L’Abbé Pierre : Une vie de combats
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Pays:
Français
Thème (s):
Don de soi
Date de sortie:
8 novembre 2023
Durée:
2 heures 18 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Frédéric Tellier
Acteurs:
Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot
Age minimum:
Adolescents et adultes

L’Abbé Pierre : Une vie de combats, biopic français de Frédéric Tellier, 2023. Avec Benjamin Lavernhe et Emmanuelle Bercot.

Thèmes

Don de soi.

Malgré ses nombreux défauts, L’Abbé Pierre : Une vie de combats restitue la figure, plus politique que spirituelle, de celui qui se voulut la voix (et peut-être la voie) des sans-voix.

 

Les défauts du film sont parfois ceux-là même de son protagoniste, ceux dont il ne s’est pas caché (son infidélité, l’exécution d’un traître en plein maquis, son addction aux emphétamines et, plus encore, à l’action), ceux qu’il n’identifiait pas comme tels (ses multiples implications politiciennes, à ne pas confondre avec son juste engagement politique, en obéissance avec l’archevêque de Paris).

D’autres, plus gênants, sonnent de manière plus idéologique (la présentation caricaturale d’un clergé rétrograde, voire seulement antisémite ; celle, plus encore, d’un abbé Pierre horizontal qu’on ne voit presque jamais prier, ni célébrer la messe, ni chercher l’Innocent dans ses frères injustement exclus) ; voire, cette insistance sur un homme de doute plus que de foi, et, plus encore, sur celle d’un croyant qui ne semble pas assez distinguer le Dieu créateur de l’origine (sous ce vaste firmament aux étoiles fixes et bientôt tombantes) et du terme (face à ce même ciel qui se met à tournoyer dans une vision rappelant la gravure de Gustave Doré au terme de la Divine comédie), du Dieu trinitaire. Si l’on concèdera que le Père est présent comme Créateur et que l’Esprit-Saint suggère ses prises de parole enflammées, l’on peine à trouver, redisons-le, la figure du Christ doux et humble, prêtre et victime – qui toutefois est présent dans les plus démunis à qui il s’est identifié (cf. Mt 25,31-46).

D’autres manques, enfin, sont scénaristiques (alors que le début est bien rythmé, la fin s’étire jusqu’à s’effilocher, certes parce que celle de son héros perd en cadence, mais en oubliant la leçon d’une Stefan Zweig biographe qui étire ce qui est condensé et condense ce qui est étiré).

 

Demeurent, et c’est beaucoup plus important, une remarquable prestation d’un acteur pleinement investi dans son rôle et des trouvailles photographiques (telle cette période militaire filmée caméra à l’épaule, comme pour signifier la fragilité d’un jeune homme qui tâtonne à la recherche de sa mission). Et surtout la découverte des multiples facettes trop méconnues de cette personne qui fut un personnage hors du commun (le titre de travail du film était Les Onze Vies de l’Abbé Pierre), par exemple : son élection (triple) comme député en Meurthe-et-Moselle, son passé de capucin, sa santé fragile que déjoue son grand âge, ce burn-out avant la lettre qui lui a valu 18 mois d’internement et 25 opérations dentaires, son amitié étroite, chaste et féconde avec Lucie Coutaz qui, dans un rare équilibre, a su conjuguer l’admiration et la remise en question.

Demeurent plus encore les grands moments d’une vie dont l’impact émouvant variera selon les spectateurs. Pour ma part, j’en retiendrai deux qui sont portés par un souffle inspiré et inspirant. Le premier, tout en don généreux, est celui de la découverte bouleversante de cette famille transie de froid et de faim en pleine forêt, sur une musique à la James Horner. Le second, sous le signe de la réception, est la rencontre, elle aussi fort touchante, avec ce bagnard suicidaire, Georges Legay (Michel Vuillermoz) à qui l’abbé Pierre donne une raison de vivre et de qui, à son tour, il en recevra une : « C’est à nous de vous aider maintenant ». Comme Charles de Foucault en 1908, sa vie bascule au moment où celui qui était tout donné, consent à se recevoir de ceux à qui il a tout donné.

Pascal Ide

Élevé dans le catholicisme, Henri Grouès (Benjamin Lavernhe) grandit et est déterminé à devenir prêtre. La Seconde Guerre mondiale va l’en empêcher. Il entre alors dans la Résistance. Il y voit l’horreur de la guerre et perd un ami au front. Sur l’instigation de mademoiselle Lucie Coutaz (Emmanuelle Bercot), il prend le nom de l’abbé Pierre. Jusqu’à sa mort en 2007, il va mener de nombreux combats, comme s’il avait de nombreuses vies. Il lutte pour aider les sans-abris et fonde notamment la communauté Emmaüs en 1949.

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