Il était une fois dans l’Ouest
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Pays:
Américain
Année:
1968
Thème (s):
Conquête, Famille, Vengeance, Violence
Durée:
2 heures 55 minutes
Évaluation:
*****
Directeur:
Sergio Leone
Acteurs:
Claudia Cardinale, Charles Bronson, Henry Fonda, Jason Robards
Age minimum:
Adolescents et adultes

Il était une fois dans l’Ouest (C’era una volta il West), western italio-américain de Sergio LEONE, 1968. Avec Claudia Cardinale, Charles Bronson, Henry Fonda, Jason Robards.

Thèmes

Conquête, vengeance, famille, violence.

Il était une fois dans l’Ouest, le western mythique, cet opéra presque silencieux, rempli de références aux grands westerns de l’histoire américaine du cinéma, à commencer par les films de John Ford, noue bien des thèmes classiques : la vengeance qui, dans cet Ouest encore outlaw, s’avère être un acte de justice assuré par un justicier miraculé, la famille, la violence, etc. Mais il est peut-être avant tout une méditation sur les Anciens et les Modernes. Dans le prolongement de Johnny Guitare, dont le héros, l’homme à l’harmonica, cet Indien taiseux et sans nom, est plus qu’un simple décalque.

Emblématique est, de ce point de vue, la dernière scène (en fait, elle se découpe en quatre : le duel entre l’homme en blanc et l’homme en noir, l’adieu à Jill dans la maison, la mort de Cheyenne, la sortie de Jill vers les ouvriers) qui réunit les quatre protagonistes : Frank, « the bad », meurt au court d’un duel où lui est révélée la raison de la présence du « good », l’homme à l’harmonica. Puis, Cheyenne, « the ugly », part, non pas seulement parce qu’il est blessé à mort, mais parce que la seule raison qui pourrait le faire rester et tirer un trait sur sa vie passée, Jill, n’est pas tournée vers lui, mais vers l’Indien. Ensuite, ce dernier : bien que, dans une parole pleine de nostalgie, il promette qu’il reviendra, Jill lit dans son regard que son départ est irréversible. Les deux scènes suivantes, à nouveau dehors, l’attestent : Cheyenne et l’Harmonica appartiennent à l’ancien monde, ils ne pourront pas s’adapter au nouveau qui s’ouvre, comme il ouvre la voie vers le Pacifique, irréversiblement, irrésistiblement. Le cheval de fer contre le cheval de chair. Les solidaires contre le solitaire. Et l’Harmonica intuitif qui comprend Cheyenne sans un mot (il sait qu’il va mourir avant même d’avoir vu sa blessure) et ce dernier appartiennent au même monde. La mort de Cheyenne, qui est due à « Teuf Teuf », l’homme qui n’a vécu que d’un projet – faire arriver le train jusqu’à la côte Ouest (et c’est là un autre sens du titre), jusqu’à la mer (que représente un tableau et la musique triste de Sergio Morricone, lorsque le regard l’effleure avant d’aller acheter les hommes de Frank) – n’est pas d’abord dramatique, mais infiniment nostalgique. Enfin, cette scène si intense se prolonge dans l’ultime : le train arrive enfin à Flagstone, cette ville (imaginaire) de l’Ouest américain. Donnant tout son sens aux souffrances endurées et donc au projet de son mari assassiné, Jill, loin de se replier sur son chagrin et sur le passé, va vers les ouvriers, sans hésitation mais non sans crainte, quand elle se trouve entourée par eux. Elle n’a probablement pas choisi son ancien métier, hétaïre ; mais elle a choisi sa nouvelle vocation : porteuse d’eau, parce que, comme l’homme à l’harmonica, elle a su conjurer la fatalité de la répétition en transformant son histoire en une mission qui rime avec compassion (ici pour les ouvriers exploités). Assurément, le mouvement large de caméra, la musique, le choix de terminer ainsi, sans compter celui de faire d’une femme le pivot de tout son film (un hapax pour Sergio Leone qui s’est laissé inspirer par Bertolucci) signalent une orientation ; mais le cinéaste ne biffe pas ni ne juge celui qui se dérobe, incapable de s’adapter. La fin de l’autre très grand western de Leone, Le bon, la brute et le truand (qui, moins stylisé, est, pour moi, encore plus inspiré), était aussi ambivalente : elle semblait prolonger les deux films de la première trilogie (dite du « dollar ») et s’achever par le départ de Clint Eastwood (comme héros et comme acteur fétiche) ; pourtant, il les précède par la transmission du poncho. D’ailleurs, sachant l’affinité du maçon Leone pour les logiques triangulaires, on ne peut oublier que le ternaire de héros masculins sont, tous, tournés vers le passé, cette époque de violence, mais aussi de bravoure, voire, pour certains, d’honneur. Enfin, le triomphe des Modernes est aussi celui de l’argent sur les armes, et il n’est pas certain que le premier soit moins violent que les secondes…

Pascal Ide

Très longue scène d’ouverture du film. La gare de Flagstone, dans l’Ouest américain, non loin de Monument Valley. Trois hommes, Stony (Woody Strode), Snaky (Jack Elam) et Knuckles (Al Mulock) trois tueurs, vêtus de cache-poussière, attendent, sous la chaleur torride. L’un fait craquer les articulations de ses doigts, l’autre attend que l’eau remplisse la rigole de son chapeau, le troisième de prendre la mouche qui se promène à pas lents sur son visage mal rasé. Le train arrive, filmé de très loin et, quand il s’éloigne, celui que l’on appellera pendant tout le film le joueur d’harmonica (Charles Bronson) et les trois hommes se font face. L’on comprend alors qu’ils sont venus le tuer. Après un duel de regards silencieux, le joueur d’harmonica abat les trois hommes, mais est blessé. Pendant toute la suite du film, ce personnage ne sera connu que sous le nom de « l’homme à l’harmonica » ou « Harmonica ».

La « Source fraîche » (Sweetwater) est une propriété située sur un terrain apparemment aride près de Flagstone. Le propriétaire, Peter McBain (Frank Wolff), a fait construire une ferme pour s’y installer avec ses trois enfants. Veuf, il attend l’arrivée par le train de sa nouvelle femme, Jill (Claudia Cardinale), une ancienne prostituée que McBain a épousée à La Nouvelle-Orléans il y a peu de temps. Celle-ci doit découvrir son nouveau lieu de vie et sa nouvelle famille. En homme avisé, McBain a acheté ce terrain car il contient l’unique source d’eau de la région, prévoyant que lorsque la ligne de chemin de fer y aboutira, elle devra obligatoirement passer par cette propriété pour alimenter en eau ses locomotives à vapeur. McBain a aussi acheté en prévision une grande quantité de matériaux de construction pour pouvoir bâtir une gare et ses annexes. En effet, la ligne de chemin de fer du magnat Morton (Gabriele Ferzetti) doit bien passer par Sweetwater.

Mais Morton envoie son âme damnée, Frank (Henry Fonda), pour intimider McBain. Celui-ci refusant, Frank et ses accolytes tuent le propriétaire ainsi que ses trois enfants. Et personne ne pourra remonter jusqu’à Morton, car Frank et ses hommes sont revêtus de manteau cache-poussière, qui est l’habit d’un bandit romantique, Cheyenne (Jason Robards), et de sa bande.

Que cherche l’homme à l’harmonica ? Justice sera-t-elle rendue ?

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