Cruella
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Pays:
Américain
Thème (s):
Déterminisme, Vengeance
Date de sortie:
23 juin 2021
Durée:
2 heures 14 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Craig Gillespie
Acteurs:
Emma Stone, Emma Thompson, Joel Fry
Age minimum:
Adolescents et adultes

Cruella, drame américain de Craig Gillespie, 2021. Inspiré par le personnage de Cruella d’Enfer, du dessin animé Les 101 Dalmatiens (Walt Disney, 1961), lui-même inspiré par le roman éponyme de Dodie Smith, 1956. Avec Emma Stone et Emma Thompson.

Thèmes

Vengeance, déterminisme.

Ce qui rend jouissives les préquelles est leur capacité à rendre compte de la continuité entre les traits si singuliers du présent et l’histoire passée. La joie du spectateur est de repérer les multiples traces qui, comme autant d’indices, sont semées par le cinéaste – la quantité devenant le critère de la réussite. Mais la joie du scénariste, elle, est de doser la part de contingent et de déterminé dans le surgissement des traits du héros, le plus superficiel devenant le plus événementiel et le plus profond, le plus traumatisé – la qualité devenant alors le critère du bon résultat. Par exemple, dans Batman begins (le premier épisode de la trilogie de Christopher Nolan, 2005), le choix du symbole identitaire surgit de l’épisode inaugural où le tout jeune Bruce Wayne est abandonné dans une grotte rempli de chauve-souris…

Bien évidemment, Cruella multiplie les références au personnage éponyme, des plus extérieures – les personnes (ses complices ébréchés, Horace et Jasper) ou les choses (comme la Panther De Ville qui lui sert de berline de luxe) – aux plus intérieures – physiques (la dichromie capillaire), psychiques (la révoltée solitaire), éthiques (l’aversion meurtrière contre les damaltiens) et même anthropologiques (le changement de nom qui vaut changement d’identité).

 

Mais la grande tentation, en racontant la généalogie d’un bad guy ou d’une bad girl, c’est, au mieux d’expliquer le mal, en le réduisant à ses conditionnements psychologiques et sociologiques – ce fut le dessein et le destin de Joker (Todd Phillips, 2019) –, au pire, de l’excuser et le rendre sympathique. Malheureusement, Cruella n’échappe ni à l’un ni à l’autre. Certes, Estella a quelques prédispositions au narcissisme, mode vengeur, ainsi que l’attestent ses débuts scolaires. Mais elle sera largement, voire totalement excusée par les deux traumatismes initiaux de la mort de la mère-modèle tant aimée, et de la culpabilité écrasante de s’en croire responsable. Ainsi déchargée, l’orpheline – et le spectateur avec elle – voit la cause du mal migrer vers la figure maléfique qui va désormais condenser toute son animosité : la baronne devient ainsi le maître-étalon de la malice et de la perversion. La baronne habillée en Prada qui, au départ, suscitait l’admiration sans l’amour, s’avère à l’arrivée un diable qui n’éveille plus que l’aversion et le désir de l’élimination.

En bipolarisant ainsi les figures de la sympathie et de l’antipathie, l’intrigue n’a plus d’autre solution que de réduire Cruella à un mélange de vengeance compulsive et d’enfance rebelle. Nous aboutissons ainsi à la scène clé du film où Estella se métamorphose en Cruella, dans une confession victimaire – qui est, en réalité, une profession fataliste de foi déterministe : « Je ne suis pas la gentille Estella. Malgré tous mes efforts. Et je ne l’ai jamais été. Ni gentille, ni méchante, et un petit peu folle. J’ai une foule de choses à venger et à détruire ».

 

Avant d’être la punition subie d’une faute voulue, l’enfer est l’enfer-mement d’une cruella qui s’est mensongèrement crue innocente.

Pascal Ide

Estella Miller (Emma Stone) est une enfant créative, particulièrement dans la mode. Néanmoins, la jeune fille a une part rebelle que sa mère, Catherine (Emily Beecham), surnomme Cruella. Cette nature conduit Catherine à retirer sa fille de l’école et déménager à Londres. Sur le chemin, elle s’arrête à une fête organisée dans un manoir afin de demander une aide financière à la propriétaire des lieux. Néanmoins, les négociations ne se passent pas comme prévu et Catherine est poussée d’une falaise par les dalmatiens de la propriétaire sous les yeux horrifiés d’Estella. La petite fille se sent alors responsable de sa mort car elle était elle-même poursuivie par les chiens et les a conduits dans la direction de sa mère. Désormais orpheline, Estella se rend seule à Londres et se lie d’amitié avec deux voleurs qui sont aussi deux frères, Jasper (Joel Fry) et Horace Badun (Paul Walter Hauser).

Nous la retrouvons dix ans plus tard, Estella, Jasper et Horace formant désormais un trio de voleurs. Elle continue à créer elle-même leurs différents déguisements. Pour son anniversaire, Jasper lui obtient un emploi de femme de ménage au grand magasin Liberty, dirigée par la baronne von Hellman (Emma Thompson). Ce travail peut lui servir de tremplin pour percer dans la mode. Néanmoins, ses suggestions sont complètement ignorées par son responsable. Un soir, alors qu’elle est ivre, elle recompose la vitrine du magasin et se fait renvoyer. Mais la baronne la remarque. Engagée par l’impitoyable et célèbre créatrice de haute couture, elle arrive rapidement à gagner sa confiance.

Or, un jour, Estella remarque que la baronne von Hellman porte un collier qui appartenait à sa mère et qu’elle avait perdu au manoir le soir de sa mort. Plus tard, elle découvre qu’elle utilise un sifflet pour demander à ses chiens d’attaquer, sifflet qu’elle a entendu le soir où Catherine est morte. Plus aucun doute n’est permis : sa patronne et l’assassin de sa mère ne sont qu’une seule et même personne. Comment récupérer ce collier qui lui appartient ? Comment, plus encore, se venger ?

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