Comme un chef, comédie française de Daniel Cohen, 2012. Avec Michaël Youn, Jean Reno, Raphaëlle Agogué.
Thèmes
Changement, cuisine.
Comédie légère et sans prétention, Comme un chef invite à méditer sur le juste changement.
La tentation était d’opposer ingénument et dialectiquement la bonne cuisine traditionnelle qui, dépouillée de ses moyens, serait la victime autant d’une stressante course aux étoiles que d’actionnaires vénaux et sans scrupule, à la cuisine nouvelle, type cuisine moléculaire, qui finit par sublimer les goûts en virtualisant les aliments.
Le film résiste à la tentation en nommant le péril opposé à ce modernisme détraditionnalisé : le conservatisme momifié. Et de même que la première est concrétisée par le personnage plus jeune de Stanislas, de même la seconde est incarnée par celui plus mûr d’Alexandre. Non sans une asymétrie. Si l’héraclitéen Matter n’évite pas la caricature, le parménidien Lagarde, lui, bénéficie d’un traitement plus nuancé et moins déterministe : sa créativité a disparu en même temps que l’amour de sa vie, comme si la mort du lien avait engendré celle du bien, de ce grand bien si précieux et si fragile qu’est l’imagination.
Dans cette recherche d’une médiété non réactive entre herméneutique révolutionnaire de la rupture et herméneutique fixiste du conservatisme, l’histoire trouve une douceur qui se répercute jusque dans la manière non vindicative de traiter le « méchant » : son châtiment le plus sévère se réduira à donner sa voiture. Et dans la manière de mettre en scène le couple : si Jacky le bien nommé consent enfin à placer la vérité et le souci de sa famille au-dessus de son travail, c’est Béatrice qui, en retour, le pousse à aller jusqu’au bout de ses désirs et de ses talents.
Pascal Ide
Jacky Bonnot (Michaël Youn), 32 ans, fiancée de Béatrice (Raphaëlle Agogué), est un amateur très talentueux de grande cuisine, qui rêve de travailler dans un grand restaurant. La situation financière de son couple le contraint d’accepter des petits boulots de cuistot que, faute de conviction culinaire, il n’arrive pas à conserver. Jusqu’au jour où il croise le chemin d’Alexandre Lagarde (Jean Reno), grand chef étoilé du Cargo-Lagarde dont la situation confortable est mise en danger par le groupe financier propriétaire de ses restaurants, à la tête duquel se trouve Stanislas Matter (Julien Boisselier), un actionnaire majoritaire véreux.