La Belle Époque
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Pays:
Français
Thème (s):
Amour conjugal, Guérison, Vérité
Date de sortie:
6 novembre 2019
Durée:
1 heures 55 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Nicolas Bedos
Acteurs:
Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier
Age minimum:
Adultes

La Belle Époque, drame français écrit et réalisé par Nicolas Bedos, 2019. Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant.

Thèmes

Amour conjugal, guérison, vérité.

Deux couples à la dérive, un (relativement) jeune, un (réellement) vieux, sont sauvés, grâce à la médiation très originale d’une attraction inédite.

 

Certes, disons-le d’emblée, comment ne pas être agacé ? Par la conception erronée autant qu’illusoire de l’amour romantique (dont la jalousie non critiquée est le signe d’accompagnement obligatoire) ; par le primat de la violence verbale comme mode de règlement des conflits (comme si l’anticommunication pouvait conduire à la communion) ; par le primat de la sexualité (crument exhibée et naïvement promue comme critère de l’amour), qui est la conséquence inéluctable de la violence : quand on ne laisse pas l’autre s’exprimer, l’on est conduit à laisser le sexe primer.

 

Mais comment, inversement, ne pas se réjouir de voir célébrer la fidélité conjugale et, par-delà, la conviction que l’amour rime avec toujours ? En effet, le retour vers La Belle Époque de la belle époque n’a rien d’une pessimiste nostalgie – même si le film a des accents délicieusement rétro. D’abord, ce passé est celui de la rencontre inaugurale, autrement dit est une origine et non pas un commencement. Or, celui-ci se distingue de celui-là comme le point de départ chronologique du fondement ontologique. Le maçon fut au commencement de la maison ; mais il est peut-être décédé aujourd’hui. Les fondations de la maison, elles, en sont l’origine et ne cessent aujourd’hui d’en assurer la stabilité. Voilà pourquoi un couple n’en finit jamais de revisiter la rencontre fontale et fondamentale. Ensuite, ce passé permet de révéler, dans le présent tous les possibles enfouis qui, jamais totalement enfuis, sont autant de promesses de bonheur durable. C’est ainsi que la reconstitution d’époque fait progressivement renaître dans le cœur de Victor autant que celui d’Antoine, l’émerveillement pour la beauté toujours là de l’Aimée : la rencontre avec la comédienne, la superposition des images et bientôt la substitution des personnes.

Trois faits attestent la puissance transformante de cette médiation originale qu’est ce jeu de rôles nouvelle manière. Dans l’une des plus belles scènes du film, Marianne demande pardon. En effet, en jouant le rôle d’une autre, elle est assez humble et donc vraie pour pouvoir toucher son mari, et assez pudique pour ne pas avoir à perdre la face. Victor décide alors de changer et de réintégrer son temps en intégrant l’équipe de son fils et, plus encore, en réinvestissant ses ressources artistiques ; ce faisant, il devient autonome financièrement et quitte sa posture d’enfant grincheux et capricieux. Enfin, l’amour renaissant du vieux couple suscite la renaissance de l’amour du jeune couple – le pardon et surtout la métamorphose en moins : sans décision de sortie de son perfectionnisme tyrannique et de sa jalousie morbide, Antoine ne peut prévenir la dispute plus de quinze jours…

 

Nous est offert en prime une réflexion sur la relation entre réalité et fiction. Victor finit par tomber amoureux de la fausse Marianne et vraie Margot. Le problème ici posé n’est pas qu’épistémologique – le brouillage entre réalité et fiction, entre vérité et mensonge –, mais aussi éthique – si l’intention qu’a le dessinateur-créateur de réépouser son épouse est honorable, en revanche, l’objet de son acte, qui est la substitution d’une femme réelle à la femme présente, jusqu’à l’imitation des gestes, est détestable.

 

Il y a une quarantaine d’années, Stanley Cavell écrivait un ouvrage de philosophie du cinéma appelé à un succès mérité sur ce qu’il a baptisé les comédies de remariage [1]. Avec La Belle Époque, le réalisateur conserve le thème : traverser la crise du couple, tout en modernisant le moyen : une reconstitution des souvenirs par une médiation. Quand Paris-Miami (It happened one night, Frank Capra, 1934) croise The game (David Fincher, 1997)…

Pascal Ide

[1] Cf. Stanley Cavell, Pursuits of Happiness. The Hollywood Comedy of Remarriage, Harvard University Press, 1981 : trad. Sandra Laugier et Christian Fournier, À la recherche du bonheur. Hollywood et la comédie du remariage, Paris, Les Cahiers du cinéma, 1993.

Antoine (Guillaume Canet) dirige une société qui propose à des clients fortunés de revivre l’époque de leur choix, en mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique. C’est ainsi que les clients peuvent choisir de passer une soirée avec Winston Churchill, des aristocrates du Grand Siècle, ou plusieurs jours avec leur père récemment décédé.

Ancien dessinateur, Victor (Daniel Auteuil) est aujourd’hui un sexagénaire misonéiste. Un soir, son épouse Marianne (Fanny Ardant), excédée, le met à la porte et court rejoindre son amant, François (Denis Podalydès), et ce qu’elle croit être un avenir meilleur. Désœuvré, Victor tombe sur une proposition que son fils Maxime (Michaël Cohen) lui a faite pour lui remonter le moral : une soirée organisée par la société de son ami Antoine. Victor opte alors pour revivre le moment le plus marquant de sa vie, voici quarante ans, le 16 mai 1974, dans le café La Belle Époque à Lyon, et la semaine qui s’en suivit. En effet, il y rencontra le grand amour de son existence, Marianne. Or, dans la « mise en scène », qui s’aide des précieux dessins crayonnés par Victor, Antoine choisit, pour incarner Marianne, la comédienne Margot (Doria Tillier), qui se trouve être la compagne avec qui il vit une relation compliquée et tumultueuse.

Dans cet improbable chassé-croisé, les deux couples en déliquescence sortiront-ils de leur crise ou l’accentueront-ils ?

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