Downton Abbey 2. Une nouvelle ère (Downton Abbey: A New Era), film historique britannique de Simon Curtis, 2022. Adapté de la série télévisée éponyme réalisée par Julian Fellowes qui est le scénariste du film, 2010-2015. Avec Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Michelle Dockery, Nathalie Baye, Laura Haddock, Laura Carmichael, Jim Carter, Penelope Wilton, etc., etc.
Thèmes
Scénario.
Si le deuxième opus se regarde avec un plaisir esthétique évident, il pose aussi des questions éthiques et, plus encore, scénaristiques.
Bien entendu, comment celui qu’enchantèrent les six saisons de la série mythique, ne se réjouira-t-il pas d’en goûter une nouvelle continuation sous la houlette du même scénariste inspiré ? Comment ne s’émouvra-t-il pas de voir ses acteurs préférés jouer leurs rôles préférés, avec leurs ombres et leurs lumières (rencontre jubilatoire du vieux monde britannique et du nouveau monde californien, de surcroît cinématographique, lors du premier dîner), avec leurs silences d’entomologie et leurs répliques d’anthologie ? Comment ne pas se féliciter de ce que les intrigues, notamment amoureuses, encore en suspens se dénouent de manière heureuse et comment ne pas s’attrister du départ de celle qui fut l’âme autant que l’esprit et, cette fois-ci, la mémoire, de Downton Abbey ? Les Anglais, sans doute plus que nous, trembleront à l’idée que la moindre modernité vienne troubler la pérennité inchangée de cette institution qui tutoie l’éternité, et pousseront un soupir de soulagement un tantinet hypocrite en entendant le comte de Grantham parler de « chronophotographe » au lieu de film, et Carson (Jim Carter) expliquer avec suffisance les leçons qu’il a assenés à ces insuffisants majordomes français.
L’éthique sera honorée par le vertueux renoncement de Lady Mary (Michelle Dockery) et, plus encore, par l’édifiant retournement de l’insupportable Myrna, qui s’avèrera être un retour aux sources (son origine modeste). Si elle est saine et sauve, cette éthique n’en est pas pour autant sainte. Avec le sacrifice facile à la culture gay et à la tolérance se drapant hypocritement dans les plis de la miséricorde – la discrétion des images étant bien sûr toujours au rendez-vous. Et surtout avec cette incompréhensible et choquante absence d’une présence religieuse au chevet de Lady Violet : si elle-même sort enfin de sa réserve et de son ironie habituelles pour accompagner avec amour enfants et petits-enfants dans son départ, qui l’accompagnera, elle, vers les prairies éternelles ?
Demeure la question décisive du scénario. Les deux films issus de la saga ont exploré deux possibilités contrastées. Le premier script racontait une histoire avec panache : la venue du couple royal. Mais il a déplu aux fans en privilégiant quelques parcours et en négligeant d’autres, option-exclusion qui doit être croisée avec la topographie sociale du château. Le second a retenu la leçon et a donc démultiplié les intrigues, réussissant le tour de force, dès la scène inaugurale, d’accorder une place aux vingt-quatre principaux personnages (non aficionados assurés de céphalées !). Mais, nécessairement, ce que la trame gagne en surface, elle le perd en profondeur. Il y va de la physique la plus élémentaire ! Si le récit principal (car il y a en tout de même un !) se saisit en quelques secondes, il ne nous saisit pas. Il se dénoue sans nous offrir la catharsis attendue.
Bien que polairement opposés, les deux scénarios ont-ils épousé et épuisé tous les possibles ? Comment limiter a priori la créativité de Lord Julian Fellowes ? En tout cas, le ratage partiel de ces deux suites me paraît signaler la faillite de ces transitions de la télévision vers le cinéma – transitions qui, avant d’émarger à une vénale logique commerciale, attestent une affectivité archaïque se refusant à faire le deuil de la finitude et transformant la résurrection tant espérée en une désespérante réanimation de morts-vivants…
Ce jugement sévère contient pourtant une leçon positive ou du moins éclairante pour le septième art. La série télévisée n’est pas un sous-genre du cinéma ni de la télévision, mais un genre à part entière dont les deux critères (minimaux) sont les suivants : la longue durée (qui n’est pas un plat étirement) versus le bref format filmique (qui n’est pas voué à être pressé-empressé) ; la complexité plurielle des intrigues entrelacées (qui n’est pas l’éclatement disséminé), versus la simplicité scénaristique (qui n’est pas simplisme).
Pascal Ide
1928, un an après l’intrigue narrée dans le premier film (Downton Abbey 1 en quelque sorte). La famille Crawley s’apprête à célébrer deux mariages à Downton Abbey, dont celui de Tom Branson (Allen Leech) avec sa fiancée Lucy Smith (Tuppence Middleton). La nécessité urgente de refaire le toit et donc de dépenser des sommes considérables obligent Lord Robert Crawley (Hugh Bonneville) et Lady Cora (Elizabeth McGovern) à accepter qu’un réalisateur hollywoodien de renom, Jack Barber (Hugh Dancy), vienne filmer dans l’antique château un long-métrage muet avec deux acteurs célèbres, Guy Dexter (Dominic West), dont le majordome Thomas Barrow (Rob James-Collier) ne tarde pas à s’éprendre, et Myrna Dagleish (Laura Haddock), dont le caractère méprisant ne tarde pas à lui mettre tout le monde à dos.
En parallèle, les Crawley apprennent que Lady Violet (Maggie Smith) vient d’hériter d’une villa située dans le sud de la France. La comtesse douairière de Grantham enjoint alors les membres de sa famille à se rendre sur la Côte d’Azur en quête de son « mystérieux passé » ; ils y sont accueillis très froidement par Madame de Montmirail (Nathalie Baye) dont feu l’époux s’avère avoir été fort proche de Violet in illo tempore… La révélation d’un lointain secret pourrait-elle ébranler non seulement les personnes, mais Downton Abbey ?