Glass, thriller fantastique américain de M. Night Shyamalan, 2019. Avec James McAvoy, Samuel L. Jackson, Bruce Willis, Spencer Treat Clark, Sarah Paulson.
Thèmes
Unité.
L’intention est innovante (croiser la thématique paranoïaque X-men avec celle psychologique du super-héros présent en chacun de nous), l’intuition (le thème du double en miroir) stimulante et la marque de fabrique de Shyamalan (le retournement de dernière minute qui a fait le succès planétaire du Sixième sens, 1999) toujours surprenante.
Mais quel naufrage ! Un rythme trop lent, un objectif flou qui ne se clarifie qu’au terme, des personnages peu attachants, un trio déséquilibré (Willis physiquement absent, Jackson psychiquement absent, McAvoy omniprésent), une sensibilité étouffée et essoufflée, un cadre claustrophobe (l’asile psychiatrique) et hypermasculinisé (même la glaciale psychiatre est quasi-asexuée) que nulle romance ni poésie ne viennent humaniser.
Surtout, quel manque de cohérence ! En allant voir Glass, ma question était celle de l’unité imbrisable (sic !) des trois films. Incassable (2000) oppose Dunn, le super-héros physiquement imbrisable qui un jour mettra ses super-pouvoirs au service de la protection contre les criminels, et Price, le corporellement brisé qui s’avère être un assassin psychopathe ; Split (2017), lui, met en scène Crumb, un homme, lui aussi éclaté en mille, pardon, vingt-quatre morceaux, mais psychiquement. Donc, en toute cohérence, le troisième volet de la trilogie devrait nous montrer ce qu’est un homme intérieurement infrangible. Or, sans crier gare, l’on passe du thème du double à celui du super-héros, inventant à Price alias Glass un super-pouvoir, d’ailleurs jamais cerné : l’esprit… Donc, la trilogie déçoit par son manquement à la règle la plus élémentaire : l’unité. Et pour cause ! celle-ci n’a été pensée qu’après coup. Un comble pour une franchise qui portait sur ce thème !
Pascal Ide
Le film commence trois semaines après la fin de Split. David Dunn / « Le Superviseur » (Bruce Willis), l’homme « incassable », travaille avec son fils Joseph (Spencer Treat Clark) pour traquer « La Bête » qui est la personnalité surhumaine et surviolente du psychopathe dissociatif aux 24 personnalités, Kevin Wendell Crumb / « La Horde » (James McAvoy). En hôpital psychiatrique depuis 19 ans après avoir commis des attentats pour révéler les pouvoirs de Dunn, Elijah Price (Samuel L. Jackson), le « Bonhomme qui casse », c’est-à-dire « Mr Glass », attend cet affrontement depuis sa cellule. Cependant, la directrice de l’institution, le psychiatre spécialiste en mégalomanie, Ellie Staple (Sarah Paulson), veut les réunir pour les libérer de ce qu’elle considère comme un délire, à savoir leur autoconviction qu’ils sont tous trois doués de capacités surhumaines. Mais est-ce véritablement son intention ? « Imbrisable », « Brisé » et « Verre » sont-ils dupes ?