Je suis une légende
I am a legend : Je suis une légende, film de science-fiction américain, Francis Lawrence, 2007. Avec Will Smith et Alice Braga.
Thème principal
Foi
Thèmes secondaires
Don de soi, Dieu,.génétique, héros, humanité post-apocalyptique
I am a legend est un film futuriste violent qui a stupéfait par ses décors hallucinants (Manhattan comme nous ne l’avons jamais vu et, espérons, nous ne le verrons jamais), son suspense constant, la performance de Will Smith (Dr Robert Neville), seul à l’écran pendant les deux tiers de l’histoire. Mais le plus intéressant ne réside pas tant dans l’inédit que dans la banalité même du thème abordé, quasi-obsessionnel dans les films à grand spectacle actuels : l’extermination de l’humanité par un virus dans un avenir proche (2009).
Derrière, il se dit d’abord la phobie très actuelle d’une nouvelle épidémie, bien pire que la peste noire qui ravagea un tiers de l’Europe au xive siècle. À cette crainte de la contagion où l’autre se transforme en ennemi, se joint le fantasme du tout-génétique : le génome dont on attend tout devient aussi ce dont on a tout à redouter. Enfin, derrière cette angoisse se profile, plus radicale, la haine de soi typique de l’Occident d’aujourd’hui : pourquoi les survivants apparaissent plutôt comme des morts-vivants défigurés, sans voix et sur-violents ? A l’origine de l’infection, se trouve l’invention d’un remède miracle contre le cancer, mais qui s’est retourné contre l’homme. Pourquoi faire payer si cher à la médecine son désir de guérir ? Ayant refusé de placer son espérance dans le Ciel, l’homme l’a investie dans le progrès scientifique ; mais celui-ci ne peut tenir ses promesses. Déçue et bientôt désespérée, l’humanité cherche un bouc émissaire, mais ne peut trouver qu’elle-même. La mort de Dieu sonne tôt ou tard le glas de la mort de l’homme.
N’y a-t-il aucune issue ? Les films actuels en proposent deux. La première, massivement empruntée, est celle du petit reste miraculeusement immunisé qui fuit l’humanité contaminée, non sans avoir exterminé des milliers de contaminés ? La seconde consiste à sauver non pas sa personne mais les hommes, souvent en offrant sa vie.
Robert a perdu la foi en perdant ceux qui lui étaient le plus cher. Lui, qu’affecte tant la mort de son chien, n’est en rien perturbé de tuer des dizaines de mutants qui, en dépit de l’apparence, demeurent des humains. Mais il va découvrir le chemin du don de soi jusqu’à ce sacrifice en apprenant à écouter la jeune femme, Anna, qui lui a sauvé la vie. Or, la foi naît de l’écoute, dit saint Paul. Au terme, celle qui espère contre toute espérance, voit se réaliser celle-ci : une communauté de survivants ayant les moyens de fabriquer un remède. Au sein d’une forêt du Maryland brillant de mille feux en plein été indien, Anna découvre non pas une cité où les immeubles frôlent orgueilleusement le ciel, mais un humble village où les enfants rient et les hommes prient (une église est placée au centre). A la domination s’est substituée la réconciliation (avec la nature, avec l’autre, avec Dieu).
La légende, c’est, étymologiquement, ce que « l’on doit lire » ; or, quels sont les récits fondateurs sinon ceux qui racontent les hauts-faits des seuls héros véritablement féconds : les personnes qui se donnent par amour ?
Pascal Ide
I am a legend est un film futuriste violent qui a stupéfait par ses décors hallucinants (Manhattan comme nous ne l’avons jamais vu et, espérons, nous ne le verrons jamais), son suspense constant, la performance d’acteur de Will Smith, seul à l’écran pendant les deux tiers de l’histoire. Mais le plus intéressant ne réside pas tant dans l’inédit que dans la banalité même du thème abordé, quasi-obsessionnels dans les films grand spectacle actuels : un savant (le Dr Alice Krippin) trouve un traitement miracle contre le cancer qui se retourne contre l’humanité et la ravage presque en totalité. Le Dr Robert Neville (Will Smith), immunisé, survit, après avoir perdu sa famille, et demeure sur le lieu d’émergence de l’infection virale, cherchant désespérément le remède contre l’infâme micro-organisme.
