s’adjoint le comique qui, lorsqu’il est réussi et donc s’arrache à la grosse farce, est de l’éthique déguisé. En l’occurrence, en honorant la différence homme-femme aujourd’hui si brouillée. D’un côté, Juliette, qui semble tant concéder à l’image de la riche wonderwoman experte en vin de renommée internationale, consent à la présence du bodyguard quand, enfin vulnérable, elle éprouve le besoin d’être protégée ; or, « le propre de la puissance est de protéger [1] » (Pascal), protection dont le masculin est à la fois le symbole et l’effectuation. De l’autre, l’ancien boxeur amateur qui avait arrêté de se battre prend enfin l’initiative de conquérir sa Belle et d’ainsi advenir à sa masculinité dans une course-ascension à perdre haleine qui ne manque pas de souffle. L’arnacœur s’est finalement laissé prendre par le cœur.
Pascal Ide
[1] Blaise Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg 310, 41 et 310 bis ; Lafuma 797 et 798.
Alex Lippi (Romain Duris) est un « briseur de couples » professionnel. Avec sa sœur Mélanie (Julie Ferrier) et son beau-frère Marc (François Damiens), il gère une petite société spécialisée dans le sauvetage de femmes malheureuses en amour. Souvent à la demande de la famille, il intervient en séduisant la femme pour lui ouvrir les yeux et l’inciter à quitter l’homme inadéquat. Pour cela, il use de son indéniable charme et de techniques de drague bien rodées, mais également des méthodes d’espionnage les plus sophistiquées pour fouiller la vie de ses cibles et découvrir leurs failles.
Un jour, son principal employeur lui soumet le cas de la jolie Juliette Van Der Beck (Vanessa Paradis), riche héritière qui file le parfait amour avec Jonathan Alcott (Andrew Lincoln), un Anglais également beau et fortuné. Dans un premier temps, Alex refuse car il s’est fixé comme principe de ne jamais s’attaquer à des femmes comblées. Mais les frais importants engagés lors des dernières missions ont mis les comptes de la petite société dans le rouge. Au bord de l’asphyxie financière, menacé physiquement par ses créanciers, Alex finit par céder. Mais comment faire rompre une femme amoureuse d’un fiancé parfait qui, de surcroît, doit se marier dans dix jours ?