Kleo

Sans prétention, mais non sans dextérité, Kleo propose un mélange assez bien dosé d’humour et d’humeur, d’action et de réflexion, d’histoires sur fond de grande Histoire.

Humour avec cette héroïne loufoque dont le sourire désarme la violence, et cette galerie plutôt réjouissante de personnages loser et décalés. Suspense avec la recherche d’une énigme valise rouge, sur lequel le scénario multiplie les rebondissements les plus ébouriffants. Le tout sur arrière-fond de chute du mur de Berlin. Ce qui permet de dessiner le portrait des anciens habitants de la RDA se partageant les deux herméneutiques de la continuité et de la rupture : d’un côté, les nostalgiques du prétendu paradis socialiste ; de l’autre, les honteux de ce passé totalitaire qui sont devenus des inconditionnels tout aussi ingénus d’une autre caricature de l’Éden, la société occidentale, individualiste, hédoniste et hyperconsumériste.

Pascal Ide

1987, l’espionne est-allemande Kleo (Jella Haase) tue un homme d’affaires à Berlin-Ouest alors qu’elle était en mission avec un commando secret de la Stasi. Peu de temps après, elle est arrêtée par l’organisation sous des prétextes fallacieux, et dénoncée et vilipendée par tous ceux qu’elle connaît – même son propre grand-père. Lorsque le mur de Berlin tombe, après deux ans de prison, Kleo est soudainement libre et avide de vengeance, progressivement aidée par son colocataire Thilo (Julius Feldmeier), lorsqu’il accepte de descendre de Sirius et par Sven (Dimitrij Schaad), un policier ouest-allemand des stup’, lorsqu’il arrête de vouloir l’arrêter pour collaborer.