Derrière le thème compulsif de l’extinction de l’humanité dans un avenir proche (ici 2009), il se dit d’abord la phobie très actuelle d’une nouvelle épidémie, bien pire que la peste noire qui ravagea un tiers de l’Europe au xive siècle. À cette crainte de la contagion où l’autre devient dangereux et définitivement associable, se joint le fantasme du tout-génétique : le génome dont on attend tout (clonage, guérison des cancers) devient aussi ce dont on a tout à redouter : lieu de tous les possibles, il dépend de l’homme de l’orienter vers le bien ou le mal. Pourtant, l’intention du savant n’est-elle pas louable ? Derrière cette angoisse se profile, plus radicale, la haine de soi typique de l’Occident d’aujourd’hui ; pourquoi faut-il que le mort-vivant apparaisse à la fois défiguré, sans voix et dénué de tout comportement humain ? ici, le scénario innove en dotant les zombies habituellement amortis d’une sur-agressivité singulièrement effrayante. Pourquoi fait-on payer si cher à l’homme ses progrès ? Lorsque le Ciel s’est vidé (Robert a perdu la foi lors de la mort de sa femme et de son enfant), l’espérance s’investit dans le progrès scientifique ; mais celui-ci ne tient pas ses promesses. Et ce désespoir se retourne vers l’humanité qui devient le bouc émissaire. Après la mort de Dieu, l’homme doit mourir.
N’y a-t-il aucune issue ? Les films actuels en proposent deux. La première voie, massivement empruntée, est celle du petit reste indemne non qui fuit l’humanité contaminée et se retrouve séparée loin de ce monde si dangereux, non sans avoir exterminé des milliers de contaminés ? Le héros, qu’affecte tant la mort de son chien, ne sera en rien perturbé de tuber des dizaines de mutants qui, en dépit de l’apparence, demeurent des humains.
En général, indemne de la compromission avec le pouvoir technologique, elle mérite donc de survivre. Mais, contrairement au petit reste d’Israël, ici nul prophète ne promet qu’un Sauveur se lèvera pour sauver la massa damnata (la foule des damnés) nouvelle manière. Les cinéastes veulent un nouveau Déluge exterminateur, mais sans Noé et encore moins un arc-en-ciel dans ce ciel où perce parfois un soleil vert.
L’autre issue, beaucoup plus rare, consiste non à sauver sa peau mais l’humanité, souvent en offrant sa vie : à la culpabilité de l’humanité toute-puissante répond l’oblation, l’immolation d’un homme vulnérable. Voilà pourquoi Robert est une légende, autrement dit un phénomène : loin du narcissisme ambiant, il a trouvé le remède en sacrifiant sa vie. Mais il ne l’a fait qu’en ayant appris à « écouter », donc à croire de nouveau. Or, cette espérance ne peut se lever sans une secrète transcendance. Au terme, Anna, celle qui espère contre toute espérance, voit se réaliser elle-ci : une communauté de survivants ayant les moyens de fabriquer un remède. Au sein d’une forêt du Maryland brûlant dans l’été indien, Anna découvre non pas une cité orgueilleuse mais un humble monde où les enfants rient et les hommes prient (une église est placée au centre). À la domination s’est substituée la réconciliation (avec la nature, avec l’autre, avec Dieu).
Pascal Ide
Robert Neville était un savant de haut niveau et de réputation mondiale, mais il en aurait fallu plus pour stopper les ravages de cet incurable et terrifiant virus d’origine humaine. Mystérieusement immunisé contre le mal, Neville est aujourd’hui le dernier homme à hanter les ruines de New York. Peut-être le dernier homme sur Terre… Depuis trois ans, il diffuse chaque jour des messages radio dans le fol espoir de trouver d’autres survivants. Nul n’a encore répondu.
Mais Neville n’est pas seul. Des mutants, victimes de cette peste moderne – on les appelle les « Infectés » – rôdent dans les ténèbres… observent ses moindres gestes, guettent sa première erreur. Devenu l’ultime espoir de l’humanité, Neville se consacre tout entier à sa mission : venir à bout du virus, en annuler les terribles effets en se servant de son propre sang.
Ses innombrables ennemis lui en laisseront-ils le temps ? Le compte à rebours touche à sa fin…