Downton Abbey, film historique britannique de Michael Engler, 2019. Adapté de la série télévisée éponyme réalisée par Julian Fellowes qui, ici, la scénarise, 2010-2015. Avec Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jim Carter, Penelope Wilton, etc., etc.
Thèmes
Fond et forme, Série télévisée et film.
Ainsi qu’on le sait, l’excellence des ingrédients ne garantit pas celle du plat cuisiné…
Incontestablement, nous retrouvons tous les ingrédients qui ont fait le succès et l’émotion des 6 saisons et des 52 épisodes de cette saga justement encensée : de la musique envoûtante jusqu’au décor somptueux (ah, le magnifique domaine de Highclere Castle !), du souci de coller au plus près aux événements historiques jusqu’à la préoccupation encore plus grande et tellement anglaise de témoigner du pérenne, d’une société encore extrêmement hiérarchique (jusqu’à affirmer que « Dieu est monarchiste » !) aux soubresauts républicains, des conflits inévitables (surtout internes à chaque étage soigneusement délimité) aux résolutions très désirables, des problèmes horizontaux d’épousailles aux tensions verticales d’héritage, des apparences indifférentes à la réalité aimante (belle scène, pour moi la plus réussie, entre Lady Violet et Lady Mary où elles se disent, enfin, surtout Lady Mary, leur immense tendresse mutuelle), etc.
Toutefois, il me semble que quelque chose du charme, plus, de la magie, de la série manque au rendez-vous cinématographique. Passons la concession si insistante et si complaisante au plaidoyer homosexuel doublé d’images que la série a toujours prohibées. L’on relèvera, par exemple, le peu de consistance donnée aux rôles du personnage pourtant central de Lord Grantham, auquel fait écho l’évanescence d’un couple royal – tout l’intérêt semblant se reporter sur l’étage des domestiques qui, eux aussi, se dédoublent par l’attitude insupportablement méprisante de la royale valetaille.
L’on soulignera encore davantage la carence d’une histoire digne de ce nom, c’est-à-dire d’une mise en intrigue véritablement dramatique : la venue du couple royal est inattendue (donc sans passé), mais aussi intraçable (donc sans avenir). Les scénaristes de la série télévisée étaient autrement audacieux qui osaient mettre en péril la vie des protagonistes principaux. À faibles enjeux, faibles intérêts.
Mais, en définitive, n’est-ce pas plus encore la forme que le fond qu’il faut incriminer ? Seul le format longue durée d’une saison bien enlevée permet de nouer plusieurs intrigues avec densité, de les développer avec netteté et de les résoudre avec intensité. Même le si successfull Avengers: Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019), qui d’ailleurs dure trois heures, n’a pu nous tenir en haleine en tressant plusieurs trames, qu’en les ayant déjà préparées dans les épisodes précédents.
Et si les producteurs tiraient les leçons qui ne sont, certes, pas commerciales ? En art, plus qu’en toute autre discipline, le fond surgit de la forme et ne saurait donc lui être dissocié. Série télé et film cinéma sont deux genres esthétiques possédant leurs lois propres.
Pascal Ide
1927 (après la fin de la dernière saison de la série). Depuis le mariage d’Edith Crawley (Laura Carmichael), devenue marquise d’Hexham, bien des choses ont changé à Downton Abbey. Alors que Lord Robert Crawley (Hugh Bonneville), comte de Grantham et Lady Cora (Elizabeth McGovern), son épouse, ont dû réduire le nombre des domestiques et que Lady Mary Josephine Talbot (née Crawley), leur fille aînée, se demande s’il est possible de conserver château, domaine et train de vie, l’on apprend l’arrivée du roi George V (Simon Jones) et de la reine Mary (Geraldine James). Avec mépris et autoritarisme, le Grand Chambellan du roi vient avec ses propres domestiques de Buckingham Palace et son grand Chef cuisinier, M. Courbet (Philippe Spall), comptant bien supplanter ceux de Downton Abbey.
C’est sans compter sur leur fierté et leur inventivité. Avec l’aide de la cuisinière Beryl Patmore (Lesley Nicol), Anna Bates (Joanne Froggatt), la femme de chambre de Lady Mary, décide de se rebeller. Face aux limites évidentes de Thomas Barrow (Rob James-Collier) débordé par la préparation, l’actuel majordome, Lady Mary fait appel à Charles « Charlie » Carson (Jim Carter), l’ancien majordome. Lady Violet Crawley (Maggie Smith), comtesse douairière de Grantham, quant à elle, tente de sauver un héritage au profit de son fils, Lord Grantham. De son côté, Tom Branson (Allen Leech) retrouve enfin l’amour après toutes ces années de veuvage, empêche un divorce royal, et, bien que républicain, sauve la vie du roi d’un dangereux fanatique irlandais, le capitaine Chetwode (Stephen Campbell Moore).